05/12/2008
L'espérance
La foi que j'aime le mieux, dit Dieu, c'est l'espérance. La foi, ça ne m'étonne pas, ce n'est pas étonnant. J'éclate tellement dans ma création.
Mais l'espérance, dit Dieu, voilà ce qui m'étonne. ça c'est étonnant, que ces pauvres enfants voient comment tout ça se passe et qu'ils croient que demain ça ira mieux, qu'ils voient comment ça se passe aujourd'hui et qu'ils croient que ça ira mieux demain matin. ça c'est étonnant et c'est bien la grande merveille de notre grâce.
Et j'en suis étonné moi-même. Il faut, en effet, que ma grâce soit d'une force incroyable, et qu'elle coule d'une source et comme un fleuve inépuisable. La petiteespérance s'avance entre ses deux grandes soeurs, et on ne prend seulement pas garde à elle.
Sur le chemin du salut, sur la route interminanble; sur la route entre ses deux soeurs, la petite espérance s'avance. C'est elle, cette petite, qui entraîne tout. Car la foi ne voit que ce qui est, et elle, elle voit ce qui sera. La charité n'aime que ce qui est, et elle, elle voit ce qui sera. La foi voit ce qui est dans le temps et l'éternité. L'espérance voit ce qui sera dans le temps et l'éternité. Pour ainsi dire dans le futur de l'éternité même.
Charles Péguy
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02/11/2008
Journée de prière pour les défunts
« Vous, au moins, vous avez bien de la chance de croire ! »
Qui d’entre nous n’a pas entendu cette petite remarque à l’occasion de l’enterrement d’un parent, d’un ami ou d’un collègue de travail ? Il est en effet des incroyants qui, à l’occasion d’un deuil ou d’une souffrance un peu publique, envient notre foi.
Eh bien oui, c’est vrai, nous avons bien de la chance de croire. Oh… non pas que ce soit toujours facile, ou que nous ayons réponse à tout !… mais il est vrai que la résurrection de Jésus éclaire pour nous d’un jour tout à fait nouveau cette expérience douloureuse que nous faisons tous de la mort de parents ou d’amis. Et cette foi est même telle, qu’elle nous pousse à une triple audace, lorsque nous osons regarder la mort en face dans un monde qui cherche à la camoufler, lorsque nous nous refusons à justifier l’absurdité de la mort alors qu’on nous demanderait spontanément d’« innocenter » Dieu - comme si Dieu voulait la mort ! -, et lorsqu’enfin nous faisons remarquer que la vraie mort n’est pas toujours celle qu’on croit.
Oser regarder la mort en face, voilà bien une première audace dans une société qui a si peur de la mort qu’elle recourt à toutes les périphrases pour n’avoir pas à prononcer ce mot de « mort ». On parle du « défunt » mais pas du « mort » ; on dit qu’il est « décédé », on n’ose pas dire qu’il est mort. C’est un mot trop cru, trop réaliste. On préfère dire qu’on a « perdu » un parent, plutôt que dire qu’il est mort. En envisageant la mort de quelqu’un, on se garde bien d’employer le mot-tabou, mais on dit : « on ne sait jamais… s’il lui arrivait quelque-chose… »
Taire la mort, voilà ce que notre société s’évertue à faire… la masquer, la gommer au maximum. Finis les rites de deuil, les crêpes noirs !… Même les corbillards se font discrets, gris passe-partout ! On fuit tout contact avec cette réalité. L’environnement urbain nous incite d’ailleurs à venir mourir à l’hôpital, entre deux paravents ou dans une chambre seule, pour ne pas gêner les regards… le plus souvent loin de chez soi, car personne n’aime veiller un cadavre dans son appartement.
Oui, c’est une fameuse audace, aujourd’hui, que d’oser regarder la mort en face… tout comme c’est une fameuse audace pour l’Eglise que de référer son message de salut à la mort d’un crucifié, le 7 avril de l’an 30, à Jérusalem. Songez que notre Credo ne gomme rien, n’atténue rien de la réalité horrible de la mort de Jésus : « Il a été crucifié, est mort et a été enseveli ». Et je repense à ce que me disait un jour une jeune femme, non catéchisée, rencontrée dans le cadre de sa préparation au mariage : elle me disait que ce qui l’étonnait le plus dans les églises, c’était qu’on y représente Jésus en croix, un homme nu plein de sueur, de poussière et de sang, …ça lui semblait presque de mauvais goût !
Eh bien, oui, ce crucifié de Jérusalem qu’au long des siècles les chrétiens, après les apôtres, déclarent Vivant, ce crucifié qui a pris notre mort pour nous donner sa vie, celui-là donc nous libère de ce tabou qu’est la mort, et nous invite à la regarder en face, pour l’affronter lucidement.
Mais notre audace de chrétiens va encore plus loin !
Nous essayons de regarder la mort sans tricher et, plus encore, nous nous refusons à la justifier. Nous ne voulons pas cacher son côté absurde, et n’avons pas à justifier l’injustifiable.
Sans doute vous est-il arrivé d’être, comme chrétiens, pris à parti par des collègues ou amis révoltés par un deuil qui les frappaient. « Ton bon Dieu, pourquoi laisse-t-il faire des choses pareilles ? » Quiconque a souffert comprend cette révolte et, par respect pour cet homme qui souffre, évitera les pieuses paroles de consolation un peu faciles.
D’ailleurs, je n’ai pas à « innocenter » Dieu, pour la bonne et simple raison que Dieu ne veut pas la mort. Il ne se réjouit pas de la perte des vivants, déclare l’auteur du livre de la Sagesse dans la Bible. A cette question : « Pourquoi la souffrance ? Pourquoi la mort ? », je n’ai pas de réponse toute faite. Mais, mieux qu’une réponse théorique, la foi de l’Église m’offre le visage d’un Dieu venu partager les souffrances et jusqu’à la mort des hommes, pour les inviter à traverser avec Lui la mort. Oui, c’est vrai, la résurrection de ce crucifié éclaire pour nous d’un jour tout à fait nouveau sa mort et notre propre mort !
Désormais, en effet, toute souffrance est un peu sa souffrance ; toute mort participe à la mort du Christ ; le plus solitaire des vieillards ou des malades peut se reconnaître en Jésus crucifié et attendre de Lui la résurrection.
Bien loin de vouloir justifier la mort, nous reconnaissons que nous touchons là au mystère de Jésus crucifié. Mieux que de grands discours pour justifier la mort, Dieu nous donne son Fils pour la combattre de l’intérieur même. Rappelons-nous ce mot de Pascal : « Jésus sera en agonie jusqu’à la fin du monde. Il ne faut pas dormir pendant ce temps-là ! »
Enfin, troisième et dernière audace, après avoir regardé la mort en face et après avoir renoncé à vouloir à tout prix la justifier : nous refusons de nous laisser aveugler par les larmes, car la vraie mort n’est pas toujours celle qu’on croit !
Jésus lui-même nous met en garde : « Ne craignez rien de ceux qui tuent le corps, mais ne peuvent tuer l’âme… Craignez plutôt Celui qui peut faire périr âme et corps ! » Il y a des vies qui n’en sont pas, et, comme le dit la Bible, il y a des gens qui, à peine nés, ont quasiment cessé de vivre, tant leur vie semble inconsistante. Il y a des gens qui vivotent ; il y a des morts-vivants ; tels ces Pharisiens à qui Jésus dit en substance : « Mais regardez-vous : vous êtes de véritables sépulcres, de véritables tombeaux, car votre vanité vous empêche de vivre ! » Oui, la vie que nous promet Jésus, c’est bien autre chose que la survie biologique. Cette vie qu’il nous promet, elle est déjà commencée pour ceux qui n’ont pas peur de suivre ses pas. Et cette vie-là, elle n’est pas près de finir !
Oui, nous avons bien de la chance de croire en Jésus Ressuscité !
Grâce à Lui nous pouvons regarder la mort sans tricher.
Grâce à Lui nous pouvons traverser la mort sans nous y arrêter.
Grâce à Lui notre vie quotidienne a un goût d’éternité.
Devant la mort qui nous fait souffrir, faisons donc nôtre, avec confiance, la prière du bon larron : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume ! »
Source Port Saint Nicolas
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01/11/2008
Communion des saints
Le Christ est la seule pierre sur laquelle repose notre foi. Cependant sur ce chemin, nous pouvons nous aider les uns les autres à avancer, à croître. C’est là le sens de la communion des Saints.
Par notre baptême, nous ne sommes plus « des étrangers, ni des hôtes », nous sommes « concitoyens des saints », nous sommes « la maison de Dieu (Ep 2,19). Au jour de découragement, de lassitude, de doute, il est bon de nous appuyer sur la foi de nos frères et sœurs dans le Christ, de mettre nos pas dans les leurs, de nous laisser porter par leur prière. A la manière du chapelet, la litanie des saints s’égrène, nous donnant de contempler ses témoins d’hier et d’aujourd’hui et nous invite à prendre place parmi eux.
Dieu seul est Saint
La Sainteté est une caractéristique propre à Dieu selon la tradition biblique. Cependant en feuilletant sa Bible, on remarque que de nombreux personnages, objets, et lieux sont qualifiés de saint. Non qu’ils le soient en soi, mais parce qu’ils entretiennent une relation nouvelle (ou renouvelée) d’Alliance et de dépendance envers Dieu. Il leur est donné de participer à la sainteté de Dieu. Lui, seul sanctifie !
Les premiers Chrétiens, renouvelés par l’Alliance nouvelle scellée en Christ, sont ainsi salués par Paul dans ses lettres : « A tous les saints, à vous grâce et paix… » (2 Co 1,2) « Aux saints et fidèles dans le Christ… » (Ep 1,1) « Saluez chacun des saints dans le Christ Jésus… » (Ph 4,21).
La sainteté n’est pas un état, mais un appel de Dieu, une longue route à parcourir où Dieu, peu à peu, nous façonne à sa ressemblance : « Soyez saints, car moi, le Seigneur votre Dieu, je suis saint… » (Lv 19,2) ; « Vous donc vous serez saints comme votre Père céleste et saint. » (Mt 5,48).
En communion avec tous les saints
Chaque jour, dans la liturgie de l’Eglise, un saint est célébré. Souvent en quelques lignes, son témoignage et sa vie nous sont résumés en introduction aux lectures du jour dans nos missels ou autres livrets. Prendre le temps de les lire, nous donne de colorer différemment la lecture de l’Evangile du jour et de faire connaissance avec nos frères aînés dans la foi. Lors des baptêmes, de la liturgie pascale, des professions religieuses et des ordinations, la litanie des saints est chantée. Elle nous remet en mémoire la longue histoire d’un peuple en marche. Nous prenons notre place dans ce cortège que forme la multitude des saints au long des siècles : saints reconnus et célébrés par l’Eglise, mais aussi saints anonymes dont l’offrande humble demeure cachée.
Saints et saintes de Dieu, priez pour nous
Suivant notre sensibilité, il nous est plus ou moins facile de prier les saints, car le seul à qui revient toutes louanges et prières, c’est Dieu. Cependant, nous glisser dans la prière et le témoignage de ceux qui ont terminé leur course, peut éclairer notre marche. Lorsque l’Église canonise un saint, elle reconnaît en cette personne, sa manière particulière de vivre l’Evangile (selon son époque, sa culture, sa personnalité) comme ayant une valeur d’enseignement et d’encouragement pour le peuple chrétien. Certains saints nous parlent plus que d’autres. Découvrir leur vie, leur message jusqu’à nous en faire des amis intimes, peut inspirer notre manière propre de marcher à la suite du Christ.
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05/10/2008
Creuser son puits
« Je suis dans un désert. Tout est sec autour de moi, dur, plat jusqu’à l’horizon, minéral.
Je m’obstine à creuser un puits.
Ma foi se résume en un seul article, simple mais essentiel. Je l’ai déjà dit : je crois qu’il y a là-dessous de l’eau.
Je n’en ai aucune preuve, mais personne ne peut non plus me prouver le contraire. Une fois qu’on croit cela, il n’y a plus qu’à creuser.
La ligne de partage entre l’être humain passe par là : entre ceux qui croient en l’eau profonde et ceux qui n’y croient pas.
Croire que cette nappe existe, c’est aussitôt admettre que la vie n’est pas stupide, que le monde, si inhumain soit-il, a du « sens » et que nous pouvons y vivre ; nous avons des raisons d’y vivre.
Ce sens que peut prendre une existence d’homme, le fils d’un charpentier de village l’a formulé et vécu il y a 2000 ans : c’est pourquoi je creuse mon puits dans vos évangiles »
Jean Onimus dans « Le perturbateur »
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03/10/2008
L'instant
Lue dans La Vie aujourd'hui, une réflexion du poète Philippe Mac Leod sur les rapports entre l'instant et l'infini:
"L'instant par lui-même est une grâce, un au-delà donné quand on a tout accepté, une sorte de traversée, la perle d'un temps assumé. Il a la beauté franche de l'azur. Il devient prière, comme si le coeur de la vie s'ouvrait pour nous révéler son secret de lumière et d'éternité."
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14/09/2008
Fête de la Croix glorieuse
Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Philippiens (2, 6-11)
Le Christ Jésus, lui qui était dans la condition de Dieu, n’a pas jugé bon de revendiquer son droit d’être traité à l’égal de Dieu ; mais au contraire, il se dépouilla lui-même en prenant la condition de serviteur. Devenu semblable aux hommes et reconnu comme un homme à son comportement, il s’est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu’à mourir, et à mourir sur une croix.
C’est pourquoi Dieu l’a élevé au-dessus de tout ; il lui a conféré le Nom qui surpasse tous les noms, afin qu’au Nom de Jésus, aux cieux, sur terre et dans l’abîme, tout être vivant tombe à genoux, et que toute langue proclame : “Jésus Christ est le Seigneur”, pour la gloire de Dieu le Père.
Les sept dernières paroles du Christ
(en écoutant Heinrich Schütz)
Matthieu 27:46
Et vers la neuvième heure Jésus clama en un grand cri : " Éli, Éli, lema sabachtani ? ", c'est-à-dire : " Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? "
Marc 15:34
Et à la neuvième heure Jésus clama en un grand cri : " Élôï, Élôï, lema sabachthani ", ce qui se traduit : " Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? "
2
Luc 23:34
Et Jésus disait : " Père, pardonne-leur : ils ne savent ce qu'ils font. " Puis, se partageant ses vêtements, ils tirèrent au sort.
3
Luc 23:43
Et il lui dit : " En vérité, je te le dis, aujourd'hui tu seras avec moi dans le Paradis. "
4
Jean 19:26-27
Jésus donc voyant sa mère et, se tenant près d'elle, le disciple qu'il aimait, dit à sa mère : " Femme, voici ton fils. "
Puis il dit au disciple : " Voici ta mère. " Dès cette heure-là, le disciple l'accueillit chez lui.
5
Jean 19:28
Après quoi, sachant que désormais tout était achevé pour que l'Écriture fût parfaitement accomplie, Jésus dit : " J'ai soif. "
6
Luc 23:46
et, jetant un grand cri, Jésus dit : " Père, en tes mains je remets mon esprit. " Ayant dit cela, il expira.
7
Jean 19:30
Quand il eut pris le vinaigre, Jésus dit : " C'est achevé " et, inclinant la tête, il remit l'esprit.
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