10/11/2013
Le vent
Sur la bruyère longue infiniment,
Voici le vent cornant Novembre ;
Sur la bruyère, infiniment,
Voici le vent
Qui se déchire et se démembre,
En souffles lourds, battant les bourgs ;
Voici le vent,
Le vent sauvage de Novembre.
Aux puits des fermes,
Les seaux de fer et les poulies
Grincent ;
Aux citernes des fermes.
Les seaux et les poulies
Grincent et crient
Toute la mort, dans leurs mélancolies.
Le vent rafle, le long de l'eau,
Les feuilles mortes des bouleaux,
Le vent sauvage de Novembre ;
Le vent mord, dans les branches,
Des nids d'oiseaux ;
Le vent râpe du fer
Et peigne, au loin, les avalanches,
Rageusement du vieil hiver,
Rageusement, le vent,
Le vent sauvage de Novembre.
Dans les étables lamentables,
Les lucarnes rapiécées
Ballottent leurs loques falotes
De vitres et de papier.
- Le vent sauvage de Novembre ! -
Sur sa butte de gazon bistre,
De bas en haut, à travers airs,
De haut en bas, à coups d'éclairs,
Le moulin noir fauche, sinistre,
Le moulin noir fauche le vent,
Le vent,
Le vent sauvage de Novembre.
Les vieux chaumes, à cropetons,
Autour de leurs clochers d'église.
Sont ébranlés sur leurs bâtons ;
Les vieux chaumes et leurs auvents
Claquent au vent,
Au vent sauvage de Novembre.
Les croix du cimetière étroit,
Les bras des morts que sont ces croix,
Tombent, comme un grand vol,
Rabattu noir, contre le sol.
Le vent sauvage de Novembre,
Le vent,
L'avez-vous rencontré le vent,
Au carrefour des trois cents routes,
Criant de froid, soufflant d'ahan,
L'avez-vous rencontré le vent,
Celui des peurs et des déroutes ;
L'avez-vous vu, cette nuit-là,
Quand il jeta la lune à bas,
Et que, n'en pouvant plus,
Tous les villages vermoulus
Criaient, comme des bêtes,
Sous la tempête ?
Sur la bruyère, infiniment,
Voici le vent hurlant,
Voici le vent cornant Novembre.
Emile Verhaeren
19:00 Publié dans Poèmes | Lien permanent | Commentaires (0)
06/11/2013
Automne
Odeur des pluies de mon enfance
Derniers soleils de la saison !
A sept ans comme il faisait bon,
Après d'ennuyeuses vacances,
Se retrouver dans sa maison !
La vieille classe de mon père,
Pleine de guêpes écrasées,
Sentait l'encre, le bois, la craie
Et ces merveilleuses poussières
Amassées par tout un été.
O temps charmant des brumes douces,
Des gibiers, des longs vols d'oiseaux,
Le vent souffle sous le préau,
Mais je tiens entre paume et pouce
Une rouge pomme à couteau.
René-Guy Cadou
00:00 Publié dans Poèmes | Lien permanent | Commentaires (0)
26/10/2013
Le brouillard
Le brouillard a tout mis Dans son sac de coton ; Le brouillard a tout pris Autour de ma maison Plus de fleurs au jardin, Plus d'arbres dans l'allée ; La serre des voisins Semble s'être envolée. Et je ne sais vraiment Où peut s'être posé Le moineau que j'entends Si tristement crier. Maurice Carême |
00:00 Publié dans Poèmes | Lien permanent | Commentaires (3)
03/09/2013
Litanies des écoliers
Saint Anatole,
que légers soient les jours d'école!
Saint Amalfait,
ah! que mes devoirs soient bien faits!
Sainte Cordule,
n'oubliez ni point ni virgule!
Saint Nicodème,
donnez-nous la clef des problèmes!
Sainte Tirelire,
que grammaire nous fasse rire!
Saint Siméon,
allongez les récréations!
Saint Espongien,
effacez tous les mauvais points!
Sainte Clémence,
que viennent vite les vacances!
Sainte marie,
faites qu'elles soient infinies!
Maurice Carême
18:00 Publié dans Actualités, Poèmes | Lien permanent | Commentaires (2)
17/08/2013
Regarder la mer
Avancée de la vague
une à une
ô marée commandée
par la lune
Te regarder
pour écouter
le silence parler bas
au creux de moi
dans un bel et grand
soulèvement
heureux d'être
simplement et pleinement
à la lisière
de la mer
de la terre
et de ce que j'espère
TP
Et vous, que vous inspire cette photo?
00:00 Publié dans Poèmes | Lien permanent | Commentaires (3)
07/08/2013
Mon berger
Le Seigneur est mon berger :
je ne manque de rien.
Sur des prés d'herbe fraîche,
il me fait reposer.
Il me mène vers les eaux tranquilles
et me fait revivre ;
il me conduit par le juste chemin
pour l'honneur de son nom.
Si je traverse les ravins de la mort,
je ne crains aucun mal,
car il est avec moi :
ton bâtion me guide et me rassure.
Tu prépares la table pour moi
devant mes ennemis :
tu répands le parfum sur ma tête,
ma coupe est débordante.
Grâce et bonheur m'accompagnent
tous les jours de ma vie ;
j'habiterai la maison du Seigneur
pour la durée de mes jours.
Psaume 22
00:00 Publié dans Poèmes, Prières | Lien permanent | Commentaires (2)