31/08/2011
Solitude intérieure
Une seule chose est nécessaire: la solitude.
La grande solitude intérieure. Aller en soi-même, et ne rencontrer, des heures durant, personne - c'est à cela qu'il faut parvenir.
Être seul comme l'enfant est seul quand les grandes personnes vont et viennent, mêlées à des choses qui semblent grandes à l'enfant et importantes du seul fait que les grandes personnes s'en affairent et que l'enfant ne comprend rien à ce qu'elle font.
S'il n'est pas de communion entre les hommes et vous, essayez d'être prêt des choses: elles ne vous abandonneront pas. Il y a encore des nuits, il y a encore des vents qui agitent les arbres et courent sur les pays.
Dans le monde des choses et celui des bêtes, tout est plein d'évènements auxquels vous pouvez prendre part.
Les enfants sont toujours comme l'enfant que vous fûtes: tristes et heureux; et si vous pensez à votre enfance, vous revivez parmi eux, parmi les enfants secrets. Les grandes personnes ne sont rien, leur dignité ne répond à rien.
Rainer Maria Rilke dans "Lettre à un jeune poète"
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24/08/2011
L'amour...
L’amour n’est pas tout fait… il se fait
Il n’est pas robe ou costume prêt à porter, mais pièce d’étoffe à tailler, à monter et à coudre. Il n’est pas appartement livré clefs en main, mais maison à concevoir, bâtir, entretenir, et souvent réparer.
Il n’est pas sommet vaincu, mais départ de la vallée, escalades passionnantes, chutes dangereuses, dans le froid de la nuit ou la chaleur du soleil éclatant.
Il n’est pas oui triomphant, énorme point final qu’on écrit en musique, au milieu des sourires et des bravos, mais il est multitude, « oui » qui pointillent la vie, parmi une multitude de « non » qu’on efface en marchant.
Ainsi être fidèle, vois tu ce n’est pas : ne pas s’égarer, ne pas se battre, ne pas tomber, c’est toujours se relever et toujours marcher.
C’est vouloir poursuivre jusqu’au bout, le projet ensemble préparé et librement décidé.
C’est faire confiance à l’autre au-delà des ombres de la nuit.
C’est se soutenir mutuellement au-delà des chutes et des blessures. C’est avoir foi en l’Amour tout-puissant, au-delà de l’amour.
Michel Quoist
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23/08/2011
Icône
A moins de regarder une personne et de voir la beauté en elle, nous ne pouvons l’aider en rien.
On n’aide pas une personne en isolant ce qui ne va pas chez elle, ce qui est laid, ce qui est déformé.
Le Christ regardait toutes les personnes qu’il rencontrait, la prostituée, le voleur, et voyait la beauté cachée en eux.
C’était peut-être une beauté déformée, abîmée, mais elle était néanmoins beauté, et Il faisait en sorte que cette beauté rejaillisse.
C’est ce que nous devons apprendre à faire envers les autres.
Mais, pour y parvenir, il nous faut avant tout avoir un cœur pur, des intentions pures, l’esprit ouvert, ce qui n’est pas toujours le cas… afin de pouvoir écouter, regarder et voir la beauté cachée.
Chacun de nous est à l’image de Dieu, et chacun de nous est semblable à une icône endommagée.
Mais si l’on nous donnait une icône endommagée par le temps, par les événements, ou profanée par la haine des hommes, nous la traiterions avec tendresse, avec révérence, le cœur brisé.
C’est à ce qui reste de sa beauté, et non à ce qui en est perdu, que nous attacherions de l’importance. Ainsi, nous devons apprendre à réagir envers chacun…
Anthony Bloom, moine orthodoxe
extrait de la revue Ombres et Lumière, n° 114, juin 1996
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18/08/2011
Quitter chez soi
Quitter chez soi et aller à la rencontre des autres n’est pas sans conséquences sur les identités.
En effet, si le voyage a permis une véritable rencontre, chacun devient différent au contact de l’autre. Toute rencontre est une confrontation qui laisse une trace en soi. Nous n’en sortons pas indemnes. Mais il faut accepter d’être vulnérable. Voyager c’est admettre d’être marqué par l’autre. Cela demande du temps passé chez l’autre à s’entendre, à se parler, s’apprivoiser et se faire confiance. On ne connaît pas une autre culture par un parcours chronométré. On peut avoir été dans un autre pays sans avoir été rencontré. Le tourisme peut habituer à l’idée que l’on change en échangeant, que la richesse d’une personnalité dépend de son degré d’ouverture à ce qui lui est étranger. Le touriste peut rapporter de son voyage de quoi nourrir sa propre renaissance. Finalement, vers qui est-il parti ? N’était-ce pas aussi un peu plus vers lui-même ? Au terme de tout voyage chez les autres, il en reste un autre à accomplir : le voyage intérieur pour y rencontrer sa propre étrangeté et son propre mystère. Il arrive qu’en entrant en soi-même, c’est encore un Autre que nous rencontrons. Dieu n’est-il pas en effet, comme le disait St Augustin, « plus intérieur à moi-même que moi-même » ?
P. JY Baziou dans Paix et Joie dans l’Esprit-Saint de juin-juillet 2011
En lisant ce texte, qui est la conclusion d'un article sur "Quitter chez soi pour rencontrer les autres", je me suis reconnu dans cette ligne spirituelle que je trace depuis plusieurs années. Mes recueils de poèmes "Les jours sans bagages" et "Terre d'envol" sont à la fois les balises et les valises de ce voyage.
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10/07/2011
Parabole du vitrail
Un vitrail dans la nuit est un mur opaque, aussi sombre que la pierre dans laquelle il est enchâssé.
Il faut la lumière pour faire chanter la symphonie des couleurs dont les rapports constituent sa musique.
C'est en vain que l'on décrirait ses couleurs, c'est en vain que l'on décrirait le soleil
qui les fait vivre.
On ne connaît l'enchantement du vitrail qu'en l'exposant à la lumière qui le révèle en transparaissant à travers sa mosaïque de verre. Notre nature est le vitrail enseveli dans la nuit.
Notre personnalité est le jour qui l'éclaire et qui allume en elle un foyer de lumière.
Mais ce jour n'a pas sa source en nous. Il émane du soleil,
du Soleil vivant qui est la Vérité en personne.
C'est ce Soleil vivant que les hommes cherchent dans leurs ténèbres.
Ne leur parlons pas du Soleil, cela ne leur servira de rien.
Communiquons-leur sa présence en effaçant en nous tout ce qui n'est pas de Lui.
Si son jour se lève en eux, ils connaîtront qui Il est et qui ils sont
dans le chant de leur vitrail.
La vie naît de la VIE.
Si elle jaillit en nous de sa source divine clairement manifestée, qui refusera de s'abreuver à cette source en l'ayant reconnue comme la Vie de sa vie ?
Maurice Zundel
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02/07/2011
La course
Lecture de la seconde lettre de saint Paul Apôtre à Timothée (4, 6-8. 17-18)
Me voici déjà offert en sacrifice, le moment de mon départ est venu. Je me suis bien battu, j’ai tenu jusqu’au bout de la course, je suis resté fidèle. Je n’ai plus qu’à recevoir la récompense du vainqueur : dans sa justice, le Seigneur, le juge impartial, me la remettra en ce jour-là, comme à tous ceux qui auront désiré avec amour sa manifestation dans la gloire. Tout le monde m’a abandonné; le Seigneur, lui, m’a assisté. Il m’a rempli de force pour que je puisse jusqu’au bout annoncer l’Évangile et le faire entendre à toutes les nations païennes. J’ai échappé à la gueule du lion; le Seigneur me fera encore échapper à tout ce qu’on fait pour me nuire. Il me sauvera et me fera entrer au ciel, dans son Royaume. À lui la gloire pour les siècles des siècles. Amen.
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