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23/07/2015

Dieu, m'aime-t-il?

tp.jpgIl parle très bas et doucement, près de toi comme au téléphone, comme s’il avait peur d’être entendu, comme si toutes les conversations étaient des secrets que toi seul devais entendre. Il cache souvent ses yeux derrière de larges lunettes sombres, il met des rideaux aux fenêtres de son âme. Il a peur de se laisser toucher par la lumière. Il aime les chansons, le rap, la poésie. Il écrit sur sa peau le livre de sa vie. Il est un enfant qui ne veut pas devenir adulte. Son cœur généreux est un bouquet de fleurs, mais celles-ci se referment quand il les prive de soleil. Une question le taraude, lui brûle l’intérieur : Dieu, m’aime-t-il ? A travers cette question c’est la peur de n’être aimé de personne qui s’exprime, y compris de lui-même. Pourtant il est aimable cet enfant de trente ans qui agite ses ailes pour se défendre et essayer de s’envoler. Quand il chante son âme respire. Quand il fait du sport c’est pour être plus fort face à ses soi-disant adversaires ou ennemis. Il est comme l’élève timide et enfermé dans son mal de vivre à qui le professeur, dans « Le Cercle des Poètes disparus », veut faire pousser son cri de délivrance. N’aie pas peur ! tu as le prénom d’un empereur, Aurélien !    TP

22/07/2015

Un été, un poème

love.jpgUn regard, une rencontre. Un été, un sourire. Un numéro, un mail, une attente, un souvenir. Un appel, une voix, un début, un rencard. Un horaire, un endroit, une venue, un espoir. Une terrasse, un café, un dialogue, un moment. Un soleil, une lumière, un cœur, un battement. Une seconde, une minute, une heure, un plaisir. Un au-revoir, une prochaine, une promesse, un désir. Un après, une durée, une patience, un silence. Un doute, un pourquoi, un regret, une distance. Un retour, une surprise, un déluge, une marée. Une suite, une envie, un projet. Une soirée. Une pleine lune, une virée, un instant, une pulsion. Un frôlement, un baiser, une magie. Un frisson. Un accord, un avenir, une force, une destinée. Une étoile, un poème, et un verbe : aimer.

Grand Corps Malade

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20/07/2015

Soirée romantique

fossey.jpgLe théâtre municipal est plein et très silencieux pour une belle soirée romantique sur "L'eau et les rêves": des poèmes proclamés par Brigitte Fossey, éblouissante dans son complet blanc écru avec sur une épaule une longue écharpe rouge. Que de plaisir à écouter par cette actrice professionnelle quelques morceaux d'anthologie de Gaston Bachelard, Homère, Victor Hugo, Lamartine, Verlaine, Musset... et Jacques Prévert au rappel. Mais aussi écouter sortir des doigts de son pianiste accompagnateur, Gérard Gasparian, des morceaux de Chopin, Schubert, Liszt, Ravel, Debussy... Plus d'une heure d'enchantement au cœur de cet été... De la poésie et de la musique comme il nous en manque trop souvent. Merci à vous, les artistes.  TP

L'eau et les rêves

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14/07/2015

Sensation

promenade-d-été-16245549.jpg

Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l'herbe menue :
Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.

Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :
Mais l'amour infini me montera dans l'âme,
Et j'irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature, - heureux comme avec une femme.

 

A. Rimbaud

18:00 Publié dans Poèmes | Lien permanent | Commentaires (0)

03/07/2015

En sortant de l'école


Train.jpg

 

En sortant de l'école
nous avons rencontré
un grand chemin de fer
qui nous a emmenés
tout autour de la terre
dans un wagon doré

Tout autour de la terre
nous avons rencontré
la mer qui se promenait
avec tous ses coquillages
ses îles parfumées
et puis ses beaux naufrages
et ses saumons fumés

Au-dessus de la mer
nous avons rencontré
la lune et les étoiles
sur un bateau à voiles
partant pour le Japon
et les trois mousquetaires
des cinq doigts de la main
tournant ma manivelle
d'un petit sous-marin
plongeant au fond des mers
pour chercher des oursins


Revenant sur la terre
nous avons rencontré
sur la voie de chemin de fer
une maison qui fuyait
fuyait tout autour de la Terre
fuyait tout autour de la mer

fuyait devant l'hiver
qui voulait l'attraper

Mais nous sur notre chemin de fer
on s'est mis à rouler
rouler derrière l'hiver
et on l'a écrasé
et la maison s'est arrêtée
et le printemps nous a salués

C'était lui le garde-barrière
et il nous a bien remerciés
et toutes les fleurs de toute la terre
soudain se sont mises à pousser
pousser à tort et à travers
sur la voie du chemin de fer
qui ne voulait plus avancer
de peur de les abîmer

Alors on est revenu à pied
à pied tout autour de la terre
à pied tout autour de la mer
tout autour du soleil
de la lune et des étoiles
A pied à cheval en voiture
et en bateau à voiles.

 

Jacques Prevert

08:00 Publié dans Poèmes | Lien permanent | Commentaires (0)

02/07/2015

Liberté

 

liberté.png

 

Sur mes cahiers d’écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable de neige
J’écris ton nom

Sur toutes les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J’écris ton nom

Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J’écris ton nom

Sur la jungle et le désert
Sur les nids sur les genêts
Sur l’écho de mon enfance
J’écris ton nom

Sur les merveilles des nuits
Sur le pain blanc des journées
Sur les saisons fiancées
J’écris ton nom

Sur tous mes chiffons d’azur
Sur l’étang soleil moisi
Sur le lac lune vivante
J’écris ton nom

Sur les champs sur l’horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J’écris ton nom

Sur chaque bouffées d’aurore
Sur la mer sur les bateaux
Sur la montagne démente
J’écris ton nom

Sur la mousse des nuages
Sur les sueurs de l’orage
Sur la pluie épaisse et fade
J’écris ton nom

Sur les formes scintillantes
Sur les cloches des couleurs
Sur la vérité physique
J’écris ton nom

Sur les sentiers éveillés
Sur les routes déployées
Sur les places qui débordent
J’écris ton nom

Sur la lampe qui s’allume
Sur la lampe qui s’éteint
Sur mes raisons réunies
J’écris ton nom

Sur le fruit coupé en deux
Du miroir et de ma chambre
Sur mon lit coquille vide
J’écris ton nom

Sur mon chien gourmand et tendre
Sur ses oreilles dressées
Sur sa patte maladroite
J’écris ton nom

Sur le tremplin de ma porte
Sur les objets familiers
Sur le flot du feu béni
J’écris ton nom

Sur toute chair accordée
Sur le front de mes amis
Sur chaque main qui se tend
J’écris ton nom

Sur la vitre des surprises
Sur les lèvres attendries
Bien au-dessus du silence
J’écris ton nom

Sur mes refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J’écris ton nom

Sur l’absence sans désir
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J’écris ton nom

Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l’espoir sans souvenir
J’écris ton nom

Et par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer

Liberté

 

Paul Eluard, Poésies et vérités, 1942

00:00 Publié dans Poèmes | Lien permanent | Commentaires (0)