Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

24/12/2010

Noël 5

INCARNATION : LE VERBE S’EST FAIT CHAIR

enfant noel.jpgDans le Credo, nous chantons ces mots qu’il convient de méditer : « incarnatus de Spiritu Sancto ». Le Christ a pris chair par l’opération du Saint-Esprit. La chair et l’esprit sont souvent présentés comme formant la plus grande de toutes les oppositions. L’esprit lutte contre la chair, entend-on toujours dire. Et pourtant nous professons dans le Credo que, par l’Esprit, le Verbe éternel est devenu chair. Le mouvement se fait de l’Esprit vers la chair. Ce n’est pas là seulement le mystère de la naissance de Jésus-Christ, c’est aussi celui de notre propre incarnation. L’Esprit doit entrer dans notre propre chair, il doit devenir chair. C’est seulement ainsi que nous pouvons en faire l’expérience. Sans la chair, Dieu demeurerait sans visage en ce monde. Pour se faire homme, Dieu a besoin de la chair, afin que sur notre visage puisse rayonner le visage de Dieu. Tertullien a exprimé cela dans une formule célèbre : « Caro cardo salutis » : la chair est le point cardinal, l’articulation du salut ; il n’est pas de salut, pas de santé recouvrée, pas de rédemption qui ne passe par la chair.

Peux-tu, toi qui me lis, adhérer à cette assertion théologique, ou bien est-elle en contradiction avec ton expérience ? Peux-tu dire oui à ta chair, ou souffres-tu d’être incarné ? La chair, cela veut dire : ta beauté, mais aussi ta fragilité, ta maladie, ton corps qui vieillit ; ta force et ta faiblesse, ta pesanteur, ta susceptibilité et ta vulnérabilité ; les joies que procure le corps, mais aussi les souffrances qu’il apporte quand il n’est pas comme nous le voudrions. Rien ne peut nous blesser plus profondément que la moquerie qui s’adresse à notre corps. La sexualité est le siège du plus fort de tous les plaisirs, mais aussi le domaine où nous pouvons être le plus cruellement blessés. Dieu s’est fait chair : cela signifie qu’il entre dans notre chair, qu’il nous rencontre là où nous sommes fatigués au travail, où nous sommes pleins de force, pleins de tendresse, où nous avons faim et soif. Notre chair a le désir de Dieu. « Dieu, c’est toi mon Dieu, je te cherche, mon âme a soif de toi, après toi languit ma chair, terre sèche, altérée, sans eau », dit David (Psaumes, 63 [62], 2). Si Dieu exauce ce désir de ton corps, celui-ci s’épanouira. La lumière que tu irradies rayonne à travers ton corps. Si Dieu transforme ta chair, elle se changera en une perle où se reflétera en ce monde la lumière de Dieu. Alors, tu porteras dans ton corps, comme le dit un Père de l’Église, « la pierre précieuse, cette image de l’ineffable lumière qu’est le Seigneur ».

Anselm GRÜN, Petite méditation sur les fêtes de Noël, Albin Michel, Paris, 1999, p. 95-98.

23/12/2010

Noël 4

bandeau-1.jpgCrise, restrictions budgétaires, guerre des monnaies… C’est dans une ambiance plutôt morose que se prépare la fête de Noël cette année ! Et pourtant, la publicité va nous inviter de nouveau à hyper-consommer : cadeaux, repas, sortie, voyages… pour ceux qui le peuvent du moins !

Face à la misère qui submerge le monde et à la dégradation de l’environnement dont une des plus grave est le réchauffement climatique, ferons-nous l’autruche ? Noël sera-t-il réduit à une parenthèse où les problèmes sont mis de côté pour quelques heures, ou nous laisserons-nous interroger par ce que cet événement vieux de 2000 ans a à nous dire aujourd’hui sur la vraie richesse ?

 

Car la crèche de Noël vient une fois de plus nous rappeler que ce nouveau-né couché dans une mangeoire, c’est Dieu qui se fait pauvre et fragile. De ce fait paradoxal, le collectif chrétien « Vivre autrement » tire la conviction que les vraies richesses ne sont pas celles dont on nous parle tous les jours. Ce qui compte vraiment, c’est le bonheur du partage et de la solidarité. Partage de ce qui nous est donné par la Création, partage de ce que l’humanité se donne à elle-même : ces biens collectifs qu’elle se construit pour assurer à chaque individu dignité et épanouissement.

L’eau, l’air, la terre, la paix, la santé, la justice, l’éducation, autant de biens que nous avons en commun et qui n’ont pas de prix. Sommes-nous conscients de cette richesse et des menaces qui pèsent sur ces ressources (naturelles et institutionnelles) dont tous les humains doivent pouvoir profiter ?

Indispensables à tous, les biens communs contribuent grandement à la qualité de notre vie et à notre bien-être. Mais en ces temps de crise financière et d’endettement massif, la tentation est forte de réduire les dépenses affectées aux biens communs. Elle est encore plus forte de ne pas se préoccuper des biens publics mondiaux, telle la stabilité du climat, la biodiversité, etc. Dans ce contexte, il est important de défendre et promouvoir ces biens. Et cela commence par une prise de conscience de leur importance.

Nous avons une responsabilité commune à assumer, pour éviter la dégradation et la précarisation de ces ressources naturelles et institutionnelles. Qu’allons nous faire, individuellement et collectivement, pour nous offrir à nous-mêmes et aux générations futures un avenir humainement vivable pour tous ? Comment garantir une distribution à tous de l’eau potable, l’accès à l’enseignement, à la qualité de l’environnement, sans risque pour sa santé, à une justice impartiale, à un air pur, à une protection minimum contre les grandes pandémies ?…

Ne sommes-nous pas appelés à jardiner notre terre, c’est à dire veiller à ce qu’elle puisse se régénérer, plutôt que de la laisser s’épuiser ? Ne devons-nous pas développer une économie du don, plutôt que de marchandiser et de livrer au profit des biens communs destinés à tous ?

Source


22/12/2010

Noël 3

noel.jpgNoël, voici noël !
Trois mois avant la date fatidique, se met déjà en route la machine commerciale qui se clame comme porteur de joie pour les petits et les grands au travers de leur manigance bien rodée : la publicité dans tous ses états.


Noël, voici noël !
Les magasins se remplissent et se vident au rythme des jours qui s'écoulent. Plus le jour s'approche plus il y a de l'agitation et une sorte de procession presque religieuse de magasin en magasin pour dégotter le cadeau idéal.

Noël, voici noël !
Arrive le temps du choix des mets succulents et des entremets délicieux à l'exquise jubilation de nos papilles gustatives. Puis le remue-ménage annuel, ludique et redondant, qui transformera le salon, sinon toute la maison, en un lieu de festivité.

Noël, voici noël !
C'est le soir du 24 décembre, il est 20h00. La famille et les invités sont réunis autour de la table des délices. Le sapin, fier et beau comme un paon, se tient à l'orée de la patience des petits avec à son pied l'objet de leur curiosité et de leur émerveillement.

Noël, voici noël !
Il est finalement minuit au bonheur des enfants, des grands et surtout des commerçants...
Noël ne serait-il donc qu'une aubaine commerciale ou un sapin bien orné et de la déco ou un rassemblement de gens le temps d'un repas se culminant par un chassé-croisé de cadeaux et après, rien...? 
Oui, c'est bien le cas pour ceux qui ne connaissent pas la vraie raison de cette célébration mais pour nous ...

Noël c'est tout les jours car Jésus n'est pas venu pour un jour mais il est avec nous tous les jours et donc on doit le célébrer et être dans sa joie et sa paix à chaque instant, même si on fête sa venue en cette date symbolique qui est le 25 décembre.

Source

21/12/2010

Noël 2

661668232.jpgPourquoi ne changerions nous pas Noël en fête de la Solidarité ?

Je m’exprime à titre personnel.

En fêtant avec mes enfants, mes petits enfants qui n’apprécient même plus les cadeaux, qui sont blasés, alors qu’il y a des millions d’enfants qui n’ont pas un jouet ou des personnes agées esseulées, que personne ne va voir, plus tous les orphelins de toutes origines, cela me blesse.

En recevant beaucoup de témoignages, j’ai compris à quel point le monde devient “fou” et que nous entrons dans un système de plus en plus basé sur le matériel (je ne généralise cependant pas) !

Je ne suis pas là pour culpabiliser qui que ce soit, mais on devrait accueillir, comme cela se faisait dans le temps, des personnes que l’on croise et que l’on sait isolées. Ce serait déjà une façon d’aider les nôtres, et tous ceux qui sont sur le sol français. De toute façon, cela est personnel mais je tenais à vous faire part de mes réflexions.

Si je vous écris tout cela, c’est que j’ai vécu des expériences et que j’ai passé des Noëls avec mes trois filles dans des milieux aussi différents qu’un banquier et qu’un paysan. Et à ce moment là, le monde était plus ouvert et plus chaleureux.

Comme le disait Martin Luther King, “j’ai eu un rêve”, et mon rêve à moi était que Noël doit être une joie pour tout le monde.

Je ne peux hélas pas encore m’engager dans les aides sociales style soupe populaire pour des raisons de santé (mais la guérison est en vue).

Juste ma réflexion sur ces fêtes.

L’Optimiste.(source)

20/12/2010

Noël 1

amerind.gifEnfant, à Noel, Jésus n'était pour moi qu'une poupée de cire, immobile, sans expression. On célébrait sa naissance mais il ne semblait pas trop vivant, ni en moi, ni chez les autres. Noel c'était surtout le Père Noel, la visite, les cadeaux. C'était une fête mais une fête païenne sur fonds de liturgie. Le petit Jésus me semblait être un être bien frêle, bien démuni, bien faible. Je ne sentais pas de lien bien précis à ce petit Jésus. Pourtant, j'étais très pieux mais j'avais besoin d'un Jésus fort et puissant (…un peu comme les Juifs, ma foi) pour me réconforter, pour me consoler car je me sentais bien seul dans cet univers d'adultes.

Adolescent, j'ai complètement délaissé le Père Noel et… le petit Jésus et je vivais Noel de plus en plus comme une fête païenne faisant partie de la tradition et du folklore avec les copains et les copines dans les bars. Je ressentais un malaise à vivre Noel de cette façon sans trop savoir pourquoi, ayant l'impression d'avoir passé à côté de quelque chose.

Et puis un jour, devenu adulte et étant marié, j'en ai eu assez de fêter Noel de cette façon, à la façon des autres. Cette année là, la veille de Noel, j'ai refusé toutes les invitations et j'ai resté fin seul à la maison et, ce fut mon plus beau Noel. J'ai assisté à la naissance de Jésus en moi. Je me sentais ému pas sa petitesse, par sa fragilité, pas sa vulnérabilité. J'ai senti qu'il avait besoin d'être protégé autant que moi. Alors, lui et moi avons vécu caché pendant quelques années. Je me sentais étrange de ressentir, à l'occasion, cette présence en moi sans, presque jamais, la retrouver chez les autres. Je vivais dans un monde sans Dieu et pourtant je ressentais Jésus en moi. Si j'osais en parler, on me regardait bizarrement et on ne comprenait pas. En conséquence, je mettais de plus en plus de distance entre lui et moi jusqu'au jour où, en lisant Sainte Thérèse d'Avila, je compris qu'il était possible, voir même essentiel, de vivre Dieu. Ce que je ressentais était mon lien à Dieu, à Jésus et j'avais à lui donner plus de place et d'importance.

Qu'est Noel pour moi aujourd'hui?
C'est l'incarnation de Dieu, c'est Dieu incarné dans la chair en Jésus pour rejoindre, pour toucher, pour guérir mon humanité blessée et blessante et pour me sauver.

Me sauver de quoi? De moi-même, de mes blessures, de mes mécanismes hérités de mon vécu qui contribuent à ma perte. Jésus est le vrai visage de Dieu. "Qui m'a vu, a vu le Père". Noel est une invitation qui m'est lancée à faire une place à Dieu, de l'accueillir, de le laisser grandir en toute quiétude, de laisser Christ prendre toute la place en l'auberge de mon cœur, à la condition qu'elle ne soit pas occupée par trop d'intrus et qu'il puisse trouver place pour s'y loger entre le boeuf de mes instinct et l'âne de mon mental.

La crèche, c'est moi, c'est nous. Développons l'attitude de Marie: "Qu'il me soit fait selon ta volonté Seigneur" et méditons ces choses en notre cœur.

C'est ce que je nous souhaite à l'approche de Noel.
Heureux Noel à tous dans l'allégresse et dans la joie.

Robert (source)

20/09/2010

Interview L. Wilson

hommes-dieux-xavier-beauvois-L-1.jpgLa Croix Votre interprétation de l’Abbé Pierre dans « Hiver 54 » a ponctué votre carrière. Vous enfilez à nouveau l’habit religieux pour un rôle marquant, celui du Prieur de Tibhirine, Christian de Chergé, dans « Des Hommes et des dieux » de Xavier Beauvois. Comment avez-vous abordé cette expérience ?

Lambert Wilson : J’ai d’abord eu peur de me laisser enfermer dans l’image du spécialiste des rôles d’ecclésiastiques. Mais en réalité, les deux expériences sont assez éloignées. « Hiver 54 » était une fresque sur un événement presque plus politique que religieux. Il s’agissait d’incarner un homme en colère contre une injustice sociale. Avec « Des Hommes et des dieux », nous avons vécu, en tant que comédiens, une aventure très profonde qui nous a tous changés.

À quelques mois d’intervalle, j’ai aussi tenu le rôle du comte de Chabannes dans le dernier film de Bertrand Tavernier, « La Princesse de Montpensier » (sortie le 3 novembre). Une expérience encore différente, où j’incarnais un protestant à l’époque des guerres de religions. Ces personnages ont en commun d’avoir la foi comme principal moteur.

Comment avez-vous abordé le personnage du P. de Chergé ?

Il s’est d’abord passé quelque chose de l’ordre du petit miracle, qui fait qu’en tant que comédiens, nous nous sommes glissés dans ces habits-là de façon très évidente. Quelques jours de retraite à l’Abbaye de Tamié nous ont permis de nous imprégner de ces vies qui sont entièrement consacrées à Dieu. Mais le déclic est vraiment venu du chant, ce qui n’est pas étonnant lorsqu’on sait l’importance de cette pratique dans la vie des moines, avec sept offices par jour.

Le chant, comme la danse, sort les acteurs de leur intellectualisme. Dès qu’il y a chant, il y a partage. Il faut descendre de son piédestal, abattre ses cartes. En répétant, nous nous sommes ridiculisés, nous avons ri, nous nous sommes trouvés. Et nous avons été happés par la qualité de ces chants.

Ensuite, chacun est allé à sa manière au plus près de son rôle. Il s’agissait de rendre hommage à des personnes disparues qui sont encore très présentes à la mémoire de leurs proches. Nous nous sommes sentis très investis.

Êtes-vous sensible à l’univers monastique ?

Je me suis toujours senti attiré par cette vie. Je trouve les abbayes et les monastères très beaux, notamment dans une région qui m’est chère, la Bourgogne, avec ce mélange si particulier de minéralité et de spiritualité. Je suis fasciné par les cloîtres, cette présence du ciel au-dessus de ce qu’on peut voir comme une réduction du monde.

Indépendamment de mes réflexions spirituelles, dans ma vie de tous les jours, j’ai facilement recours à la musique des moines ou, d’une manière plus générale, à la musique religieuse pour accomplir certaines tâches. Je sors ainsi du temps contemporain, que je ne supporte plus, et j’entre dans un autre temps.

Le temps s’est tellement accéléré que les hommes restent sur le carreau. Moi aussi. Le rythme que nous nous imposons ne me paraît plus humainement supportable. Hélas, je ne pourrais pas être moine, j’ai trop de choses à faire dans ce monde…

De quoi vous sentez-vous plus riche après ce rôle ?

Cela m’a fait du bien de me débarrasser du détail, de l’ici et du maintenant. J’étais en habit. Je me sentais bien avec ce vide-là.

Depuis la fin du film, je perds tout, comme si, inconsciemment, je ne voulais plus des objets. J’ai touché là un essentiel qui me correspond très bien. Je le répète, je ne suis pas prêt à devenir moine, mais il me plairait de l’être de temps en temps. D’ailleurs, mes amis proches m’appellent parfois frère Lambert et il y a, chez moi, en Bourgogne, quelque chose qui ressemble à la vie monacale.

Tout cela m’a permis de reconnaître l’essentiel, même si je me débats encore avec beaucoup de choses futiles. J’ai vécu une sorte d’éblouissement mystique, dont je suis revenu, mais, après avoir été longtemps ambigu par rapport à cette question, j’assume aujourd’hui beaucoup mieux le fait de croire. En revanche, je suis toujours aussi peu à l’aise avec les dogmes.

N’êtes-vous pas engagé sur une sorte de chemin de dépossession ?

Ce n’est pas très pratique lorsqu’on est comédien, mais beaucoup de choses me paraissent tomber d’elles-mêmes. En rentrant du tournage, je me suis intéressé différemment à ceux qui m’entourent. Je leur ai posé des questions sur leurs croyances. Aujourd’hui, je leur demande davantage comment ils vont plutôt que ce qu’ils font. Ce qui est de l’ordre du compassionnel prend une importance croissante dans ma vie.

Comment fait-on exister la foi à l’écran ?

Xavier Beauvois a eu l’instinct de choisir des acteurs pour qui la question de la foi était une chose donnée, comme Michael Lonsdale. Ou qu’il pensait capables d’avoir assez de candeur pour aller dans cette direction sans posture cynique. Je pense que c’est pour cela que nous avons pu, de manière désinhibée, nous exposer ensemble dans ce bain-là.

 

Recueilli par Arnaud SCHWARTZ pour La Croix