02/10/2015
Exode
EXODE
La guerre roule derrière nous
son feu, son fer,
l’enfer nous poursuit jour et nuit
sans répit Jusqu’à la mer.
La mer ah la mer !
nous la rêvions,
port ouvert sur la liberté.
Nous sommes un peuple sans tanière,
sans gîte et sans couvert ;
pas de refuge pour qui fuit.
Nous, pliant le dos sous nos sacs de toile
et les étoiles,
nous, les mains serrant une poignée de terre
pour seul souvenir à emporter
La nuit la lune est notre lampe,
le jour le soleil nous cuit.
Nous n’avons que nos lambeaux de peau
pour nous couvrir les os,
peau huilée de l’exil,
peau iodée de l’exode.
Et devant nous, la mer
ah la mer !
comme un tapis de prière,
dernier ourlet du continent
auquel résignés nous tournons le dos.
Le sable est rouge et chaud,
le sable est beau.
Nous secouons la poussière,
les fourmis de nos sandales,
les scorpions de nos talons,
avant de prendre
le cargo, le bateau, le radeau.
La mer ah la mer !
notre seul espoir,
notre cimetière peut-être.
Nous sommes un peuple tassé
au fond de la cale :
hommes, femmes, enfants,
jeunes et vieux
apatrides, sans drapeau,
sans couleur de peau
dans la nuit
qui nous fait gris.
Les yeux sans paupières
et le regard blanc,
un enfant meurt de faim
au sein de sa mère.
Et c’est la colère à voix basse,
colère à la merci de la mer.
Et nous voici meurtris,
fruits mâchés pour pourrir
au vent salé.
Et nous voici livrés
à la gueule de l’inconnu,
happés par la langue des sirènes.
Dieu, que fait-il ?
où est-il dans notre exil ?
Dieu, qui est parole
que dit-il dans notre exode ?
Fais-nous revenir !
que ton visage s’éclaire
et nous serons sauvés !
Mais la nuit verse son encre
et rien ne s’écrit.
La mer est pavée de bons horizons,
mais les flots nous arrosent
d’amertume et de poison.
Mais la mer ah la mer !
devient rouge
de sang et de honte.
S’en remettre à demain
s’il nous donne la main,
si l’espoir allume un phare
aux horizons lointains.
TP
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30/09/2015
Si
Si dans ton cœur
brûle une bougie
ne souffle pas sa flamme
Si dans ta nuit
scintille une étoile
n’efface pas son sourire
Si dans ton être
s’ouvre une fleur
laisse-la devenir
Si dans ta vie
se répand le calme
le paradis t’inondera
de sa lumière et son parfum
TP
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24/09/2015
On dit... Tu es
On T'imagine grand-papa gâteau,
Tu es jeune, pauvre, mendiant.
On T'incrimine d'être une bouée de sauvetage,
Tu nous apprends à nager.
On prétend que Tu es "quelque chose au-dessus de nous",
Tu es Quelqu'un au-dedans de nous.
On Te cherche chez les justes,
Tu loges chez les pécheurs.
On Te cherche dans les chaires de théologie,
Tu es assis dans l'herbe au banquet des amoureux.
On Te cherche, tenant dans la main, la foudre et le fléau,
Tu joues une sardane avec un roseau froissé.
On te cherche dans un cimetière,
Tu accompagnes sur le chemin deux voyageurs égarés.
On veut Te cerner dans le filet des mots,
Tu Te poses sur le sourire des enfants.
Stan Rougier
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17/09/2015
En fuite
Nous ne sommes pas dangereux, nous venons du danger.
En fuite depuis des années
En fuite pour me sauver
La journée je souris
Mais le soir je ressens toutes mes peines
A l’école je porte un masque
Etre 100% moi-même
Mais le soir je suis ce jeune homme
Avec des douleurs et de la tristesse
Je peux alors laisser couler les larmes
Que je retiens la journée.
Mais, regardez-moi bien dans les yeux
Vous y verrez la douleur
Qui porte un masque la journée
Mais ne peut être heureux.
Je suis Amir Je suis musulman et j’en suis fier
Je ne bois pas de bière
Je suis illégal
Depuis des années en fuite
Sans papiers
En fuite pour mes droits d’enfants
Parce que je ne pourrai jamais accepter l’absence de droits
Je m’y opposerai toujours
Madame De Block, pense chaque fois
Que ce ne sont que de simples phrases que j’écris
Mais elle ne comprend pas encore que ce sont mes phrases de vie.
Ne soyez pas tristes car je reste ici… pour toujours évidemment.
Ici c’est chez moi
Et même si c’est difficile je suis content.
L’endroit où je suis me donne du courage.
Car je suis ici chez moi.
Samir (en photo)
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16/09/2015
Le chant du réfugié
Le chant du réfugié
Je suis parti le feu dans le dos, l’espoir devant moi,
Le cœur meurtri, les yeux enfumés.
Je suis parti les mains déchirées, les pieds dans la boue.
Je suis parti le feu dans le dos, l’espoir devant moi,
La rage dans la tête, le tonnerre dans les oreilles.
Je suis parti la peur dans le ventre, mes frères dans la peau,
La fièvre dans le sang, l’amertume dans la bouche.
Je suis parti le feu dans le dos, l’espoir devant moi.
Mon corps est parti mais mon âme est restée.
Par les mers et les terres sans arrêt j’ai erré,
Espéré, supplié, pour un jour pouvoir arriver.
J’ai, des femmes et enfants sans cesse abordés,
Des vieillards et parents innocents rencontrés
Je suis parti le feu dans le dos, l’espoir devant moi.
Mon corps est parti, mais mon âme est restée.
J’ai couru, marché, sauté, trébuché,
Pour un jour, la liberté pouvoir retrouver,
Pour un jour, aux miens, le goût de vivre redonner,
Et enfin le sourire et la joie pouvoir retrouver.
Je suis parti le feu dans le dos, l’espoir devant moi.
Mon corps est parti, mais mon âme est restée.
Grâce à Dieu, un matin le bateau accosté,
J’ai enfin la liberté retrouvée,
Et l’espoir revenu, j’ai enfin savouré
Ce bonheur espéré, souhaité, mérité.
Je suis arrivé, mais mon cœur est blessé.
Avec des menaces et menottes j’ai été hébergé.
Dans les murs de la liberté j’ai été enfermé.
Le froid du dehors et la glace dans les cœurs
Ont été les témoins de mes premières heures.
Je suis arrivé, mais mon cœur est blessé.
Tous ces gens me regardent étonnés, agacés.
Dérangeant, cet étrange étranger
Qui a oublié ce qu’est le verbe manger,
Et qui a pendant des mois voyagé.
Je suis arrivé, mais mon cœur est blessé.
Je ne sais plus qui je suis, où je suis; je suis dépassé.
J’écoute, je parle, je ne comprends pas, je pleure.
Papiers, dossiers, lois, fonctionnaires, questionnaires.
Mon Dieu, pourquoi tant de méfiance et de misère?
Un drôle de mélange avec mes enfants, mes sœurs.
Mais où sont ma mère, mon soleil, ma maison?
Pourquoi ces ruines, ces guerres, ces larmes, sans raison?
Je suis arrivé, mais mon cœur est blessé.
Ma tête est mélangée, mes os sont froids, mon sang glacé.
Me suis-je trompé de route ou m’a-t-on trompé?
M’est-il interdit de vivre enfin la paix?
La recherche de la terre promise n’est–elle qu’un mirage
Qui naît au milieu des ravages et carnages ?
Je suis arrivé et mon cœur est pansé.
Je suis arrivé et mon trouble a passé.
Ma vie ne s’arrêtera pas; finies mes souffrances.
Le monde me sourit, la vie recommence, ou commence.
Je suis arrivé, et si ma chair est pansée,
Et que me viennent de plus belles pensées,
Mon cœur est auprès ceux qui sont restés,
Qui se battent pour cette chère mais trop chère liberté.
Comme moi ils partiront remplis de colère
Pour enfin retrouver un être cher, une terre,
Un frère, une mère, ou parfois un cimetière.
Comme moi ils feront ce chemin de souffrances
Pour ne plus vivre tant de maltraitance.
Comme moi ils vivront la peur et la douleur
Pour un rêve de bonheur et de douceur.
Slim Daouzli
« Mon poème, "le chant du réfugé" est dédié à tous ceux qui se battent
pour le droit de vivre et à tous ceux qui défendent ce droit. »
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04/09/2015
Hâte-toi
Hâte-toi.
Hâte-toi de transmettre
ta part de merveilleux
de rébellion
de bienséance.
René Char, poète (1907-1988)
00:00 Publié dans Poèmes | Lien permanent | Commentaires (1)