15/09/2009
Lumière
Terre à terre comme
Vulgaire post-it
Décoller ma gomme
Du désert tout de suite
Feuille morte avalée
Prendre la fuite
Voler vers la lumière
Qui m’invite
TP
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26/08/2009
Bible de blé
Quel est ce touchant attachement
cette écarlate incarnation
qui me tend et m’étend vers toi ?
Rien d’autre
que ta douce volonté
devant laquelle
s’exposent les miennes
à genoux
Rien d’autre
que ta bonne parole
Bible de blé
d’orge et de lumière
à mes lèvres
TP
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24/07/2009
Trois poèmes + 1
Le ciel imprègne la plage
Où luit l'image de la mer
Moins radieuse que ton silence
» » »
Mais ne méprise jamais pèlerin
Dans les derniers replis du soir
Au bord des lacs où dorment les montagnes
La femme, plus odorantes que les pains
Au corps de pollens et de raisins noirs.
» » »
Les grands automnes descendent de la montagne
en silence
Jusqu'aux abeilles qui abandonnent nos dernières roses
Où la rosée du matin
A déjà le parfum de la neige.
- c’est ici
- que la lumière
- est toujours faite d’ombre
- chatoyante
- embrasée
- elle se fond dans les feuilles
- les mousses les broussailles
- ou la chair de l’aubier
- ne restent que les traces
- noir et or
- de l’incendie
- et mille lambeaux de sang
- sur les branches
- le vent lui-même
- malgré ses étoiles
- demeure obscur
- chargé d’oubli
- Jean Mambrino
"Clairière", dans L’oiseau-coeur, éd. Stock-Poésie, 1979, p. 53.
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09/07/2009
Entre, Seigneur
Cherches-tu, Seigneur, une oreille?
Entre: sa corolle est ouverte.
Ton silence avive le mien,
ma solitude n'est plus seule.
Se taire est une telle paix
quand je suis en ta compagnie.
Ce moment d'âme sans durée
aux écoutes de l'invisible
tient du miracle et de la neige
en face du Buisson ardent.
Il y a cette voix en moi
qui cherche et ne trouve aucun chant.
Seul ton nom, Jésus, à feu doux,
à chaque battement de coeur,
passe et repasse sur mes lèvres
tel un harmonica d'enfant.
Frère Gilles Baudry, Landévennec
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03/07/2009
Larme
Larme
Loin des oiseaux, des troupeaux, des villageoises,
Je buvais, accroupi dans quelque bruyère
Entourée de tendres bois de noisetiers,
Par un brouillard d'après-midi tiède et vert.
Que pouvais-je boire dans cette jeune Oise,
Ormeaux sans voix, gazon sans fleurs, ciel couvert.
Que tirais-je à la gourde de colocase ?
Quelque liqueur d'or, fade et qui fait suer.
Tel, j'eusse été mauvaise enseigne d'auberge.
Puis l'orage changea le ciel, jusqu'au soir.
Ce furent des pays noirs, des lacs, des perches,
Des colonnades sous la nuit bleue, des gares.
L'eau des bois se perdait sur des sables vierges,
Le vent, du ciel, jetait des glaçons aux mares...
Or ! tel qu'un pêcheur d'or ou de coquillages,
Dire que je n'ai pas eu souci de boire !
Arthur Rimbaud (1872)
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23/06/2009
A la musique
Place de la Gare, à Charleville.
Sur la place taillée en mesquines pelouses,
Square où tout est correct, les arbres et les fleurs,
Tous les bourgeois poussifs qu’étranglent les chaleurs
Portent, les jeudis soirs, leurs bêtises jalouses.
- L’orchestre militaire, au milieu du jardin,
Balance ses schakos dans la Valse des fifres :
Autour, aux premiers rangs, parade le gandin ;
Le notaire pend à ses breloques à chiffres.
Des rentiers à lorgnons soulignent tous les couacs :
Les gros bureaux bouffis traînant leurs grosses dames
Auprès desquelles vont, officieux cornacs,
Celles dont les volants ont des airs de réclames ;
Sur les bancs verts, des clubs d’épiciers retraités
Qui tisonnent le sable avec leur canne à pomme,
Fort sérieusement discutent les traités,
Puis prisent en argent, et reprennent : ” En somme !… “
Épatant sur son banc les rondeurs de ses reins,
Un bourgeois à boutons clairs, bedaine flamande,
Savoure son onnaing d’où le tabac par brins
Déborde - vous savez, c’est de la contrebande ; -
Le long des gazons verts ricanent les voyous ;
Et, rendus amoureux par le chant des trombones,
Très naïfs, et fumant des roses, les pioupious
Caressent les bébés pour enjôler les bonnes…
- Moi, je suis, débraillé comme un étudiant,
Sous les marronniers verts les alertes fillettes :
Elles le savent bien ; et tournent en riant,
Vers moi, leurs yeux tout pleins de choses indiscrètes.
Je ne dis pas un mot : je regarde toujours
La chair de leurs cous blancs brodés de mèches folles :
Je suis, sous le corsage et les frêles atours,
Le dos divin après la courbe des épaules.
J’ai bientôt déniché la bottine, le bas…
- Je reconstruis les corps, brûlé de belles fièvres.
Elles me trouvent drôle et se parlent tout bas…
- Et je sens les baisers qui me viennent aux lèvres…
Arthur Rimbaud, Poésies
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