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23/10/2008

Chère maman

Chère maman,

 

Tu m’avais dit : « Tu verras, le bocage, c’est un pays de pluie fine et pénétrante qui mettra du brouillard dans tes cheveux ».

Hier soir, c’était bien cela quand je suis rentré à pied d’un lieu-dit pas très loin de chez moi, mais suffisamment loin pour que le froid me saisisse par les pieds.

J’ai vite tourné la clef dans la serrure et je suis allé directement me faire un café pour me réchauffer. Son odeur commençait à me chatouiller les narines quand je me suis souvenu aussi que tu me disais souvent il n’y a pas très longtemps encore : « tu ne devrais pas prendre un café juste avant d’aller au lit, ça t’empêchera de dormir ».

Ah ! mais cette odeur, ce goût, agrémenté d’un carreau de chocolat, ça vaut tous les bonheurs du monde avant de s’étirer dans son lit puis se recroqueviller en faisant attention de ne pas retirer ses pieds de la bouillotte préalablement préparée !

Le café ne m’a pas empêché de dormir, mais une bourrasque m’a réveillé. Il devait être deux heures. Les volets étaient secoués, et, dans la cheminée condamnée, j’entendais tomber des saletés.

Etre dans son lit à ce moment-là, c’est comme être au cinéma l’après-midi quand tout le monde travaille ! même bonheur !

Etre chez soi…comme à la maison autrefois, protégé de tout… comme si je voulais garder de l’enfance une dernière rose.

Je t’embrasse,

Thierry

(texte écrit au cours d'un atelier d'écriture et offert à ma mère pour son anniversaire, il y a quelques jours)

20:00 Publié dans Poèmes | Lien permanent | Commentaires (0)

06/10/2008

Mort d'un petit enfant

Aujourd'hui, je célèbre la sépulture d'un petit enfant de cinq jours... Je dédie ce poème d'André Dumas à ses parents et sa grande soeur.

SUR LA MORT D’UN ENFANT

 

(André Dumas – Ecrit en 1927)

Roseaux, ouvrage couronné par l’Académie Française, prix triennal Saint-Cricq Théis

 

 

 

Pour la dernière fois sur ton lit je m’incline,

Ce soir, pour reborder tes draps ;

Pour la première fois, ce soir, sur ta poitrine

Je ramène tes petits bras.

 

La mort a transformé ta chambre en sanctuaire.

Le dernier baiser que j’y mets

Scelle ensemble tes doigts joints pour une prière

Qui ne finira plus jamais.

 

Comme elle a, ta figure à peine un peu pâlie,

Un air paisible et rayonnant !

Tu n’étais qu’une enfant délicate et jolie :

Te voilà belle maintenant.

 

Le temps n’existe plus pour toi. Ton clair visage

Dit en son immobilité

Qu’au pays où tu vas les âmes n’ont pas d’âge.

Ta mort parle d’éternité.

 

Et j’évoque ces nuits où, me levant dans l’ombre,

Allant vers toi, sans bruit, pieds nus,

J’ai sur ce même front mis des baisers sans nombre,

Et que tu n’as jamais connus.

 

Le grand frisson du sang battait dans mes artères,

Et je te regardais dormir,

Immobile, cherchant à sonder les mystères

Que recélait ton avenir.

 

Et souvent je ne sais quel effroi, quelle envie

D’appeler une aide sur nous,

Quelle angoisse devant l’inconnu de la vie

Me faisait tomber à genoux. 

 

Hélas ! je marcherai désormais solitaire.

Si Dieu t’a reprise aujourd’hui,

C’est qu’ils sont, les enfants trop purs pour cette terre,

Les premiers qu’il rappelle à Lui.

 

Il sait qu’elles pourraient, leurs ailes de colombes,

Se salir à trop de ruisseaux,

Et les pères devraient peut-être au bord des tombes

Moins trembler qu’au bord des berceaux.

 

 

 

01/10/2008

Mon ciel à moi

Aujourd'hui, fête de Ste Thérèse de Lisieux, voici un de ses poèmes:Mon ciel à moi.

therese.jpg

Pour supporter l'exil de la vallée des larmes
Il me faut le regard de mon Divin Sauveur
Ce regard plein d'amour m'a dévoilé ses charmes
Il m'a fait pressentir le Céleste bonheur
Mon Jésus me sourit quand vers Lui je soupire
Alors je ne sens plus l'épreuve de la foi
Le Regard de mon Dieu, son ravissant Sourire,
Voilà mon Ciel à moi !…

Mon Ciel est de pouvoir attirer sur les âmes
Sur l'Eglise ma mère et sur toutes mes sœurs
Les grâces de Jésus et ses Divines flammes
Qui savent embraser et réjouir les cœurs.
Je puis tout obtenir lorsque dans le mystère
Je parle cœur à cœur avec mon Divin Roi
Cette douce Oraison tout près du Sanctuaire
Voilà mon Ciel à moi !...

Mon Ciel, il est caché dans la petite Hostie
Où Jésus, mon Epoux, se voile par amour
A ce Foyer Divin je vais puiser la vie
Et là mon Doux Sauveur m'écoute nuit et jour
" Oh ! quel heureux instant lorsque dans la tendresse
Tu viens, mon Bien-Aimé, me transformer en toi
Cette union d'amour, cette ineffable ivresse
Voilà mon Ciel à moi !... "

Mon Ciel est de sentir en moi la ressemblance
Du Dieu qui me créa de son Souffle Puissant
Mon Ciel est de rester toujours en sa présence
De l'appeler mon Père et d'être son enfant
Entre ses bras Divins, je ne crains pas l'orage
Le total abandon voilà ma seule loi.
Sommeiller sur son Cœur, tout près de son Visage
Voilà mon Ciel à moi !...

Mon Ciel, je l'ai trouvé dans la Trinité Sainte
Qui réside en mon cœur, prisonnière d'amour
Là, contemplant mon Dieu, je lui redis sans crainte
Que je veux le servir et l'aimer sans retour.
Mon Ciel est de sourire à ce Dieu que j'adore
Lorsqu'Il veut se cacher pour éprouver ma foi
Souffrir en attendant qu'Il me regarde encore
Voilà mon Ciel à moi !...

Lire le témoignage de Pierre Eliane qui a mis en musique et qui chante de nombreux poèmes de la petite Thérèse.

08:00 Publié dans Poèmes | Lien permanent | Commentaires (0)

29/09/2008

Gare isolée

vieille gare.jpg

Gare isolée

On allume les lampes.
Un dernier pinson chante.
La gare est émouvante
En ce soir de septembre.

Elle reste seule
À l’écart des maisons,
Si seule à regarder
L’étoile du berger
Qui pleure à l’horizon
Entre deux vieux tilleuls.

Parfois un voyageur
S’arrête sur le quai,
Mais si las, si distrait,

Qu’il ne voit ni les lampes,
Ni le pinson qui chante,
Ni l’étoile qui pleure
En ce soir de septembre.

Et la banlieue le cueille,
Morne comme le vent
Qui disperse les feuilles
Sur la gare émouvante.

Maurice Carême

19:00 Publié dans Poèmes | Lien permanent | Commentaires (0)

25/09/2008

Automne II

automne.jpg

Automne

Une branche sur l'oiseau
Chantait en perdant ses feuilles

L'automne tenait l'archet
Du violon qui gémissait
Dans le vent venu de l'ouest
Murmurant des choses tristes

Et l'oiseau pleurait tout seul
Fleurissant le sombre ormeau
De ses larmes en corolles
De cristal et d'or nouveau

Et la branche et le moineau
Dans la brume pure et grise
Ont marié leur nostalgie
Au mystère de la nuit.

Raïssa Maritain  (1883-1960)

22/09/2008

Automne

feuille morte.jpg

Automne

Odeur des pluies de mon enfance
Derniers soleils de la saison!
À sept ans comme il faisait bon,
Après d'ennuyeuses vacances,
Se retrouver dans sa maison!

La vieille classe de mon père,
Pleine de guêpes écrasées,
Sentait l'encre, le bois, la craie
Et ces merveilleuses poussières
Amassées par tout un été.

O temps charmant des brumes douces,
Des gibiers, des longs vols d'oiseaux,
Le vent souffle sous le préau,
Mais je tiens entre paume et pouce
Une rouge pomme à couteau.

René Guy Cadou