Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

26/04/2015

Prendre le temps

Je vais prendre le temps

de laisser poser mon regard

sur les choses de tous les jours

et les voir autrement,

celles que chaque matin,

je croise sans les voir.

 

 

Toutes les choses familières

que je côtoie à longueur de jour,

de mois, d’année…

 

Je vais prendre le temps

de voir l’étrangeté des arbres,

ceux de mon jardin, ceux du parc voisin,

qui le crépuscule venu bruissent de mystère…

 

le temps de vivre.jpg

Je vais prendre le temps

de poser mon regard

sur les êtres que j’aime

et de regarder autrement les miens,

celles et ceux qui me sont les plus proches

et que parfois je ne vois même plus,

que je n’entends même plus,

tant le souci de mes affaires, de mon travail,

parasitent mon cœur et mon corps…

 

Oui, je vais prendre le temps de les découvrir

de me laisser surprendre

encore et toujours par ceux que j’aime.

 

Oui, je vais prendre le temps de te rencontrer aussi,

toi mon Dieu,

au-delà des mots, des formules et des habitudes.

 

Oui, je vais aller à ta rencontre comme au désert

et tu me surprendras, mon Dieu.

Oui, je vais prendre le temps

de te rencontrer autrement.

 

Saint Augustin

 

24/04/2015

L'instant présent

 

_l-instant-present.jpg

 

L’instant présent est souvent oublié, banalisé, subi. 
On court et on vit dans l’attente d’une échéance, d’un rendez-vous, d’un événement à venir. On souhaite souvent que le futur advienne plus vite. « Vivement le week-end ou les vacances, ce soir ou la retraite… »

 

Et avant le week-end, avant les vacances, avant la retraite, que va-t-on faire de ce temps qui s’écoulera jusque-là, de l’instant, de maintenant? Tuer le temps? Expression regrettable !

 

Attendre sans cesse un événement futur, un projet, une rencontre, un dîner, un amour, des vacances, du temps libre, la retraite… 
Le bonheur semble toujours à venir. Personne ne paraît satisfait de ce qu’il a, du temps présent dans lequel on vit.

 

Alors on rêve de futur, on néglige le présent que l’on trouve banal, insatisfaisant, pourtant la vie s’écoule, se joue maintenant, dans cet instant même où vous me lisez, la vie est précieuse à tout moment…

 

 Charlotte Valandrey

18/04/2015

Amour

ac.jpgPeuple d’Orphalese, de quoi pourrais-je parler sinon de ce qui, encore maintenant, se meut dans vos âmes ?

Alors Almitra dit : Parle-nous de l’Amour.

Et il leva la tête et posa son regard sur le peuple, et un silence tomba. Et d’une voix puissante, il dit :

Quand l’amour vous fait signe de le suivre, suivez-le, bien que ses chemins soient rudes et escarpés. Et lorsqu’il vous étreint de ses ailes, abandonnez-vous, bien que l’épée cachée cachée dans ses pennes puisse vous blesser.

Et quand il parle, croyez en lui, bien que sa voix puisse briser vos rêves comme le vent du nord dévaste le jardin.

Car de même que l’amour vous couronne, il vous crucifiera. De même que vous lui devez de croître, vous lui devrez d’être élagué.

De même qu’il s’élève jusqu’à votre hauteur et caresse vos branches les plus délicates qui frémissent au soleil, il descendra jusqu’à vos racines et les secouera là où elles s’accrochent à la terre.

Comme des gerbes de blé, il vous assemble en lui, il vous bat pour vous dénuder, il vous passe au tamis pour vous libérer de votre bale, il vous passe au moulin jusqu’à vous blanchir, il vous pétrit jusqu’à vous rendre malléable ; et alors il vous livre à son feu sacré, afin de faire de vous le pain sacré du festin sacré de Dieu.

Toutes ces choses, l’amour les fera en vous afin que vous puissiez connaître les secrets de votre cœur et, les connaissant, devenir une parcelle du cœur de la Vie.

Mais si, dans votre frayeur, vous ne cherchez que la paix de l’amour et les plaisirs de l’amour, alors il vaudrait mieux, pour vous, couvrir votre nudité et quitter l’aire de battage de l’amour, pour un monde sans saisons où vous rirez, mais pas tous vos rires, et pleurerez, mais pas toutes vos larmes.

L’amour ne donne rien que lui-même et il ne prend rien que de lui-même.

L’amour ne possède ni ne peut être possédé ; car l’amour suffit à l’amour.

Si vous aimez, vous ne direz pas « Dieu est dans mon cœur », mais plutôt, « Je suis dans le cœur de Dieu ».

Et ne pensez pas que vous pourrez diriger le cours de l’amour car l’amour, s’il vous en trouve digne, dirigera votre cours.

L’amour n’a pour seul désir que de s’accomplir.

Mais si vous aimez et que vous devez avoir des désirs, que vos désirs soient ceux-ci :

Fondre et couler comme un ruisseau qui chante sa mélodie à la nuit.

Connaître la douleur d’un trop-plein de tendresse.

Etre blessé par votre propre idée de l’amour ; et saigner de votre plein gré et avec joie.

Se réveiller à l’aube avec des ailes au coeur et des actions de grâce pour cette nouvelle journée d’amour ; se reposer à l’heure de midi et méditer sur les transports de l’amour ; rentrer chez soi à la tombée du jour avec reconnaissance ; et s’endormir alors avec une prière au cœur pour le bien-aimé et un chant de louanges sur les lèvres.

*

Khalil Gibran, Le Prophète, Le livre de poche

27/03/2015

L'homme, ce fou

Marcher.jpg

L’homme qui marche est ce fou qui pense

que l’on peut goûter à une vie si abondante

qu’elle avale même la mort.

Ceux qui emboîtent son pas

et croient que l’on peut demeurer éternellement à vif

dans la clarté d’un mot d’amour, sans jamais perdre souffle,

ceux-là, dans la mesure où ils entendent ce qu’ils disent,

force est de les considérer comme fous.

Ce qu’ils prétendent est irrecevable.

Leur parole est démente

et cependant que valent d’autres paroles,

toutes les autres paroles échangées depuis la nuit des siècles ?

Qu’est-ce que parler ?

 

Qu’est-ce qu’aimer ?

 

Comment croire et comment ne pas croire ?

 

Peut-être n’avons-nous jamais eu le choix

qu’entre une parole folle et une parole vaine.

 

Christian BOBIN

26/03/2015

Il est bon

bonte.jpg« Il est bon d’être seul parce que la solitude est difficile.

Qu’une chose soit difficile doit nous être une raison de plus de nous y tenir.

Il est bon aussi d’aimer car l’amour est difficile.

L’amour d’un être humain pour un autre,

c’est peut-être l’épreuve la plus difficile pour chacun de nous… »

 

Rainer Maria RILKE

24/03/2015

Ecouter

enfant-écoute.jpgÉcouter est peut-être le plus beau cadeau que nous puissions faire à quelqu’un… C’est lui dire, non pas avec des mots, mais avec ses yeux, son visage, son sourire et tout son corps : tu es important pour moi, tu es intéressant, je suis heureux que tu sois là… Pas étonnant si la meilleure façon pour une personne de se révéler à elle-même, c’est d’être écoutée par une autre !

Écouter, c’est commencer par se taire… Avez-vous remarqué comment les « dialogues » sont remplis d’expressions de ce genre : « c’est comme moi quand… » ou bien « çà me rappelle ce qui m’est arrivé… » Bien souvent, ce que l’autre dit n’est qu’une occasion de parler de soi. Écouter, c’est commencer par arrêter son petit cinéma intérieur, son monologue portatif, pour se laisser transformer par l’autre. C’est accepter que l’autre entre en nous-mêmes comme il entrerait dans notre maison et s’y installerait un instant, s’asseyant dans notre fauteuil et prenant ses aises. Écouter, c’est vraiment laisser tomber tout ce qui nous occupe pour donner tout son temps à l’autre. C’est comme pour une promenade avec un ami : marcher à son pas, proche mais sans gêner, se laisser conduire par lui, s’arrêter avec lui, repartir, pour rien, pour lui.

Écouter, c’est ne pas chercher à répondre à l’autre, sachant qu’il a en lui-même les réponses à ses propres questions. C’est refuser de penser à la place de l’autre, de lui donner des conseils et même de vouloir le comprendre.

Écouter, ce n’est pas vouloir que quelqu’un soit comme ceci ou comme cela, c’est apprendre à découvrir ses qualités qui sont en lui spécifiques. Être attentif à quelqu’un qui souffre, ce n’est pas donner une solution ou une explication à sa souffrance, c’est lui permettre de la dire et de trouver lui-même son propre chemin pour s’en libérer.

Écouter, c’est donner à l’autre ce que l’on ne nous a peut-être encore jamais donné : de l’attention, du temps, une présence affectueuse. C’est en apprenant à écouter les autres que nous arrivons à nous écouter nous-mêmes, notre corps et toutes nos émotions, c’est le chemin pour apprendre à écouter la terre et la vie, c’est devenir poète, c’est-à-dire sentir le coeur et voir l’âme des choses. A celui qui sait écouter est donné de ne plus vivre à la surface : il communie à la vibration intérieure de tout vivant.

 

André Gromolard