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16/02/2009

Un matin plein de tempête

C'est le matin plein de tempête
au cœur de l'été.


Mouchoirs blancs de l'adieu, les nuages voltigent,
et le vent les secoue de ses mains voyageuses.


Innombrable, le cœur du vent
bat sur notre amoureux silence.


Orchestral et divin, bourdonnant dans les arbres,
comme une langue emplie de guerres et de chants.


Vent, rapide voleur qui enlève les feuilles,
et déviant la flèche battante des oiseaux,


les renverse dans une vague sans écume,
substance devenue sans poids, feux qui s'inclinent.


Volume de baisers englouti et brisé
que le vent de l'été vient combattre à la porte.

Pablo Neruda  

Vingt poèmesd'amour/Une chanson désespérée

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07/02/2009

La lionne

lionne.jpg

La lionne
 

J'ai écartelé les barreaux étincelants
de la prison

la lionne fulgurante a surgi
la lumière fauve a jailli

toutes griffes
et toutes flammes
dehors

sa crinière roulait
des fleuves de feu

 

ce soleil fascinant
avait l'appétit crépitant

et allongé parmi l'ombre
comme une flaque rugissante
il claquait sa langue

moi la proie aventureuse
petit pain doré et croqué

j'ai connu sa gueule
pour avoir eu faim
d'un secret

© Thierry Piet 1986

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04/02/2009

Fatigue

pieta-1-24g-mid.jpg

 

De braise et de sable

Fatigue me ruine

 

Eboulis lourd et gris

Des falaises qui lâchent

 

La force friable

Au feu de l’édifice

 

Me met mal à l’aise

Mauvais équilibre

 

La fatigue me pèse

Corps au bord

 

Du précipice

In extremis

 

 

TP

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28/01/2009

Dis-leur

priere.jpg

DIS-LEUR ...
que Dieu n'est pas ce qu'ils croient !
Qu'il est un vin que l'on boit un festin partagé où chacun donne et reçoit !

DIS-LEUR qu'Il est le joueur de flûte dans la lumière de midi :
Il s'approche et s'enfuit bondissant vers les sources !

DIS-LEUR que sa voix seule pouvait t'apprendre ton nom !

DIS-LEUR son visage d'innocence, son clair-obscur et son rire !

DIS-LEUR qu'il est ton espace et ta nuit ta blessure et ta joie !

Mais DIS-LEUR aussi qu'Il n'est pas ce que tu dis...
et que tu ne sais rien de Lui !

Poème d'une carmélite

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23/01/2009

Colorimages

Myriam m'a demandé de publier ce poème.

Colorimages


Aventure poétique

Des mots en vers

Des mots en prose

Magicien du destin

Le crayon tout en bémol

Transforme la trame

Des instants moroses

Et colore en rose

Les projets qui s’étiolent

Dans l’azur incertain

 

Tablature artistique

Une clé antidote

Une clé musicale

A portée de la main

Un refrain en si bémol

Entraîne et déchaîne

De ses suaves notes

Et colore avec passion

Les notes qui se profilent

A l’horizon

 

Aventure picturale

Coloris pastels

Coloris camaïeux

Telle une bonne étoile

Le pinceau magicien

Laisse une empreinte

En dégradé sur la toile

Et colore avec harmonie

Les desseins qui pointent

Dans l’azur de demain

MaiRym

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13/01/2009

Ballade à la lune

lune_thumbnail.jpg

C'était, dans la nuit brune,
Sur le clocher jauni,
La lune
Comme un point sur un i.

Lune, quel esprit sombre
Promène au bout d'un fil,
Dans l'ombre,
Ta face et ton profil ?

Es-tu l'œil du ciel borgne ?
Quel chérubin cafard
Nous lorgne
Sous ton masque blafard ?

N'es-tu rien qu'une boule,
Qu'un grand faucheux bien gras
Qui roule
Sans pattes et sans bras ?

Es-tu, je t'en soupçonne,
Le vieux cadran de fer
Qui sonne
L'heure aux damnés d'enfer ?

Sur ton front qui voyage,
Ce soir ont-ils compté
Quel âge
A leur éternité ?

Est-ce un ver qui te ronge
Quand ton disque noirci
S'allonge
En croissant rétréci ?

Qui t'avait éborgnée,
L'autre nuit ? T'étais-tu
Cognée
A quelque arbre pointu ?

Car tu vins, pâle et morne,
Coller sur mes carreaux
Ta corne
A travers les barreaux.

Va, lune moribonde,
Le beau corps de Phébé
La blonde
Dans la mer est tombé.

Tu n'en es que la face
Et déjà, tout ridé,
S'efface
Ton front dépossédé...

Lune, en notre mémoire,
De tes belles amours
L'histoire
T'embellira toujours

Et toujours rajeunie,
Tu seras du passant
Bénie,
Pleine lune ou croissant.

T'aimera le pilote,
Dans son grand bâtiment
Qui flotte
Sous le clair firmament.

Et la fillette preste
Qui passe le buisson,
Pied leste,
En chantant sa chanson...

Et qu'il vente ou qu'il neige,
Moi-même, chaque soir,
Que fais-je
Venant ici m'asseoir ?

Je viens voir à la brune,
Sur le clocher jauni,
La lune
Comme un point sur un i.

Alfred de Musset, 1827 ou 1828, Premières poésies

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