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21/06/2016

Sensation

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Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l’herbe menue :
Rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.

Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :
Mais l’amour infini me montera dans l’âme,
Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature, – heureux comme avec une femme.

Arthur Rimbaud, Poésies

15/06/2016

La paix par mon Bien-Aimé

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Par une nuit profonde,
Etant pleine d'angoisse et enflammée d'amour,
Oh ! l'heureux sort !
Je suis sortie sans être vue
Tandis que ma demeure était déjà en paix.

J'étais dans les ténèbres et en sûreté,
Quand je sortis déguisée par l'escalier secret,
Oh ! l'heureux sort !
J'étais dans les ténèbres et en cachette,
Tandis que ma demeure était en paix.

Dans cette heureuse nuit
Je me tenais dans le secret ; nul ne me voyait.
Et je n'apercevais rien
Pour me guider que la lumière
Qui brûlait dans mon coeur.

Elle me guidait plus sûrement
Que la lumière du midi
Au but où m'attendait
Celui que j'aimais
Là où nul autre ne le voyait.

O nuit qui m'avait guidée !
O nuit plus aimable que l'aurore !
O nuit qui avez uni
L'Aimé avec sa Bien-Aimée
Qui a été transformée en Lui !

Sur mon sein orné de fleurs
Que je gardais tout entier pour lui seul,
Il resta endormi
Et moi je le caressais,
D'un éventail de cèdre je le rafraîchissais.

Quand le souffle provenant du fort
Soulevait déjà sa chevelure
De sa douce main
Posée sur mon cou il me blessait
Et tous mes sens furent suspendus.

Je restai là et m'oubliai
Le visage penché sur le Bien-Aimé.
Tout cessa pour moi, et je m'abandonnai à lui
Je lui confiai tous mes soucis
Et m'oubliai au milieu des lis.

Saint Jean de la Croix

14/05/2016

Croyez en l'extase

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Croyez en l'extase des nuages
qui traversent les grands horizons,
au petit vent du soir,
au cœur de l'été chaud.

Croyez en la douceur
d'une amitié,
d'un amour,
à la main qui serre votre main.

Car demain,
mais n'y pensez pas,
demain éclateront peut-être les nuages
et l'orage emportera vos amours.

Tenez-vous serrés,
ne vous endormez pas sur un reproche non formulé,
endormez-vous réconciliés.
Vivez le peu que vous vivez dans la clarté.

Julos Beaucarne

00:01 Publié dans Poèmes | Lien permanent | Commentaires (1)

13/05/2016

Où donc est le bonheur?

bonheur.png

Où donc est le bonheur ? disais-je. - Infortuné !
Le bonheur, ô mon Dieu, vous me l'avez donné.

Naître, et ne pas savoir que l'enfance éphémère,
Ruisseau de lait qui fuit sans une goutte amère,
Est l'âge du bonheur, et le plus beau moment
Que l'homme, ombre qui passe, ait sous le firmament !

Plus tard, aimer, - garder dans son cœur de jeune homme
Un nom mystérieux que jamais on ne nomme,
Glisser un mot furtif dans une tendre main,
Aspirer aux douceurs d'un ineffable hymen,
Envier l'eau qui fuit, le nuage qui vole,
Sentir son coeur se fondre au son d'une parole,
Connaître un pas qu'on aime et que jaloux on suit,
Rêver le jour, brûler et se tordre la nuit,
Pleurer surtout cet âge où sommeillent les âmes,
Toujours souffrir ; parmi tous les regards de femmes,
Tous les buissons d'avril, les feux du ciel vermeil,
Ne chercher qu'un regard, qu'une fleur, qu'un soleil !

Puis effeuiller en hâte et d'une main jalouse
Les boutons d'orangers sur le front de l'épouse ;
Tout sentir, être heureux, et pourtant, insensé !
Se tourner presque en pleurs vers le malheur passé ;
Voir aux feux de midi, sans espoir qu'il renaisse,
Se faner son printemps, son matin, sa jeunesse,
Perdre l'illusion, l'espérance, et sentir
Qu'on vieillit au fardeau croissant du repentir,
Effacer de son front des taches et des rides ;
S'éprendre d'art, de vers, de voyages arides,
de cieux lointains, de mers où s'égarent nos pas ;
Redemander cet âge où l'on ne dormait pas ;
Se dire qu'on était bien malheureux, bien triste,
Bien fou, que maintenant on respire, on existe,
Et, plus vieux de dix ans, s'enfermer tout un jour
Pour relire avec pleurs quelques lettres d'amour !

Vieillir enfin, vieillir ! comme des fleurs fanées
Voir blanchir nos cheveux et tomber nos années,
Rappeler notre enfance et nos beaux jours flétris,
Boire le reste amer de ces parfums aigris,
Etre sage, et railler l'amant et le poète,
Et, lorsque nous touchons à la tombe muette,
Suivre en les rappelant d'un oeil mouillé de pleurs
Nos enfants qui déjà sont tournés vers les leurs !

Ainsi l'homme, ô mon Dieu ! marche toujours plus sombre
Du berceau qui rayonne au sépulcre plein d'ombre.
C'est donc avoir vécu ! c'est donc avoir été !
Dans la joie et l'amour et la félicité
C'est avoir eu sa part ! et se plaindre est folie.
Voilà de quel nectar la coupe est remplie !

Hélas ! naître pour vivre en désirant la mort !
Grandir en regrettant l'enfance où le coeur dort,
Vieillir en regrettant la jeunesse ravie,
Mourir en regrettant la vieillesse et la vie !

Où donc est le bonheur, disais-je ? - Infortuné !
Le bonheur, ô mon Dieu, vous me l'avez donné !

Victor Hugo, Les Feuilles d'Automne, XVIII

07/05/2016

Un amour m'attend

Un grand Amour m’attend...

Ce qui se passera de l’autre côté,
quand tout pour moi aura basculé dans l’éternité,
je ne le sais pas.
Je crois.
Je crois seulement qu’un grand Amour m’attend.
Maintenant que mon heure est proche,
que la croix m’indique
le seuil à franchir,
alors ce que je crois,
c’est que c’est vers cet Amour que je marche en m’en allant.
C’est dans son Amour que je tends les bras.
C’est dans la Vie que je descends doucement.
Quand je mourrai, ne pleurez pas.
C’est un Amour qui me prend
paisiblement.
Si j’ai peur... et pourquoi pas ?
Rappelez-moi simplement qu’un Amour,
un Amour m’attend.
Oui, Père du Ciel,
voici que je viens vers vous comme un enfant.
Je viens me jeter dans votre Amour...
votre Amour qui m’attend.

SAINT JEAN DE LA CROIX

A Raymond       TP

28/04/2016

L'espérance

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Au milieu d'une Création qui crie sa souffrance
L'Espérance se faufile sans bruit
Elle est bien là, au carrefour de nos errances
Quand elle vient dissiper nos nuits

Au milieu d'un monde qui ne sait plus voir le ciel
L'Espérance chante son hymne
Il suffit que nos regards se tournent vers elle
Pour que soient chassées nos abîmes

L'Espérance se sème à tout vent
Et devient le germe d'une vie plus belle
Elle raffermit les cœurs en leur donnant
Une énergie nouvelle

Au milieu d'un quotidien
Souvent envahi par le doute ou le chagrin
L'Espérance vient rallumer la flamme
Et sécher toutes les larmes

L'Espérance est la Lumière
Qui donne un sens à notre vie
Et les cœurs qu'elle éclaire
Retrouvent paix et harmonie

Françoise Saillen

00:00 Publié dans Poèmes | Lien permanent | Commentaires (1)