02/11/2014
Le jour des morts
LE JOUR DES MORTS
Lugubrement la cloche tinte,
C'est aujourd'hui le Jour des Morts
Le vent jette sa longue plainte
Dans la campagne couleur d'or...
Dans les cyprès du cimetière
Les moineaux gris, bien tristement
Jettent leurs cris, douce prière,
De ceux qu'on croit indifférents.
La vieille église, en sentinelle,
Voit défiler les pèlerins
Qui vont couronner d'immortelles
les vieux crucifix de fer peint...
La foule anxieuse et recueillie
S'agenouille autour des tombeaux...
Chacun dans un murmure prie,
Tristement, comme les moineaux...
L'angoisse étreint les coeurs, les âmes,
On se relève pieusement,
Les pleurs voilent les yeux des femmes,
Qui se signent dévotement.
L'angelus sonne dans la brume,
On prend le chemin du retour,
Sans hâte vers le bourg qui fume
En songeant et priant toujours.
Joseph Delort (1894-1916)
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31/10/2014
Citrouille
Le Gland et la Citrouille
Dieu fait bien ce qu'il fait. Sans en chercher la preuve
En tout cet Univers, et l'aller parcourant,
Dans les Citrouilles je la treuve.
Un villageois considérant,
Combien ce fruit est gros et sa tige menue :
A quoi songeait, dit-il, l'Auteur de tout cela ?
Il a bien mal placé cette Citrouille-là !
Hé parbleu ! Je l'aurais pendue
A l'un des chênes que voilà.
C'eût été justement l'affaire ;
Tel fruit, tel arbre, pour bien faire.
C'est dommage, Garo, que tu n'es point entré
Au conseil de celui que prêche ton Curé :
Tout en eût été mieux ; car pourquoi, par exemple,
Le Gland, qui n'est pas gros comme mon petit doigt,
Ne pend-il pas en cet endroit ?
Dieu s'est mépris : plus je contemple
Ces fruits ainsi placés, plus il semble à Garo
Que l'on a fait un quiproquo.
Cette réflexion embarrassant notre homme :
On ne dort point, dit-il, quand on a tant d'esprit.
Sous un chêne aussitôt il va prendre son somme.
Un gland tombe : le nez du dormeur en pâtit.
Il s'éveille ; et portant la main sur son visage,
Il trouve encor le Gland pris au poil du menton.
Son nez meurtri le force à changer de langage ;
Oh, oh, dit-il, je saigne ! et que serait-ce donc
S'il fût tombé de l'arbre une masse plus lourde,
Et que ce Gland eût été gourde ?
Dieu ne l'a pas voulu : sans doute il eut raison ;
J'en vois bien à présent la cause.
En louant Dieu de toute chose,
Garo retourne à la maison.
Jean de La Fontaine
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22/10/2014
Automne
Vent d'automne colore les feuilles
Est-ce lui qui a posé sur ma tête
Le premier cheveu blanc?
Natsume Sôseki
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07/10/2014
Il pleut
Il pleut. J’entends le bruit égal des eaux;
le feuillage, humble et que nul vent ne berce ;
Se penche et brille en pleurant sous l’averse.
Le deuil de l’air afflige les oiseaux.
Sully Prudhomme |
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06/10/2014
Chanson d'automne
Les sanglots longs
Des violons
De l’automne
Blessent mon coeur
D’une langueur
Monotone.
Tout suffocant
Et blême, quand
Sonne l’heure,
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure
Et je m’en vais
Au vent mauvais
Qui m’emporte
Deçà, delà,
Pareil à la
Feuille morte.
Paul Verlaine, Poèmes saturniens
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25/09/2014
L'ailleurs est dedans
Certains venant de loin
pour chercher ici un ailleurs
repartent
par un autre chemin
sûrs désormais que l'au-delà
est l'au-dedans
Gilles Baudry dans" L'opulence du peu"
extrait de "Le bruissement des arbres dans les pages" Rougerie - 2013
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