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20/07/2015

Soirée romantique

fossey.jpgLe théâtre municipal est plein et très silencieux pour une belle soirée romantique sur "L'eau et les rêves": des poèmes proclamés par Brigitte Fossey, éblouissante dans son complet blanc écru avec sur une épaule une longue écharpe rouge. Que de plaisir à écouter par cette actrice professionnelle quelques morceaux d'anthologie de Gaston Bachelard, Homère, Victor Hugo, Lamartine, Verlaine, Musset... et Jacques Prévert au rappel. Mais aussi écouter sortir des doigts de son pianiste accompagnateur, Gérard Gasparian, des morceaux de Chopin, Schubert, Liszt, Ravel, Debussy... Plus d'une heure d'enchantement au cœur de cet été... De la poésie et de la musique comme il nous en manque trop souvent. Merci à vous, les artistes.  TP

L'eau et les rêves

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14/07/2015

Sensation

promenade-d-été-16245549.jpg

Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l'herbe menue :
Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.

Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :
Mais l'amour infini me montera dans l'âme,
Et j'irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature, - heureux comme avec une femme.

 

A. Rimbaud

18:00 Publié dans Poèmes | Lien permanent | Commentaires (0)

03/07/2015

En sortant de l'école


Train.jpg

 

En sortant de l'école
nous avons rencontré
un grand chemin de fer
qui nous a emmenés
tout autour de la terre
dans un wagon doré

Tout autour de la terre
nous avons rencontré
la mer qui se promenait
avec tous ses coquillages
ses îles parfumées
et puis ses beaux naufrages
et ses saumons fumés

Au-dessus de la mer
nous avons rencontré
la lune et les étoiles
sur un bateau à voiles
partant pour le Japon
et les trois mousquetaires
des cinq doigts de la main
tournant ma manivelle
d'un petit sous-marin
plongeant au fond des mers
pour chercher des oursins


Revenant sur la terre
nous avons rencontré
sur la voie de chemin de fer
une maison qui fuyait
fuyait tout autour de la Terre
fuyait tout autour de la mer

fuyait devant l'hiver
qui voulait l'attraper

Mais nous sur notre chemin de fer
on s'est mis à rouler
rouler derrière l'hiver
et on l'a écrasé
et la maison s'est arrêtée
et le printemps nous a salués

C'était lui le garde-barrière
et il nous a bien remerciés
et toutes les fleurs de toute la terre
soudain se sont mises à pousser
pousser à tort et à travers
sur la voie du chemin de fer
qui ne voulait plus avancer
de peur de les abîmer

Alors on est revenu à pied
à pied tout autour de la terre
à pied tout autour de la mer
tout autour du soleil
de la lune et des étoiles
A pied à cheval en voiture
et en bateau à voiles.

 

Jacques Prevert

08:00 Publié dans Poèmes | Lien permanent | Commentaires (0)

02/07/2015

Liberté

 

liberté.png

 

Sur mes cahiers d’écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable de neige
J’écris ton nom

Sur toutes les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J’écris ton nom

Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J’écris ton nom

Sur la jungle et le désert
Sur les nids sur les genêts
Sur l’écho de mon enfance
J’écris ton nom

Sur les merveilles des nuits
Sur le pain blanc des journées
Sur les saisons fiancées
J’écris ton nom

Sur tous mes chiffons d’azur
Sur l’étang soleil moisi
Sur le lac lune vivante
J’écris ton nom

Sur les champs sur l’horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J’écris ton nom

Sur chaque bouffées d’aurore
Sur la mer sur les bateaux
Sur la montagne démente
J’écris ton nom

Sur la mousse des nuages
Sur les sueurs de l’orage
Sur la pluie épaisse et fade
J’écris ton nom

Sur les formes scintillantes
Sur les cloches des couleurs
Sur la vérité physique
J’écris ton nom

Sur les sentiers éveillés
Sur les routes déployées
Sur les places qui débordent
J’écris ton nom

Sur la lampe qui s’allume
Sur la lampe qui s’éteint
Sur mes raisons réunies
J’écris ton nom

Sur le fruit coupé en deux
Du miroir et de ma chambre
Sur mon lit coquille vide
J’écris ton nom

Sur mon chien gourmand et tendre
Sur ses oreilles dressées
Sur sa patte maladroite
J’écris ton nom

Sur le tremplin de ma porte
Sur les objets familiers
Sur le flot du feu béni
J’écris ton nom

Sur toute chair accordée
Sur le front de mes amis
Sur chaque main qui se tend
J’écris ton nom

Sur la vitre des surprises
Sur les lèvres attendries
Bien au-dessus du silence
J’écris ton nom

Sur mes refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J’écris ton nom

Sur l’absence sans désir
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J’écris ton nom

Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l’espoir sans souvenir
J’écris ton nom

Et par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer

Liberté

 

Paul Eluard, Poésies et vérités, 1942

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29/06/2015

Mirage

une-femme-volante.jpgJe descends de la voiture, je me dirige vers La Poste pour déposer une lettre dans la boite quand tout à coup je la vois, là, au distributeur de billets.

Toute en blanc des pieds à la tête, son voile flottant légèrement dans le vent. Il est midi. Le soleil est blanc lui aussi, réfléchissant sur les vêtements de la belle une lumière éclatante. J’ai oublié mes lunettes de soleil. Les yeux me brûlent.

Elle pianote sur le clavier, ses doigts sont agiles, je crois entendre une musique cristalline. Est-ce une française, une sarrasine ? une chanteuse d’opéra ou une mariée échappée de sa noce ?

Soudain, la Poste disparaît, mais l’inconnue est toujours là, dans la même position, au milieu d’un désert de sable brûlant.  Est-elle à dos de cheval ou de chameau ? difficile à dire, mais ses doigts semblent maintenant agiter des rênes imaginaires. Elle trotte ou flotte sur place dans un halo de vapeur troublant. Je deviens toupie vacillante, puis sur un tapis volant je me sens soulever du sol. Je suis comme un drone qui veut vérifier si la belle ingénue n’est pas un mirage. Elle aussi se met à voler. On dirait Pégase avec des ailes de gaze. Et nous dansons parmi les nuages. Hamilton n’est pas là et je n’ai pas mon appareil photo pour capter cet instant d’éternité.

Je me frotte les yeux. Je suis descendu. La Poste est revenue ; la boite à lettres aussi, un peu plus loin.

Devant le distributeur, elle met un à un ses billets dans une petite bourse en or, puis elle disparait comme une tornade blanche, me laissant seul, mes pieds sur le goudron (ce n’est pas de l’imagination), une lettre dans la main que je serre bien et un gros point d’interrogation qui sonne dans ma tête semblable au battant d’une cloche.

TP

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25/06/2015

Traces

fumer-au-volant.png

Un cœur en feu ! stop ! je m’arrête.

Elle s’arrête en double file.

Je baisse la vitre.

Sylvie Vartan. L’amour c’est comme une cigarette. Je reconnais.

Va-t-elle me regarder à défaut de m’entendre ?

Mais non ! Elle fait vrombir son cabriolet pour me narguer.

Feu vert. Là voilà qui démarre en trombe et disparaît dans un nuage de fumée.

Je cale. Abasourdi. Coincé entre deux parenthèses.

Je redémarre doucement.

Machinalement, j’allume l’autoradio. Nostalgie.

Alain Chamfort chante mélancoliquement : Traces de toi.

 

TP