22/04/2009
Si je pars en voyage...
Si je pars en voyage, il ne suffit pas de savoir où je veux aller, il me faut aussi savoir quelle route prendre, à partir du point de départ jusqu’au point d’arrivée. La vie chrétienne, c’est comme un voyage que Dieu nous invite à faire avec lui. "Le Seigneur dit à Abraham : Quitte ton pays !" Vivre en chrétien, c’est toujours partir, sortir de soi-même, accepter un exode, une manière de vivre différente. Il nous faut donc nous libérer des faux abris à l’intérieur desquels nous nous recroquevillons par peur de perdre nos sécurités. Dieu nous appelle en effet à monter vers lui, à nous unir à lui, à partager sa propre vie pour nous diviniser. Dieu nous aime vie tellement qu’il nous a créés en sorte que nous ne trouvions qu’en lui notre plein accomplissement. Au départ de la vie chrétienne, il y a donc toujours un appel de Dieu : "Viens, suis-moi !" et une réponse de notre part. Cette réponse, c’est une aventure sur des routes inconnues, comme Abraham qui quitte son pays sans trop savoir où il va, comme les mages qui suivaient l’étoile sans savoir où elle les conduiraient. Mais celui qui répond à cet appel de Dieu, à cette aventure de la vie avec Dieu, est amené à se débarrasser de toutes ses entraves. Il éprouve le sentiment de devenir vraiment un homme libre. (B. Prévost - Dimanche en Paroisse)
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19/04/2009
St Thomas
Dans les récits bibliques qui relatent l'événement de Pâques, il y a un personnage haut en couleurs: l'apôtre Thomas. Haut en couleurs principalement pour la réputation dont la tradition l'a affublé. C'est, dit-on, un incrédule. Il veut des preuves. Il veut toucher. Son attitude est tellement retentissante, qu'une expression en est née: «incrédule comme Thomas». Nous taquinons nos amis qui doutent de nos propos quand nous leur déclarons: «Tu es un saint Thomas!»
Pourtant, à regarder de plus près le texte évangélique, c'est plutôt un croyant, et même un grand croyant, que nous rencontrons en saint Thomas. Il dit: «Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt à l'endroit des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je n'y croirai pas.» (Jean 20, 25) Voilà une affirmation de foi importante: Thomas croit ou veut croire en reconnaissant dans le Christ celui qui a souffert et est mort. Il ne veut pas ignorer la passion. Bien au contraire. La mort du Christ fait partie de sa foi au même titre que sa résurrection. Celle-ci ne vient pas cacher le scandale de la croix; elle en montre plutôt la fécondité.
Le Ressuscité apparaît huit jours plus tard. Thomas est présent. Et le Seigneur lui dit: «Avance ton doigt ici, et vois mes mains; avance ta main, et mets-la dans mon côté; cesse d'être incrédule, sois croyant.» (Jean 20, 27) Autrement dit: reconnais le crucifié dans celui qui apparaît en ressuscité. Sois croyant jusque-là. La résurrection ne nie pas la passion. Elle en montre toute la fécondité. Dieu a suscité de la vie au creux de la mort. Thomas est invité à reconnaître en celui qui est vivant devant lui celui qui était réellement mort quelques heures auparavant.
Le témoignage de Thomas nous invite nous-mêmes à proclamer une foi qui ne gomme pas la mort et la souffrance du Christ. Bien plus, nous croirons en voyant les marques de la souffrance sur les hommes et les femmes que nous côtoyons. Nous croirons en touchant les blessures humaines, en portant secours à nos semblables qui traversent leur propre passion. Une foi qui ressemble à celle de Thomas est une foi qui s'exprime dans le dévouement auprès des plus petits, ceux et celles qui vivent des moments difficiles. Être incrédule, c'est se tenir à l'écart du service des autres. Être croyant, c'est s'engager avec Dieu dans le processus de résurrection de ceux et celles qui subissent des épreuves.
Thomas mérite donc une place d'honneur. Il veut toucher pour croire. Toucher la souffrance que Dieu transforme en vie, toucher la mort que Dieu fait déboucher sur la résurrection.
Denis Cagnon op
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18/04/2009
Le miel, pain des poètes
Le miel élève l’esprit et renforce le corps. C’est ainsi depuis la nuit des temps. Pythagore a, paraît-il, suivi toute sa vie un régime à base de miel. Dans l’Antiquité, entre deux courses, les athlètes olympiques se requinquaient à coup d’eau miellée (c’était avant le dopage à l’EPO). Et surtout, il inspire les artistes. C’est bien simple, s’ils ne devaient consommer qu’un aliment, ce serait celui-là (on imagine mal, c’est vrai, un artiste se mourir exclusivement de rognons sauce madère). Qu’importe, le miel est vraiment l’aliment des poètes. Prenez notre Victor Hugo national (qui n’était pas le dernier à table) dans Quatre-Vingt-Treize : « Rien ne ressemble à une âme comme une abeille (…) et elle rapporte le miel comme l’âme rapporte la lumière. » Il devait probablement, comme nous, se régaler de miel d’acacia, de romarin, de châtaigner, de lavande ou de sapin. Il devait sûrement étaler du miel crémeux, liquide, au goût de noisette ou épicé sur du pain bis. Comme nous. Et seulement après, repu et satisfait, il écrivait de beaux vers (pas comme nous). Alors, à tous ceux qui ne sont pas de grands poètes, mais de simples cuisiniers, ce modeste conseil : osez accommoder le miel avec vos plats du dimanche. Essayez d’ajouter une cuillère de toutes fleurs lorsque vous poêlez du chou trouge, avec votre tajine d’agneau ou votre magret de canard. Et goûtez. Oui, votre ventre est heureux… et votre âme aussi.
Le poète romantique Coleridge a un jour écrit ces vers sublimes : « Forthe honey dew hath fed/ And drunk the milk of Paradise. » Ce qui, en français, donne : « Car il s’est nourri de la rosée du miel/ Et a bu le lait du Paradis. » Décidément, ces gens-là ont tout compris à la gastronomie.
Johanna Luyssen dans La Vie n°3320
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13/03/2009
Etre poète aujourd'hui
être
d’abord
- Se réaliser dans une activité ambiguë par un travail de distanciation ;
- s’endormir pour s’ouvrir aux caresses esquissées de l’inconscient, aux couleurs imperceptibles de la nuit, aux murmures inaudibles qui s’évaporent de l’incertitude des tréfonds ;
- s’éveiller, dans un sursaut de communication, pour accueillir les gestes de la vie, les mouvements de la conscience, les cris qui condensent l’angoisse du réel.
ensuite
- Apporter la parole à la table du banquet de l’écoute ;
- composer le texte comme cristaux de pensées germant sur la rétine du lecteur ;
- traverser les murs de l’indifférence au poème.
enfin
- N’avoir peur ni des mots ni des espaces qui les bornent et les créent ;
- reconnaître à leur chant les autres poètes dispersés dans les humaines tribus de tous totems, de toutes couleurs et de toutes langues ;
- exister unifié sous le triple signe du rêve, de l’aventure et de la vertu.
poète
d’abord
- Témoigner du mariage des deux spirales qui engendreront la tension intime du poème, les sons pour engrosser la plate mémoire, jouir aux jeux incandescents du souffle et du silence, le sens pour encercler d’or natif l’absurdité, orner de gemmes hyalines la banalité, couvrir de nacres humides l’originalité ;
- préméditer le crime fondateur qui poignarde les syntaxes sacrées, égorge les figures du discours, écartèle la phrase pour en recomposer les membres autrement ;
- inventer les maillons manquants dans la chaîne des symboles, le collier des correspondances, le bracelet des métaphores.
ensuite
- Travailler l’écume foisonnante des projets de textes du poème en expérimentant cent arrangements également possibles ou impossibles ;
- travailler encore le remous des textes du poème en comparant dix trajets également probables ou improbables ;
- travailler encore et encore ne retenir que le poème certain, cri purifié, improvisation méthodique, aveu authentifié.
enfin
- Extraire la parole concrète des lexiques abstraits ;
- sublimer du nouveau en chauffant du très vieux ;
- précipiter du sang en projetant de l’eau.
aujourd’hui
d’abord
- Rester ancré aux rochers souillés de ce monde et assumer sa réalité parfois insoutenable : nous parlons des étoiles et savons les ghettos, nous chantons la vie et savons les massacres, nous exaltons la fraternité et savons les génocides ;
- accepter que s’engager dans l’affrontement avec les mots n’économise pas la nécessité de prendre parti dans la bataille au sujet des idées qui rampent dans la peur brune, des actes qui s’insinuent dans la lâcheté molle, des omissions qui gangrènent l’indifférence transparente ;
- comprendre que lutter contre les ténèbres implique le risque de se brûler aux feux que peuvent allumer et nourrir les fragiles lumières de l’espérance, de l’amour et de la raison.
ensuite
- S’approprier les moyens que les techniques nous apportent, quitte à les détourner au service de notre art, au lieu d’en prendre peur et d’en dévaluer les potentialités ;
- contribuer à leur transformation en nous souvenant qu’ils sont création d’une créature assumant le péché initial de la connaissance, et qu’il nous appartient de les baptiser dans les eaux de notre passion d’écrire et de parler ;
- leur imaginer et assigner de nouveaux usages, accomplissant ainsi notre vocation inventive.
enfin
- Vivre avec vivacité, poète parmi les vivants poètes ;
- honorer l’assemblée des disparus, en prêtant notre voix à leurs écrits ;
- attendre dans la patience l’enfant poète déjà conçu mais encore inconnu : il saura transformer le monde.
Vu le site Adamantane
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03/03/2009
A quoi sert un artiste?
A quoi sert un artiste ? Que seraient la Bretagne si elle n’était dansée, les Caraïbes si elles n’étaient pas racontées, l’Algérie si elle n’était chantée ? L’esclavage s’il n’y avait le blues ? Ne resterait que l’esclavage !Ceux qui vivent de l’audace des autres manquent-ils à ce point de respect pour leurs frères humains, les saltimbanques, pour si peu considérer ces hommes et ces femmes qui accompagnent leurs enfers et entrouvrent leurs paradis en disant, chantant, et dansant leurs morts et leurs vies ? A quoi servent les artistes dans ce monde qui préfère les chiffres aux lettres et dont la folie des chiffres menace de nous faire chavirer dans le chaos ?Que celui qui n’a besoin ni de chansons, ni d’images, ni de poèmes, ni de romans, ni de films, ni de pièces de théâtre, ni de musique, pour que se dise sa vie quand il ne sait plus la dire, pour que s’écoule son chagrin quand il ne sait plus pleurer, que celui-là tranche la gorge aux oiseaux. Que celui qui n’a pas besoin d’artiste retienne ses larmes à jamais et brise par avance ses éclats de rire.
Yvon Le Men, poète
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31/01/2009
Lexique pour temps de crise
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