16/01/2010
Un seul Dieu, 3 religions
C'était hier soir à l'égliseSt Jacques de Pouzauges. Un spectacle de haute qualité:
"Un seul Dieu, trois religions"
Des croyants en quête de Dieu se rencontrent, s’interpellent, nous interrogent : mais qui donc est Dieu ?
Au début s’élèvent trois prières : le Qaddish des Juifs, le Notre Père des chrétiens, la Fatihah des musulmans. Chacun s’adresse à Dieu dans sa tradition. Et chacun laisse s’exprimer la tradition des autres. Alors peut commencer un dialogue entre trois croyants que l’histoire sépare mais que l’affirmation du Dieu unique et créateur rassemble.
♦ Nos expressions sont si diverses ! Le juif n’ose pas s’adresser directement à Dieu. Dans le Qaddish, il chante et bénit « le grand Nom », le nom imprononçable. Transcendance.
♦ Le chrétien ose le tutoiement et murmure un nom plus familier : « Notre Père ». Le Très-Haut est devenu le tout-proche.
♦ Le musulman se méfie de cette proximité trop familière, trop… humaine. Dieu est souverain ! En même temps, parce qu’il est toute grandeur, il est toute bonté, toute miséricorde.
♦ Sommes-nous au moins d’accord sur ce point : donner au Dieu unique, créateur de toutes choses, les mots de nos prières, cela nous engage, nous ?
Tous trois se disent enfants d’Abraham mais ils se réfèrent l’un à Moïse et à la Torah, l’autre à Jésus et à l’Évangile, le troisième à Mohamed et au Coran. Néanmoins, quand ils s’adressent au Dieu unique, ils redécouvrent une fraternité première sous les blessures de l’histoire. Et les chrétiens, dont je suis, disent avec saint Paul que le Christ, sur la croix, fait tomber le mur de la haine.
Pendant un peu plus d’une heure, au milieu d’images et de musiques d’Orient et d’Occident, le juif, la chrétienne et le musulman ouvrent à nouveau les livres fondateurs : Torah, Ancien et Nouveau Testaments, Coran. Livres lus, relus et commentés par saint Augustin (5e siècle) ou Blaise Pascal (17e siècle), Djalal-od-Dîn Rûmi ou Ibn Ul-’Arabi (13e siècle), par les Hadith du Prophète (propos transmis par la tradition, 7e siècle) ou telle légende juive du Moyen Âge (12e siècle)…
Devant nous, le juif, la chrétienne et le musulman vont dialoguer, chercher des points d’accord et affirmer leurs différences – et donc leur identité. Ils vont méditer sur la révélation que Dieu fait de lui-même, sur sa recherche d’amitié avec les êtres humains, sur les résistances que ceux-ci lui opposent.
Le juif n’ignore pas le début de l’évangile de Jean et sait que la lettre de saint Jacques (À quoi bon dire qu’on a de la foi, si l’on n’a pas d’actes !) reprend le prophète Ézéchiel. Le musulman continue sur la lancée en puisant dans les Hadith du Prophète. Il connaît même -comme tout le monde ?- la fin de la parabole du Bon samaritain ! La chrétienne et le juif, à deux voix, citent Moïse, les prophètes et les psaumes. Saint Augustin et Pascal prolongent Djalal-od-Dîn Rûmi et Ibn Ul-’Arabi. Mieux que nous sans doute, les écrivains et les artistes montrent que la vérité est toujours insaisissable et qu’elle nous tire en avant.
Utopie que ce dialogue ? Peut-être. Utopie est la terre de nulle part, quête d’harmonie et recherche du bonheur. Par le biais de la fiction, l’utopie critique les évidences et les partis pris. Qu’avec ce dialogue, la foi de chacun plonge dans l’océan de l’amour divin. Que nous en ressortions, étonnés, pour vivre en ce monde-ci, comme les fils et les filles du Dieu UN, seulement reliés par les brins de paille de la fraternité…
C’est en effet sur le conte des brins de paille, un conte juif, donc universel, que s’achève doucement le spectacle avant une dernière prière : Seigneur, prends pitié de nous-mêmes afin que nous soyons des artisans de paix ! Prière prononcée en novembre 1986 à Assise par les représentants des grandes religions du monde invités par le pape Jean-Paul II. C’était il y a plus de vingt ans. C’était hier.
Gérard Billon
Scénario : Gérard Billon
Metteur en scène : Pierre Lebrun
Comédiens : Sabrina Warnery, Omar Cherrouk, Michel Duchemin
Conception images et musique : René Martin
Régie : Jean-françois Raimbault, Mohammed Diouani
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06/01/2010
Le retard des mages
Quand on installe la crèche à l’église ou à la maison, on y met les différents personnages, souvent en avance, bien avant le jour de Noël : Marie, Joseph, les anges, les bergers, un rapide décor de grotte… L’enfant Jésus est apporté dans la nuit de la Nativité. Le tout dans une douce lumière et beaucoup de simplicité.
Et puis il y a les mages, aux couleurs de peau bien particulières, leurs tenues chamarrées, avec leurs cadeaux et un habituel cortège de chameaux. Et ces trois rois, reconnaissons qu’on ne sailt pas trop quoi en faire avant l’Epiphanie ; alors, soit on les remet dans leur boîte jusqu’au jour de leur fête, soit on les cache loin du « petit Jésus » comme s’ils devaient être pénalisés de ne pas arriver à temps. Nombreuses sont les légendes, les chansons sur l’histoire des rois mages, et elles multiplient les raisons de leur arrivée tardive auprès du grand roi : le voyage a été long depuis leur Orient lointain, ils ont été attaqués par des bandits, un de leurs chameaux s’était blessé à une patte, etc.
Les récits de l’Evangile nous apprennent qu’il ne s’agit nullement d’un retard par rapport au jour de la naissance de Jésus et à l’arrivée des bergers qui semble immédiate dans la nuit, grâce à l’appel des anges. Nulle concurrence entre eux. Nous savons qu’il y a deux présentations de la venue de Jésus au monde dans les récits de l’enfance du Christ : la tradition plus historique de Luc, la plus connue, qui célèbre la naissance puis l’enfance du Messie, et qu’on lira jusqu’au 2 février. Or, il y a la tradition de Matthieu qui ne célèbre pas l’Incarnation à partir de la naissance du Christ comme Luc, mais la venue dans le monde, sans date particulière, où les chercheurs les plus lointains vont le reconnaître, le célébrer et l’adorer malgré l’opposition de l’autorité locale d’Hérode : ainsi le sens de la venue des mages. Ils ne sont pas du tout en retard, ils arrivent à l’heure prévue dans le plan de Dieu, dans une maison de Bethléem et non pas à la crèche, accueillis par la mère de l’enfant divin, sans autre personne qu’eux.
Pourtant, ce retard supposé des mages me semble avoir un sens très riche pour notre vie chrétienne. En effet, n’est-ce pas notre cas d’être toujours « en retard » pour découvrir la présence du Seigneur dans nos vies ? Nous avons du mal à nous préparer, à nous mettre en route, à scruter son étoile dans le ciel de nos soucis quotidiens. Comme les mages, nous hésitons longtemps sur la route à prendre et, une fois arrivés à bon port, nous ne savons le trouver, car il est dans la demeure la plus pauvre de nos quartiers, et ce n’est pas là en général que nous le recherchons.
Enfin, comme pour les mages se prosternant à genoux devant l’enfant, soyons dans la joie de rencontrer sa mère Marie, et de comprendre que c’est sous son regard que nous apprendrons à dire avec elle et comme elle : que tout se fasse pour moi selon la parole de Dieu.
Gérard Guitton, franciscain dans La Croix du 3 janvier 2010
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04/01/2010
Qu’est-ce que ça veut dire ?
Un bébé qu’on dit fils de roi
Qui naît dans la paille et le froid
Mais qu’on adore et qui reçoit
L’encens et la myrrhe
Mais qu’est-ce que ça veut dire ?
Un enfant qui n’a pas dix ans
Qui va dans le temple en disant
Des discours dignes d’un savant
Qu’on craint qu’on admire
Mais qu’est-ce que ça veut dire ?
Un homme que l’on croit devin
Qui parle et l’eau se change en vin
Et qui proclame être divin
Qui veut nous conduire
Mais qu’est-ce que ça veut dire ?
Il dit qu’il faut tout pardonner
Ses père et mère abandonner
Et tout ce qu’on a le donner
Avec le sourire
Mais qu’est-ce que ça veut dire ?
Au mal il répond par le bien
Il donne à ceux qui ont du bien
A ceux qui ne possèdent rien
Il le leur retire
Mais qu’est-ce que ça veut dire ?
Il nie le pouvoir de l’argent
Il vient déranger tous les gens
Les sages les intelligents
Les rois les empires
Mais qu’est-ce que ça veut dire ?
Lui que l’on croyait tout puissant
Il ne dit rien en se laissant
Couvrir de crachat et de sang
En croix il expire
Mais qu’est-ce que ça veut dire ?
Si je ne comprends pas toujours
Tous les pourquoi de ces discours
Si bien souvent je reste sourd
Sans savoir le lire
Mais qu’est-ce que ça veut dire ?
Je sais qu’il est venu pour moi
Qu’il est le ferment de ma foi
Et qu’il m’aidera chaque fois
Que mon cœur chavire
J’ai voulu vous le dire
Daniel Vermeille (Mission populaire évngélique – 1970)
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02/01/2010
Soleils de joie
Demande aux étoiles pourquoi il fait nuit.
Si tu prêtes l’oreille assez longtemps,
Tu trouveras peut être une réponse.
Lorsque la crise aura tout plongé dans l’obscurité,
Les enfants de la lumière allumeront des étoiles.
Une bonne personne est une étoile
Pour ceux et celles qui ne trouvent pas la lumière.
Sois comme une lumière,
Qui passe dans la nuit
Et qui, chemin faisant,
rallume des étoiles éteintes.
Quand tout s’assombrit,
Dieu allume les étoiles
Pour nous guider dans la nuit.
Accroche ta vie à une étoile :
Alors, la nuit sera sans danger pour toi.
Texte lu à la célébration de Noël
à la prison de La Roche sur Yon
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30/12/2009
Jésus vu par
Il fit beaucoup plus qu'il ne dit. Il soulagea, il guérit, coorigea quelques défaillances de nature: non pas toutes celles du vaste monde, mais celles qu'il rencontrait, à la portée des sens. Il ne fit pas de prodiges colossaux. Il n'ouvrit pas les eaux de la mer, mais il calma des tempêtes. Il ne rougit pas de sang les eaux du Nil, mais il remplit de bon vin les jarres d'un repas de noces. Il suscita sourires et guérisons, biens tellement plus durables.
Il étalt menuisier de son état. Les arbres ne peuvent s'enfuir quand arrivent lesdécoupeurs, ils restent là, les accueillent, se laissent abattre. Comme eux, lui non plus ne s'enfuit pas. Planté de clous sur une planche, il était destiné à finir comme un bout de bois allongé et emboîté, misen oeuvre par une volonté de sacrifice.
Alors que le jour le plus bref de savie s'achevait, le suc derésine de l'arbre sur lequel il était crucifié entrait dans ses narines avec une force anesthésiante. La blessure de la plante coupée s'unbissait à son sang. Alors, il sourit et sa tête retomba de côté sur son épaule dans un fracas de forte respiration, comme la ramure d'un arbre abattu.
Erri de Luca (dans La Vie 2863)
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24/12/2009
Message de Noël
Noël illumine déjà nos villes. Notre premier souhait est que la fête illumine vos familles, avec tout ce qu'il faut de bonne humeur, de joies partagées et pourquoi pas de cadeaux.
Notre second souhait ? Que la fête qui approche soit belle pour tous et toutes, en particulier pour ceux et celles qui souffrent encore plus au moment des fêtes qu'ils n'ont plus depuis longtemps parce qu'ils sont seuls, sans travail, sans argent, ou en guerre, en prison, retenus comme otages, sans personne qui les embrasse et les visite avec le petit cadeau qui fait plaisir parce qu'il vient vraiment du cœur.
Notre troisième souhait est que la fête nous réveille de nos indifférences. Au seul mot de Noël, nous pensons "enfants" et "jouets" ; or, un milliard d'enfants sont en danger de mort à travers notre monde ; quant aux jouets, ils sont presque tous fabriqués dans un Extrême-Orient qui exploite celles et ceux qui les fabriquent à la chaîne pour des salaires de misère. Au lendemain de Noël, que ferons-nous contre la faim des enfants et pour plus de justice entre nous tous ?
Il y a 2000 ans, un petit enfant est né à Bethléem. Il est venu dans l'indifférence presque totale pour nous en délivrer, pour que nous redevenions des hommes et des femmes dignes de ce nom, des hommes et des femmes de cœur.
Qui que nous soyons, quelle que soit notre foi, Noël sera notre fête si nous prenons le temps d'aimer mieux ! Pour les chrétiens que nous essayons de devenir jour après jour, le Christ est la Lumière qui l'emporte sur toutes celles de nos villes, la Lumière qui redonne le goût d'aimer et de servir, "la Lumière qui conduit à la vie". (Jn 8, 12)
De tout cœur, bon Noël à chacun, chacune,
Mgr F. Garnier, archevêque de Cambrai
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