Expressions corporelles

Papa m'a dit:

tu ne dois pas

baisser les bras

prends les choses en main

et retrousse tes manches!

- Et je commence par quoi

cette gymnastique là?

Lucie Spède

Les olympiades des animaux

Palmarès

Le championnat de tennis

Fut gagné par la génisse

 

La course de bicyclettes

Par le serpent à sonnettes

 

La compétition de judo

Par un singe de Bornéo

 

L’épreuve des poids et haltères

Par un musculeux dromadaire

 

La course de cyclo-cross

Par un fier rhinocéros

 

L’épreuve de brasse-papillon

Par une chenille de Meudon

 

Le championnat de karaté

Par un kangourou survolté

 

La descente en kayak

Par un valeureux yak

 

Et le lancer du marteau

Par un puissant asticot

 

L’épreuve d’équitation

Par un très vieux canasson

 

Et celle de patinage

Par un pingouin de passage

 

Les deux matches de water-polo

Par l ‘équipe des crache-à-l’eau

 

Le championnat de gymnastique

Par un tourbillonnant moustique

 

L’épreuve de saut en hauteur

Par un preux haricot sauteur

 

Et la course d’aviron

Par le Roi des Cornichons

 

JP Vallotton

 

 

Escrime intempestive

Je me suis fendu l'âme

jusqu'à l'homme

dos au mur nu vacillant

de sa mémoire lasse

 

Ménaché

Le champion

Comme un acteur sait son rôle

il se récite l’effort

qui s’accroche à ses genoux,

au tournant de ses épaules.

Il se répète son corps

 

Valet prêt pour le supplice

admirable du record,

il tient son cœur et son âme

enfermés dans ses deux poings,

pour les avoir sous la main,

pour s’attiser à leur flamme.

 

Dans ses yeux passe une femme

aux yeux de médaille d’or…

 

Micheline Dupray

Un soir d'été

 

 

 

 

Le Rhin
Qui coule
Un train
Qui roule

Des nixes blanches
Sont en prière
Dans la bruyère

Toutes les filles
À la fontaine
J’ai tant de peine

J’ai tant d’amour
Dit la plus belle
Qu’il soit fidèle

Et moi je l’aime
Dit sa marraine
J’ai la migraine

À la fontaine
J’ai tant de haine

Guillaume Apollinaire

Eté en poème

L'air en conserve   

Dans une boîte, je rapporte
Un peu de l'air de mes vacances
Que j'ai enfermé par prudence.
Je l'ouvre ! Fermez bien la porte !

Respirez à fond ! Quelle force !
La campagne en ma boîte enclose
Nous redonne l'odeur des roses,
Le parfum puissant des écorces,

Les arômes de la forêt...
Mais couvrez-vous bien, je vous prie,
Car la boîte est presque finie :
C'est que le fond de l'air est frais.

Jacques Charpentreau

auteur vendéen