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17/12/2015

Simple et beau

simpleetbeau.jpg

Je crois en la bonté humaine,
comme je crois au printemps
quand je vois fleurir les chatons de saule.

Je crois en l'être humain.
Je crois en l'homme, en la femme simple.
Je crois en ces hommes et ces femmes
qui vivent et qui rient,
qui se réjouissent de petites choses,
qui disent oui au soleil levant
et à  tout ce qui germe de la terre,
dans les bons jours comme dans les mauvais jours.
Leur nom n'est jamais écrit dans le journal.
Ils ne montrent pas le poing.
Ils aiment les gens.

Les personnes simples sont des êtres formidables.
Sans faire de bruit elles font circuler
dans le monde un courant d'amour.
Elles sont des oasis dans notre désert.
Elles sont des étoiles dans notre nuit.
Elles sont les seuls poumons
qui permettent encore à notre monde de respirer.

Phil Bosmans

16/12/2015

J'attends

aurore.jpg

 

J'attends, dit l'empereur Auguste,
le résultat du recensement.
J'ai hâte de savoir le nombre de mes sujets.

J'attends, dit Joseph,
de trouver un logement
pour ma famille qui va s'agrandir.

J'attends, dit Marie,
avec un peu d'angoisse, mais beaucoup d'espoir,
de mettre au monde le Roi du monde.

J'attends, dit le berger,
de voir l'Agneau de Dieu et d'en parler aux autres.

J'attends, dit le mouton,
de connaître ce fameux berger que Dieu envoie
pour les hommes.

J'attends, dit l'Ange,
de chanter à Dieu : ''Gloire !''
et d'annoncer aux hommes : ''Bonne Nouvelle !''

J'attends, dit Jésus,
de voir se rassembler en une seule famille
l'empereur et le berger,
l'homme et la femme,
l'ange et la bête :

Dieu les attend !

Père Pascal Daniel 

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12/12/2015

Vitrail et tamis

Article paru dans le numéro de décembre de la revue Paix et Joie de la Société des Prêtres de St François de Sales:

Pourquoi j’écris ? Je n’en sais rien. C’est comme ça.

Ecrire, c’est accrocher aux initiales fleuries des saisons
la remorque des jours, les chapitres de son Histoire.
Ecrire, c’est vouloir retrouver dans le miroir des années
le visage inconnu de l’enfant qu’on était.
Ecrire, c’est rêver à l’aune de ses révolutions
l’idée mûre qui dressera le château de nos trésors enfouis.
Ecrire, c’est puiser dans le sang de ses blessures
la médecine de ses résurrections
(inédit)

ecrire.jpgJ’ai conscience d’avoir reçu un don. Et tous les jours je remercie Dieu, le créateur, tout à la fois poète et potier. Il paraît que c’est le même mot dans la Bible.

Potier ou poète, peu importe, dans ton langage tu es les deux.
Tu as façonné le monde avec tes mains, avec tes mots aussi (…)
(inédit)

Voilà pourquoi devant Dieu, je ne peux qu’être humble, moi tiré de l’humus et partageant ma vie avec mes frères de route sur cette terre. Ainsi, je suis sensible à la beauté des choses et des êtres, beauté cachée parfois à l’image de la discrétion de Dieu, sensible aussi à la partie plus sombre de ce monde, persuadé qu’il y a du beau partout car Dieu est partout présent et il nous aime.

Par expérience, j’ai appris que le poète ne regarde pas le monde de l’extérieur, il n’est pas un rêveur solitaire comme on se l’imagine souvent. Au contraire, il est à l’écoute, il a les yeux ouverts. C’est la condition nécessaire pour épouser l’histoire des hommes et pouvoir prononcer une parole au nom de ceux qui cheminent avec lui et qui n’ont pas toujours les mots pour exprimer ce qu’ils vivent. Il est prophète, porte-parole.

Le poète est un vitrail qui filtre la lumière, un tamis qui retient les scories pour ne donner que le meilleur. Un poème n’est réussi que lorsqu’il entre en communication avec son lecteur ou auditeur et qu’il lui délivre une parole qui suggère, transporte et met en route.

Le poète n’écrit pas pour lui mais pour les autres. De ce point de vue, le poète et le prêtre ne font qu’un, un même ministère de la parole les unit.

Ainsi, les événements liés à Charlie Hebdo m’ont inspiré cette réflexion sur l’homme, sa fragilité mais aussi sa capacité de se reprendre :

ô mon frère,
brandis ton crayon !

ce n’est pas une mine de charbon
mais de l’or à foison
un trésor que tu tiens
entre tes mains

tu veux crier ? écris un poème !

bouge-toi
et le vent s’en mêlera

va plus loin que loin
vers la fin sans fin

et si le brouillard est une fumée sans feu
et si derrière un homme
il n’y a jamais qu’un homme

toi tu as
de la puissance rêveuse à vendre
et ce que tu veux c’est la vie
avec la lumière qu’elle procure
(inédit)


La récente actualité des réfugiés m’a aussi inspiré ce long poème :

La guerre roule derrière nous
son feu, son fer,
l’enfer nous poursuit jour et nuit
sans répit jusqu’à la mer. (…)

Nous sommes un peuple sans tanière,
sans gîte et sans couvert ;
pas de refuge pour qui fuit.

Nous n’avons que nos lambeaux de peau
pour nous couvrir les os,
peau huilée de l’exil,
peau iodée de l’exode.

Et devant nous, la mer
comme un tapis de prière,
dernier ourlet du continent
auquel résignés nous tournons le dos. (…)

Nous secouons la poussière,
les fourmis de nos sandales,
les scorpions de nos talons,
avant de prendre le cargo, le bateau, le radeau. (…)

Les yeux sans paupières
et le regard blanc,
un enfant meurt de faim
au sein de sa mère.

Et c’est la colère à voix basse,
colère à la merci de la mer.

Et nous voici meurtris,
fruits mâchés pour pourrir
au vent salé.

Et nous voici livrés
à la gueule de l’inconnu,
happés par la langue des sirènes.

Dieu, que fait-il ?
où est-il dans notre exil ?
Dieu, qui est parole
que dit-il dans notre exode ?

« Fais-nous revenir !
que ton visage s’éclaire
et nous serons sauvés ! »

Mais la nuit verse son encre
et rien ne s’écrit.

S’en remettre à demain
s’il nous donne la main,
si l’espoir allume son phare
aux horizons lointains.
(inédit)

Ces poèmes-cris ressemblent aux psaumes qui sont à mes yeux les plus beaux poèmes de l’humanité criant tour à tour sa joie et sa détresse. Ils sont aussi Parole de Dieu qui ont pris chair en Jésus, nomade sur les chemins de Palestine.
Mais toute la Bible n’est-elle pas le récit de mouvements de populations ; de errants et de pèlerins sur toutes sortes de chemins ; d’hommes, de femmes et d’enfants qui ont soif d’amour, de liberté, de Dieu ?

Nous sommes tous de ces errants
voulant toucher du doigt
les portes du mystère

Mais las de nos pèlerinages
nous laissons tomber nos genoux
sur le sable de nos déserts

Et nous nous reposons dans le silence
en écoutant battre le pouls
du Levant qui s’avance vers nous

(Après toi languit ma chair – 1992)

Pour conclure ou plutôt pour ouvrir sur la prière, car le poème peut se faire parfois prière, voici une courte méditation sur l’homme qui se reçoit de Dieu et sur la joie de Dieu qui créé l’homme par sa Parole. Poème d’inspiration salésienne. (IVD 1ère méditation)

A tout moment

Tu me prononces
et je suis
Tu me regardes
et je souris

Et me voici
rose entre tes mains
tirée
du vrai rien

Je ne suis pas grand-chose
mais tu te souviens de moi

Ô Dieu
est-il pour toi
plus beau cadeau
que cette éclosion ?

(Les jours sans bagages – 2004)

TP

17/11/2015

Agnus Dei

Agnus Dei

ad.jpg


L’agneau cherche l’amère bruyère,
C’est le sel et non le sucre qu’il préfère,
Son pas fait le bruit d’une averse sur la poussière.

Quand il veut un but, rien ne l’arrête,
Brusque, il fonce avec de grands coups de sa tête,
Puis il bêle vers sa mère accourue inquiète…

Agneau de Dieu, qui sauves les hommes,
Agneau de Dieu, qui nous comptes et nous nommes,
Agneau de Dieu, vois, prends pitié de ce que nous sommes.

Donne-nous la paix et non la guerre,
Ô l’agneau terrible en ta juste colère.
Ô toi, seul Agneau, Dieu le seul fils de Dieu le Père.

Paul Verlaine, Liturgies intimes

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13/11/2015

Symphonie déjouée

po.jpg

Romantique, fantastique, pathétique,
elle s’avance, imposante, impressionnante,
fleuve immense qui déborde.

Elle charrie ses arbres morts, ses herbes folles, ses cailloux dangereux.
Elle est aussi bateau fou fanfaron, vaisseau fantôme,
dans la brume qui s’allume puis s’évapore.

Tantôt meute de chiens ou horde de loups,
troupeau de brebis ou chevauchée de licornes,
partout où elle passe la rue meurt.

Les cuivres ruissellent d’or et d’aurores,
rutilantes carrosseries, épées de lumière.

Les flûtes sirotent le champagne
et chavirent dans les bras des hautbois.

Les cordes caressées frémissent,
les cordes pincées faiblissent
et de leurs pizzicati s’envolent des confettis
qui éclatent comme pétards de fleurs
en dégageant parfois de doux parfums vénéneux.

Les claviers, choyés sous des mains enchanteresses,
égrainent pianissimo des notes satinées,
mais d’autres, frappés par des mains de maître,
fortissimo rougissent, rugissent, s’embrasent,
forgent des enfers.

Les salves électriques des guitares
regorgent leurs cris et crachent dans nos oreilles
toute la surdité et l’absurdité
des maîtres du monde, des maîtres chanteurs.

Tambour battant, tambour battu.
Partition sans papier.
Prova d’orchestra.

 

TP

 

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05/11/2015

Tous saints?

 

au volant.jpg

Je suis dans ma voiture
et je n’ai pas fière allure.
A l’horizon ,
le long de l’ancienne voie ferrée,
je vois de grands arbres noirs.
Ils ressemblent à des pénitents
têtes inclinées, bras baissés,
fatigués, désabusés.

Lentement, tristement,
en procession, à reculons presque,
on a chanté le paradis des bienheureux.
A-t-on vraiment l’envie d’y aller ?

Et si le ciel était vide ?


Je suis dans ma voiture
et je n’ai pas fière allure.
Je suis derrière des vélos
qui s’entrainent pour la course.
C’est la folie des hommes
de vouloir toujours être en tête d’un peloton.

Les infos signalent une marche blanche
pour une adolescente
qui a croisé le chemin
de chauffards assassins.
« Plus jamais ça ! » sur des banderoles
parce que les gorges sont trop serrées
pour crier.

Et si le ciel était vide ?


Je suis dans ma voiture
et je n’ai pas fière allure.
Un tracteur me cache la route.
Ses grosses roues lâchent de la boue.
Que fait-il un premier novembre à midi ?

Dans un village de Gironde
la vie s’est arrêtée
depuis que des retraités ont brûlé vif
dans le car enflammé
de leur dernier voyage.

Et si le ciel était vide ?


Je suis dans ma voiture
et je n’ai pas fière allure,
bloqué par des travaux,
je ne peux plus avancer.
Je fixe le feu rouge et je vois :

Un cortège de moines
disparaître dans les neiges de l’Atlas…
des files de migrants frapper aux portes
de notre soi-disant paradis…

Dans nos églises,
on chante de beaux cantiques,
mais dehors
la musique n’est pas toujours aussi belle.

La foule de l’Apocalypse continue son chemin
toujours lavée dans l’épreuve du sang.

Et si le ciel était vide ?


Je suis de cette humanité migrante
avec au cœur la brûlante attente
de paysages meilleurs

Et si le ciel était vide ?
vide de tous ces gros nuages
qui assombrissent nos visages ?
dégagé de tous les oiseaux
de mauvaise augure ?
qui gémissent, qui ricanent, qui…

Le monde est-il en panne de sens ?

«Je suis le chemin, la vérité et la vie »,
dit Jésus,
mais ça ne suffit pas toujours
pour nous laver de tout l’or rouillé
d’un monde à l’envers
et des mélancolies passagères.

TP