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04/01/2014

Rêve

Alors qu'un certain humoriste qui se croit artiste se permet de faire rire une France amnésique, comme il est bon de retrouver ce discours de Martin Luther King pour crier notre espérance de voir disparaître à tout jamais le racisme qui est en nous et autour de nous.

"I have a dream" par Martin Luther King

"J'ai fait un rêve" discours prononcé par Martin Luther King
au Lincoln Memorial de Washington D.C., le 28 août 1963.

Je suis heureux de participer avec vous aujourd'hui à ce rassemblement qui restera dans l'histoire comme la plus grande manifestation que notre pays ait connu en faveur de la liberté.
Il y a un siècle de cela, un grand américain qui nous couvre aujourd'hui de son ombre symbolique signait notre acte d'émancipation. Cette proclamation historique faisait, comme un grand phare, briller la lumière de l'espérance aux yeux de millions d'esclaves noirs marqués au feu d'une brûlante injustice. Ce fut comme l'aube joyeuse qui mettrait fin à la longue nuit de leur captivité.

Mais cent ans ont passé et le Noir n'est pas encore libre. Cent ans ont passé et l'existence du Noir est toujours tristement entravée par les liens de la ségrégation, les chaînes de la discrimination; cent ans ont passé et le Noir vit encore sur l'île solitaire de la pauvreté, dans un vaste océan de prospérité matérielle; cent ans ont passé et le Noir languit toujours dans les marches de la société américaine et se trouve en exil dans son propre pays.

C'est pourquoi nous sommes accourus aujourd'hui en ce lieu pour rendre manifeste cette honteuse situation. En ce sens, nous sommes montés à la capitale de notre pays pour toucher un chèque. En traçant les mots magnifiques qui forment notre constitution et notre déclaration d'indépendance, les architectes de notre république signaient une promesse dont héritaient chaque Américain. Aux termes de cet engagement, tous les hommes, les Noirs, oui, aussi bien que les Blancs, se verraient garantir leurs droits inaliénables à la vie, à la liberté et à la recherche du bonheur.

Il est aujourd'hui évident que l'Amérique a failli à sa promesse en ce qui concerne ses citoyens de couleur. Au lieu d'honorer son obligation sacrée, l'Amérique a délivré au peuple noir un chèque sans valeur; un chèque qui est revenu avec la mention "Provisions insuffisantes". Nous ne pouvons croire qu'il n'y ait pas de quoi honorer ce chèque dans les vastes coffres de la chance en notre pays. Aussi sommes nous venus encaisser ce chèque, un chèque qui nous fournira sur simple présentation les richesses de la liberté et la sécurité de la justice.

Nous sommes également venus en ce lieu sanctifié pour rappeler à l'Amérique les exigeantes urgences de l'heure présente. Il n'est plus temps de se laisser aller au luxe d'attendre ni de pendre les tranquillisants des demi-mesures. Le moment est maintenant venu de réaliser les promesses de la démocratie; le moment est venu d'émerger des vallées obscures et désolées de la ségrégation pour fouler le sentier ensoleillé de la justice raciale; le moment est venu de tirer notre nation des sables mouvants de l'injustice raciale pour la hisser sur le roc solide de la fraternité; le moment est venu de réaliser la justice pour tous les enfants du Bon Dieu. Il serait fatal à notre nation d'ignorer qu'il y a péril en la demeure. Cet étouffant été du légitime mécontentement des Noirs ne se terminera pas sans qu'advienne un automne vivifiant de liberté et d'égalité.

1963 n'est pas une fin mais un commencement. Ceux qui espèrent que le Noir avait seulement besoin de laisser fuser la vapeur et se montrera désormais satisfait se préparent à un rude réveil si le pays retourne à ses affaires comme devant.

Il n'y aura plus ni repos ni tranquillité en Amérique tant que le Noir n'aura pas obtenu ses droits de citoyen.

Les tourbillons de la révolte continueront d'ébranler les fondations de notre nation jusqu'au jour où naîtra l'aube brillante de la justice.

Mais il est une chose que je dois dire à mon peuple, debout sur le seuil accueillant qui mène au palais de la justice : en nous assurant notre juste place, ne nous rendons pas coupables d'agissements répréhensibles.

Ne cherchons pas à étancher notre soif de liberté en buvant à la coupe de l'amertume et de la haine. Livrons toujours notre bataille sur les hauts plateaux de la dignité et de la discipline. Il ne faut pas que notre revendication créatrice dégénère en violence physique. Encore et encore, il faut nous dresser sur les hauteurs majestueuses où nous opposerons les forces de l'âme à la force matérielle.

Le merveilleux militantisme qui s'est nouvellement emparé de la communauté noire ne doit pas nous conduire à nous méfier de tous les Blancs. Comme l'atteste leur présence aujourd'hui en ce lieu, nombre de nos frères de race blanche ont compris que leur destinée est liée à notre destinée. Ils ont compris que leur liberté est inextricablement liée à notre liberté. L'assaut que nous avons monté ensemble pour emporter les remparts de l'injustice doit être mené par une armée biraciale. Nous ne pouvons marcher tout seuls au combat. Et au cours de notre progression, il faut nous engager à continuer d'aller de l'avant ensemble. Nous ne pouvons pas revenir en arrière. Il en est qui demandent aux tenants des droits civiques : "Quand serez vous enfin satisfaits ?" Nous ne pourrons jamais être satisfaits tant que le Noir sera victime des indicibles horreurs de la brutalité policière.

Nous ne pourrons jamais être satisfaits tant que nos corps recrus de la fatigue du voyage ne trouveront pas un abris dans les motels des grand routes ou les hôtels des villes. Nous ne pourrons jamais être satisfaits tant que la liberté de mouvement du Noir ne lui permettra guère que d'aller d'un petit ghetto à un ghetto plus grand.

Nous ne pourrons jamais être satisfaits tant que nos enfants seront dépouillés de leur identité et privés de leur dignité par des pancartes qui indiquent : "Seuls les Blancs sont admis." Nous ne pourrons être satisfaits tant qu'un Noir du Mississippi ne pourra pas voter et qu'un Noir de New York croira qu'il n'a aucune raison de voter. Non, nous ne sommes pas satisfaits, et nous ne serons pas satisfaits tant que le droit ne jaillira pas comme les eaux et la justice comme un torrent intarissable.

Je n'ignore pas que certains d'entre vous ont été conduits ici par un excès d'épreuves et de tribulations. D'aucuns sortent à peine de l'étroite cellule d'une prison. D'autres viennent de régions où leur quête de liberté leur a valu d'être battus par les tempêtes de la persécution, secoués par les vents de la brutalité policière. Vous êtes les pionniers de la souffrance créatrice. Poursuivez votre tache, convaincus que cette souffrance imméritée vous sera rédemption.

Retournez au Mississippi; retournez en Alabama; retournez en Caroline du Sud; retournez en Géorgie; retournez en Louisiane, retournez à vos taudis et à vos ghettos dans les villes du Nord, en sachant que, d'une façon ou d'une autre cette situation peut changer et changera. Ne nous vautrons pas dans les vallées du désespoir.

Je vous le dis ici et maintenant, mes amis : même si nous devons affronter des difficultés aujourd'hui et demain, je fais pourtant un rêve. C'est un rêve profondément ancré dans le rêve américain. Je rêve que, un jour, notre pays se lèvera et vivra pleinement la véritable réalité de son credo : "Nous tenons ces vérités pour évidentes par elles-mêmes que tous les hommes sont créés égaux."

Je rêve que, un jour, sur les rouges collines de Géorgie, les fils des anciens esclaves et les fils des anciens propriétaires d'esclaves pourront s'asseoir ensemble à la table de la fraternité.

Je rêve que, un jour, l'État du Mississippi lui-même, tout brûlant des feux de l'injustice, tout brûlant des feux de l'oppression, se transformera en oasis de liberté et de justice.
Je rêve que mes quatre petits enfants vivront un jour dans un pays où on ne les jugera pas à la couleur de leur peau mais à la nature de leur caractère. Je fais aujourd'hui un rêve !

Je rêve que, un jour, même en Alabama où le racisme est vicieux, où le gouverneur a la bouche pleine des mots "interposition" et "nullification", un jour, justement en Alabama, les petits garçons et petites filles noirs, les petits garçons et petites filles blancs, pourront tous se prendre par la main comme frères et sœurs. Je fais aujourd'hui un rêve !

Je rêve que, un jour, tout vallon sera relevé, toute montagne et toute colline seront rabaissés, tout éperon deviendra une pleine, tout mamelon une trouée, et la gloire du Seigneur sera révélée à tous les êtres faits de chair tout à la fois.

Telle est mon espérance. Telle est la foi que je remporterai dans le Sud.

Avec une telle foi nous serons capables de distinguer, dans les montagnes de désespoir, un caillou d'espérance. Avec une telle foi nous serons capables de transformer la cacophonie de notre nation discordante en une merveilleuse symphonie de fraternité.
Avec une telle foi, nous serons capables de travailler ensemble, de prier ensemble, de lutter ensemble, d'aller en prison ensemble, de nous dresser ensemble pour la liberté, en sachant que nous serons libres un jour. Ce sera le jour où les enfants du Bon Dieu pourront chanter ensemble cet hymne auquel ils donneront une signification nouvelle -"Mon pays c'est toi, douce terre de liberté, c'est toi que je chante, pays où reposent nos pères, orgueil du pèlerin, au flanc de chaque montagne que sonne la cloche de la liberté"- et si l'Amérique doit être une grande nation, il faut qu'il en soit ainsi.
Aussi faites sonner la cloche de la liberté sur les prodigieux sommets du New Hampshire.

Faites la sonner sur les puissantes montagnes de l'État de New York.
Faites la sonner sur les hauteurs des Alleghanys en Pennsylvanie.
Faites la sonner sur les neiges des Rocheuses, au Colorado.
Faites la sonner sur les collines ondulantes de la Californie.
Mais cela ne suffit pas.

Faites la sonner sur la Stone Mountain de Géorgie.
Faites la sonner sur la Lookout Mountain du Tennessee.
Faites la sonner sur chaque colline et chaque butte du Mississippi, faites la sonner au flanc de chaque montagne.

Quand nous ferons en sorte que la cloche de la liberté puisse sonner, quand nous la laisserons carillonner dans chaque village et chaque hameau, dans chaque État et dans chaque cité, nous pourrons hâter la venue du jour où tous les enfants du Bon Dieu, les Noirs et les Blancs, les juifs et les gentils, les catholiques et les protestants, pourront se tenir par la main et chanter les paroles du vieux "spiritual" noir : "Libres enfin. Libres enfin. Merci Dieu tout-puissant, nous voilà libres enfin."

 

28/12/2013

Tout arrive

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Le monde est là. Tout est banal, apparemment indifférent.

Tout arrive pourtant, miraculeux.

François Cheng

26/12/2013

La gratuité d'un amour

creche-mane.jpg

Jésus, là où Tu es né, au milieu de Joseph et de Marie, ta crèche n’était pas fermée.
Tout le monde pouvait entrer.
Jésus, quand Tu es né, Tu as voulu que tout le monde puisse venir Te voir
parce que Tu es venu pour tout le monde.

Avant que Tu ne naisses, Jésus, Joseph et Marie n’avaient trouvé
que des maisons aux portes fermées : fermées au secret de Dieu.
Ils ont trouvé ouverte une étable, une pauvre étable.
Mon cœur, il peut aussi être ouvert ou fermé pour aimer.
Mes mains, elles peuvent aussi être ouvertes ou fermées pour donner.
Ma vie, elle peut aussi être ouverte ou fermée pour faire vivre.

Aujourd’hui, Jésus, Tu ne nais plus dans une étable ;
mais Tu veux naître, dire le secret de Dieu,
dans toutes les maisons, dans tous les cœurs.
Tu veux déposer le baiser de Dieu sur tous les visages.
Tu veux des millions de crèches pour habiter le monde.
Tu veux des millions de cœurs pour donner ta paix sur la terre.
Tu veux des millions de visages pour donner la paix de Dieu.
Tu veux des millions de Noëls pour donner ton Noël.
Ouvre les maisons fermées par la peur ou par la richesse.
Ouvre les cœurs fermés par le chagrin ou par l’égoïsme.
Ouvre les visages fermés par la colère ou par le manque d’amour.

Jésus, viens ouvrir nos sourires et nos lèvres,
viens ouvrir nos maisons et nos cœurs pour dire avec Toi :
Gloire à Dieu, notre Père !

Frère Élie Maréchal

23/12/2013

Noël bientôt

avent-ecda5.jpgSi tu ne penses d'abord qu'à lorgner les vitrines pour savoir ce que tu vas acheter pour tes gosses, alors Noël c'est râpé.

Si tu succombes au désir de tes mômes qui veulent une voiture de police, une mitraillette en plastique et la panoplie complète du para, Noël c'est râpé.

Si tu as déjà acheté le Petit Jésus en sucre et ses parents en chocolat sans oublier un seul de ses bestiaux en caramel de la crèche, Noël c'est râpé.

Si tu commences à dresser la liste des gens à inviter en prenant soin d'exclure les chiants, les emmerdeurs, ceux et celles qui vont troubler la fête tranquille, Noël c'est râpé.

Si tu ne prends pas le temps de méditer durant cet Avent le merveilleux mystère de la nuit de Noël, la pauvreté de l'enfant Jésus, le dénuement absolu des immigrés qui sont ses parents, Noël c'est râpé.

Mais si tu lorgnes déjà le jeune couple de chômeur de ton immeuble qui, sans toi fêterait cette nuit là dans un peu plus de détresse et de solitude, alors Noël c'est gagné.

Si tu n'attends pas pour dire à l'ancienne qui vit seule, un mois à l'avance qu'elle sera ton invitée pour qu'elle savoure d'avance durant un mois ces quelques heures où elle sera reine alors Noël c'est gagné.

Si tu prends la peine de réfléchir à ce mystère d'amour et de pauvreté qui, au cours des âges, a été défloré, foulé au pied et travesti en fête égoïste, fête de beuverie et de gueuleton alors Noël c'est gagné.

Si tu continues dans l'année qui vient à vivre ce mystère en pensant que le partage c'est pas seulement l'affaire d'une nuit, alors Noël illuminera toute ton année.

Père Guy Gilbert

19/12/2013

Oraison

silences.jpg"L’oraison ne consiste-t-elle pas le plus souvent simplement à revenir au vrai silence ? Non point en faisant quelque chose, en s’imposant un carcan quelconque, mais au contraire en laissant peu à peu se décomposer d’elle-même toute notre activité sous la poussée intérieure du vrai silence qui reprend peu à peu ses droits…"

Paroles de Chartreux, St-Pierre de Chartreuse

Editeur Association Auxiliaire de la Vie Cartusienne, 1996

24/11/2013

Une étrange royauté

ChristRoi2.jpgUne étrange royauté

Elle se démarque des modèles humains passés ou présents... D’ailleurs, Jésus n'a jamais revendiqué le titre de roi terrestre : "Ma royauté ne vient pas de ce monde". Il est venu pour servir, non pour être servi. A Pilate qui le presse de questions, Jésus répond : "Tu l'as dit, je suis roi..." en précisant naturellement de quelle manière, ce qui ne fait qu'accroître la perplexité du procurateur.

L'évangéliste Jean nous fait percevoir l'aspect paradoxal de cette royauté du Christ en présentant les événements de la Passion comme un cérémonial inédit d'investiture. Jésus est revêtu d'un manteau de pourpre ; il est couronné d'épines et assis sur une estrade. La croix est le lieu de l'élévation où Jésus "attire tous les hommes à lui" (Jean 12, 32).

Quelle tentation dangereuse pour l’Église de tous les temps de se compromettre avec le pouvoir politique pour mieux promouvoir le règne de la religion !

Un royaume de fils

Le Royaume du Christ ne "vient pas de ce monde", mais il est au cœur de ce monde. C'est le Royaume de l'intériorité : "Le règne de Dieu est parmi vous" (Luc 17, 21). Ce Royaume n'est pas habité par des sujets, des soldats, des fonctionnaires et une cour, mais par des fils.

Les "fils du Royaume", ainsi que Jésus les nomme, sont ceux qui cherchent la vérité, ceux qui prennent son chemin, les bénis du Père proches de leurs frères. C'est un "royaume d'amour, de justice et de paix", comme le dit la préface eucharistique.

Un peuple de frères

La porte du Royaume s'ouvre pour nous dans le baptême et les sacrements. Mais l'entrée effective n'est pas à chercher seulement dans nos églises ou dans le secret de notre prière. Elle s'opère aussi dans le concret de notre vie, dans le vif de notre actualité traversée par ses misères et ses espoirs.

Le Royaume est présent et en construction dans chaque écoute patiente, chaque sourire encourageant, chaque fardeau partagé, chaque regard respectueux et aimant, chaque geste de paix et de réconciliation... Le passeport en est l'amour et le service au nom du Seigneur Jésus. Nous sommes les ambassadeurs de ce Royaume...

Le trésor du Royaume, ce sont les pauvres et les humbles ; ce sont tous les êtres humains pour lesquels le Christ Jésus est venu servir et donner sa vie.

Signes d'aujourd'hui n°168, octobre 2006 (mise à jour Octobre 2013)