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13/06/2015

Ascèse et mortification

danse.jpegJe crois que l'ascèse est une des choses principales pour le développement de l'être humain et que l'ascèse est nécessaire à la construction d'un art quel qu'il soit. L'ascèse consiste à choisir perpétuellement l'essentiel. C'est en ne gardant que l'essentiel et le nécessaire que l'on trouve tout à coup les forces de la vitalité et de la vérité. Je crois que la mortification est nuisible parce qu'elle a toujours un côté de répression et qu'elle a toujours un côté qui facilite la débauche inverse... L'épanouissement doit être une ascèse, un dépouillement qui n'est pas une contrainte négative comme la mortification. Les ascètes peuvent vivre d'une façon encore plus frugale qu'une personne qui se mortifie, mais les ascètes le prennent comme une espèce de décontraction totale, alors que la mortification implique toujours l'obligation. L'ascèse, c'est se contenter du verre d'eau et du morceau de pain, et c'est la savourer avec délice, parce qu'au fond vous avez l'essence de la vie qui est l'eau et le pain et que vous n'avez pas besoin d'autre chose. Mais si l'eau et le pain sont une mortification, vous êtes condamnés au pain sec et à l'eau : c'est une punition. Au fond l'ascèse, c'est la joie, c'est une chose qu'on découvre petit à petit. Le corps doit être profondément travaillé pour trouver sa liberté. Cette liberté est au-delà de la discipline. Pour que le corps participe à cette joie et à cette liberté totale, il doit passer à travers différentes étapes purificatrices. Pour parler simplement du métier de danseur, un danseur est un être qui a commencé entre dix et quatorze ans à faire une série d'exercices chaque matin, et ils les fait toute sa vie, sans aucun jour d'interruption, tous les matins. Il s'impose une espèce de discipline au départ, qui lui permet de trouver sa plus grande liberté. Finalement, quand on me dit: "Qu'est-ce que la danse ?", je réponds: à l'échelon des gens qui ne savent pas, c'est se mettre debout et faire n'importe quoi ; à l'échelon des très bons danseurs, c'est avoir une discipline de dix ans ou de quinze ans et faire des choses très codifiées ; à l'échelon du véritable danseur, c'est se mettre debout et faire n'importe quoi, mais après avoir passé vingt ans d'ascèse... C'est retrouver l'innocence et la liberté, mais avec un travail préliminaire. Le danseur idéal, ce serait un être libéré loin de notre civilisation. Je crois qu'actuellement le drame de l'époque consiste à faire croire aux gens qu'en multipliant leurs besoins on augmente leur joie. En réalité, on augmente alors leurs attaches... La seule issue pour le monde actuel, c'est non la privation, je n'aime pas ce mot-là, mais c'est la joie dans le dépouillement.

Maurice Bejart L'Art sacré n°1, ler trim. 1969.

02/06/2015

Tu es irremplaçable

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Si la note disait : ce n'est pas une note qui fait une musique...
        il n'y aurait pas de symphonie.

Si le mot disait : ce n'est pas un mot qui fait une page...
        il n'y aurait pas de livre.

Si la pierre disait : ce n'est pas une pierre qui peut monter un mur...
        il n'y aurait ni maison, ni église ni cathédrale.

Si la goutte disait : ce n'est pas une goutte d'eau qui peut faire une rivière...
        il n'y aurait pas d'océan.

Si le grain de blé disait : ce n'est pas un grain de blé qui peut ensemencer un champ...
        il n'y aurait pas de moisson.

Si l'homme disait : ce n'est pas un geste d'amour qui peut sauver l'humanité...
        il n'y aurait jamais de justice et de paix,
        de dignité et de bonheur sur la terre des hommes.

Comme la symphonie a besoin de chaque note,
Comme le livre a besoin de chaque mot,
Comme la maison a besoin de chaque pierre,
Comme l'océan a besoin de chaque goutte d'eau,
Comme le moissonneur a besoin de chaque grain de blé,
        l'humanité tout entière a besoin de toi, là où tu es.

Et on pourrait ajouter : là comme tu es,
avec ta joie, ton espérance, ta souffrance, ta misère, ta vieillesse.
L’humanité toute entière a besoin de toi, car tu es unique.
Aimé de Dieu et donc irremplaçable.

Michel Quoist

30/05/2015

Mystère de la Trinité

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Quand j'étais haut comme trois pommes, il arrivait de temps en temps que mes parents me disaient: " Ça, c'est un mystère, ne cherche pas à comprendre.

" Et puis, quand je suis allé à l'école, on m'a appris ce que c'était qu'un mystère: " Une vérité qu'on ne peut pas comprendre, mais qu'on doit croire, parce que c'est Dieu qui l'a révélée. "

Mais, avec le temps, j'ai fini par penser qu'un mystère c'est avant tout un secret de Dieu. Un secret que je ne comprends bien qu'avec l'intelligence de mon coeur... à mesure que nous devenons plus intimes Dieu et moi. Comme deux amoureux !

Car, ceux qui s'aiment, on le sait bien, partagent entre eux seuls leurs secrets. Et, plus ils s'aiment, plus ils se connaissent, plus ils pénètrent dans l'intimité de l'autre.

C'est peut-être cela que ma mère veut me rappeler parfois quand elle me dit: " Tu es encore trop jeune pour comprendre cela ! Quand tu auras soixante ans, tu comprendras peut-être ! "

Beaucoup de savants ont cherché à comprendre le mystère de la Trinité. Ils ont écrit de gros livres difficiles à lire et donné de nombreux cours difficiles à suivre. Ils se sont arrachés le reste de leurs cheveux à essayer de saisir une parcelle de ce grand mystère.

Et pourtant, il aurait suffi d'aimer ! Seuls, ceux qui ont accepté d'être aimés par Dieu et de l'aimer y ont réussi.

Dieu se fait connaître aux petits, aux humbles, aux simples. Dieu se donne à aimer et à comprendre dans le dialogue intime et amoureux de la prière, de la présence à l'autre, du silence fécond, de l'écoute attentive.

Et alors, on arrête de jongler avec les concepts de nature et de personnes, d'unité et de trinité.

Et, petit à petit, on découvre, émerveillé, que Dieu n'est rien qu'Amour, qu'il ne peut être que trois, comme l'amour éclaté du père, de la mère et de l'enfant. Petit à petit, à mesure que l'on aime et que l'on est aimé. Car, Dieu s'apprend, non pas d'abord avec la tête, mais avec le coeur !

Auteur: Jules Beaulac

12/05/2015

La rencontre de l'autre

mains.jpg« Si l’univers a une source divine, aussi bien comment n’aurait-il pas une fin divine? Comment chaque chose ne serait-elle pas revêtue de la splendeur du dessein qui se poursuit en lui (en l’univers), emportée par l’élan infini qui le soulève vers Dieu?

Quel ostensoir nous deviendrait chaque être, en vérité, si nous allions à la rencontre, en lui, de cette pensée divine qui est son identité véritable, si nous l’abordions avec le désir de dégager en lui cette part d’Infini qui doit rayonner par lui.

Toute rencontre devient une prière, tout regard fait sourdre l’oraison, toute la vie est religion. Je ne sais rien de plus simple ni de plus profond que cette contemplation qui, du matin au soir, découvre une présence divine au coeur des choses. Je ne connais pas de musique plus merveilleuse que ce chant qui jaillit des âmes dès que l’on s’agenouille devant leur mystère. »

Zundel, Maurice, L’Évangile intérieur. Éditions Saint-Augustin, 1998, p. 98.

09/05/2015

Je ne peux dire...

np2.jpgJe ne peux dire " Notre Père "

Je ne peux dire " Notre ", si ma religion n'a pas de place pour l'autre et ses besoins.
Je ne peux dire " Père ", si je l'ignore toute la journée.
Je ne peux dire " qui es aux cieux ", si je ne garde d'intérêt que pour les choses matérielles.
Je ne peux dire " que ton nom soit sanctifié ", si je ne fais pas le bien.
Je ne peux dire " que ta volonté soit faite ", si je refuse les commandements.
Je ne peux dire " sur la terre comme au ciel ", si je ne veux travailler à le servir maintenant.
Je ne peux dire " donne-nous aujourd'hui notre pain de ce jour ", si je ne fais pas d'effort pour aider ceux qui n'ont rien.
Je ne peux dire " pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés ", si je continue à leur en vouloir et à maugréer contre eux.
Je ne peux dire " délivre-nous du mal ", si je ne demande pas dans la prière l'aide pour éviter le mal, pour le combattre.
Je ne peux dire " amen ", si honnêtement, je ne peux dire " coûte que coûte, je le ferai ".


Collectif, Seigneur mon ami, MEJ, Tahiti, 1992

27/04/2015

Les hommes sont des cadeaux

rencontre.jpg



Du moins ainsi pensait Jésus : " Père, je veux que ceux que tu m'as donnés soient là où je serai... "
Je partage l'avis de Jésus et je veux que ceux que le Père m'a donnés soient là où je serai.
Les gens sont des cadeaux que le Père a enveloppés pour nous les envoyer.
Certains sont magnifiquement enveloppés.
Ils sont très attrayants dès le premier abord.
D'autres sont enveloppés de papier très ordinaire.
D'autres ont été malmenés par la poste.
Il arrive parfois qu'il y ait une "distribution spéciale".
Certains sont des cadeaux dont l'emballage laisse à désirer ;
d'autres dont l'emballage est bien fait.
Mais l'emballage n'est pas le cadeau !
C'est si facile de faire une erreur et nous rions quand les enfants prennent l'un pour l'autre.
Parfois le cadeau est difficile à ouvrir. Il faut se faire aider.
Peut-être parce que les autres ont peur ?
Parce que ça fait mal ?
Ils ont peut-être déjà été ouverts et rejetés !
Ou se pourrait-il que le cadeau ne me soit pas destiné ?

Je suis une personne et donc, moi aussi, je suis un cadeau !
Un cadeau pour moi-même d'abord.
Le Père m'a donné à moi-même.
Ai-je été regarder à l'intérieur de l'emballage ?
Ai-je peur de le faire ?
Peut-être ai-je jamais accepté le cadeau que je suis...
Pourrait- il se faire qu'il y ait à l'intérieur quelque chose de différent de ce que j'imagine ?
Je n'ai peut-être jamais vu le cadeau merveilleux que je suis.
Les cadeaux du Père pourraient-ils être autre chose que magnifiques ?
J'aime les cadeaux que je reçois de ceux qui m'aiment,
pourquoi pas les cadeaux du Père ?
Je suis un cadeau pour les autres.
Est-ce que j'accepte d'être donné par le Père aux autres ?
Un homme pour les autres ?
Les autres doivent-ils se contenter de l'emballage ?
Sans jamais pouvoir apprécier le cadeau ?

Toutes les rencontres sont des échanges de cadeaux.
Mais un cadeau sans quelqu'un qui le donne n'est pas un cadeau ;
c'est une chose privée des liens avec celui qui le donne ou celui qui le reçoit.
L'amitié est une relation entre les personnes qui se voient comme elles en vérité...
Les cadeaux du Père les uns envers les autres, pour les autres, pour des frères !
Un ami est un cadeau pas seulement pour moi, mais aussi pour les autres à travers moi.
Quand je regarde mon ami, quand je me l'approprie, je détruis sa nature de cadeau.
Si je le mets de côté pour moi, c'est alors que je le perds ;
si je le donne aux autres, je le garde.
Les gens sont des cadeaux reçus ou donnés...
comme le Fils.
L'amitié est une réponse de personnes - cadeaux au Père qui donne.
L'amitié est Eucharistie, action de grâce !


Georges B. Wintemann
Document du MEJ (mouvement eucharistique des jeunes)