Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

28/05/2010

La beauté

Tard je t’ai aimée, ô beauté

sable-eau-pure.jpg

 

Tard je t’ai aimée, ô beauté si ancienne et si nouvelle, tard je t’ai aimée !

Mais quoi ! Tu étais au-dedans de moi, et j’étais, moi au-dehors de moi-même !

Et c’est au dehors que je te cherchais ;

je me ruais, dans ma laideur, sur la grâce de tes créatures.

Tu étais avec moi et je n’étais pas avec toi.

Tu m’as appelé, et ton cri a forcé ma surdité ;

tu as brillé, et ton éclat a chassé ma cécité ;

tu as exhalé ton parfum, je l’ai respiré, et voici que pour toi je soupire

je t’ai goûtée et j’ai faim de toi, soif de toi ;

tu m’as touché, et je brûle d’ardeur pour la paix que tu donnes.

(Saint Augustin, Les Confessions)

00:03 Publié dans Poèmes | Lien permanent | Commentaires (0)

17/05/2010

Mets ta lampe...

Mets ta lampe sur le boisseau,
Et tant mieux qu'elle s'éteigne!
Car tu auras une vraie joie,
Ta prière sera la torche
Que le Seigneur entretiendra.
Mets ta lampe sur le boisseau,
Et tant mieux s'il la renverse
Et si le feu prend à ton bois;
Tu ne souffriras par le mal
Que t'aurait fait le feu d'en bas.
 
Mets ta lampe sur le boisseau,
Et tant mieux si tes doigts brûlent
À ne plus pouvoir la tenir :
Puisque ton cour sait être à deux,
Le Seigneur la tiendra pour toi.
Mets ta lampe sur le boisseau,
Et tant mieux si tu n'as plus rien
À consumer, même pour lui :
Dieu fournira le feu et le bois.
Alors tu brilleras en lui.

Patrice de La Tour du Pin 

Prière du temps présent, 1980, p.1536

 

16/05/2010

Pays aux vents...

Pays aux vents de haute lisse
Où brodent les fougères
Où d’herbe en arbre
La sève remonte le fil de sa mémoire

Pays
Où le secret est un bouche à oreille
De la part des sources


L’air grisolle

Peut-être déjà la clairière
L’estuaire, le battement des siècles
De tout l’immense


Fragilité bienheureuse
d’aimer
De vivre sous le don
Sans autre ligne d’horizon
Intérieur que l’ordinaire des jours.


Gilles Baudry

Extrait de “La Seconde lumière”, Rougerie, 1990.

21:00 Publié dans Poèmes | Lien permanent | Commentaires (0)

15/05/2010

Ma bohème

grandeourse2.jpg

Ma Bohême. (Fantaisie)

Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées ;
Mon paletot aussi devenait idéal :
J'allais sous le ciel, Muse ! et j'étais ton féal ;

Oh ! là là ! que d'amours splendides j'ai rêvées !

Mon unique culotte avait un large trou.
Petit-Poucet rêveur, j'égrenais dans ma course
Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse.
−  Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou

Et je les écoutais, assis au bord des routes,
Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes
De rosée à mon front, comme un vin de vigueur ;

Où, rimant au milieu des ombres fantastiques,
Comme des lyres, je tirais les élastiques
De mes souliers blessés, un pied près de mon cœur !

 

Rimbaud

00:03 Publié dans Poèmes | Lien permanent | Commentaires (0)

04/05/2010

Tibériade

Tibériade

lac_tiberiade.jpg

Là les hauteurs du Golan, tends la main, effleure-les !
à travers un sûr silence, elles intiment l’arrêt.
En rayonnante solitude dort l’antique Hermon
Et le Pisgah immaculé forme rempart.

Là au bord du lac, il y a un palmier au feuillage tombant,
Chevelure dénouée ainsi qu’un enfant rebelle,
Dévalant la pente et au sein des eaux de Tibériade
Baignant ses pieds.

Combien se fortifient les fleurs en hiver près du krak,
Le sang de l’anémone, l’or du safran.
Il y a des jours où l’herbe devient sept fois plus verte,
Soixante-dix fois se parfait le bleu clair dans le firmament.

Même pauvre, allant humblement,
Le cœur meurtri par l’exil,
Te trahirai-je, oublierai-je
L’amour du printemps de ma vie ?
                                                            Tel-Aviv, 1927.

Poème de Rachel, traduit de l'hébreu par B. Grasset

00:00 Publié dans Poèmes | Lien permanent | Commentaires (0)

02/05/2010

Mai

dsc06134.jpg

Le mai le joli mai en barque sur le Rhin
Des dames regardaient du haut de la montagne
Vous êtes si jolies mais la barque s’éloigne
Qui donc a fait pleurer les saules riverains ?

Or des vergers fleuris se figeaient en arrière
Les pétales tombés des cerisiers de mai
Sont les ongles de celle que j’ai tant aimée
Les pétales fleuris sont comme ses paupières

Sur le chemin du bord du fleuve lentement
Un ours un singe un chien menés par des tziganes
Suivaient une roulotte traînée par un âne
Tandis que s’éloignait dans les vignes rhénanes
Sur un fifre lointain un air de régiment

Le mai le joli mai a paré les ruines
De lierre de vigne vierge et de rosiers
Le vent du Rhin secoue sur le bord les osiers
Et les roseaux jaseurs et les fleurs nues des vignes

Guillaume Apollinaire, Alcools, 1913

00:00 Publié dans Poèmes | Lien permanent | Commentaires (0)