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13/12/2010

Recueillir

Recueillir le grain des heures

Eteindre l’étincelle

Ravir un paysage

Absorber l’hiver avec le rire

Dissoudre les nœuds du chagrin

S’imprégner d’un visage

Moissonner à voix basse

Flamber pour un mot tendre

Embrasser la ville et ses reflux

Ecouter l’océan en toutes choses

Entendre les sierras du silence

Transcrire la mémoire des miséricordieux

Relire un poème qui avive

Saisir chaque maillon d’amitié.

 

Andrée Chédid, in «Par-delà les mots»

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11/12/2010

Ballade à la lune

pleine-lune-nuages.jpg

C'était, dans la nuit brune,
Sur le clocher jauni,
La lune
Comme un point sur un i.

Lune, quel esprit sombre
Promène au bout d'un fil,
Dans l'ombre,
Ta face et ton profil ?

Es-tu l'oeil du ciel borgne ?
Quel chérubin cafard
Nous lorgne
Sous ton masque blafard ?

N'es-tu rien qu'une boule,
Qu'un grand faucheux bien gras
Qui roule
Sans pattes et sans bras ?

Es-tu, je t'en soupçonne,
Le vieux cadran de fer
Qui sonne
L'heure aux damnés d'enfer ?

Sur ton front qui voyage.
Ce soir ont-ils compté
Quel âge
A leur éternité ?

Est-ce un ver qui te ronge
Quand ton disque noirci
S'allonge
En croissant rétréci ?

Qui t'avait éborgnée,
L'autre nuit ? T'étais-tu
Cognée
A quelque arbre pointu ?

Car tu vins, pâle et morne
Coller sur mes carreaux
Ta corne
À travers les barreaux.

Va, lune moribonde,
Le beau corps de Phébé
La blonde
Dans la mer est tombé.

Tu n'en es que la face
Et déjà, tout ridé,
S'efface
Ton front dépossédé.

Rends-nous la chasseresse,
Blanche, au sein virginal,
Qui presse
Quelque cerf matinal !

Oh ! sous le vert platane
Sous les frais coudriers,
Diane,
Et ses grands lévriers !

Le chevreau noir qui doute,
Pendu sur un rocher,
L'écoute,
L'écoute s'approcher.

Et, suivant leurs curées,
Par les vaux, par les blés,
Les prées,
Ses chiens s'en sont allés.

Oh ! le soir, dans la brise,
Phoebé, soeur d'Apollo,
Surprise
A l'ombre, un pied dans l'eau !

Phoebé qui, la nuit close,
Aux lèvres d'un berger
Se pose,
Comme un oiseau léger.

Lune, en notre mémoire,
De tes belles amours
L'histoire
T'embellira toujours.

Et toujours rajeunie,
Tu seras du passant
Bénie,
Pleine lune ou croissant.

T'aimera le vieux pâtre,
Seul, tandis qu'à ton front
D'albâtre
Ses dogues aboieront.

T'aimera le pilote
Dans son grand bâtiment,
Qui flotte,
Sous le clair firmament !

Et la fillette preste
Qui passe le buisson,
Pied leste,
En chantant sa chanson.

Comme un ours à la chaîne,
Toujours sous tes yeux bleus
Se traîne
L'océan montueux.

Et qu'il vente ou qu'il neige
Moi-même, chaque soir,
Que fais-je,
Venant ici m'asseoir ?

Je viens voir à la brune,
Sur le clocher jauni,
La lune
Comme un point sur un i.

Peut-être quand déchante
Quelque pauvre mari,
Méchante,
De loin tu lui souris.

Dans sa douleur amère,
Quand au gendre béni
La mère
Livre la clef du nid,

Le pied dans sa pantoufle,
Voilà l'époux tout prêt
Qui souffle
Le bougeoir indiscret.

Au pudique hyménée
La vierge qui se croit
Menée,
Grelotte en son lit froid,

Mais monsieur tout en flamme
Commence à rudoyer
Madame,
Qui commence à crier.

" Ouf ! dit-il, je travaille,
Ma bonne, et ne fais rien
Qui vaille;
Tu ne te tiens pas bien. "

Et vite il se dépêche.
Mais quel démon caché
L'empêche
De commettre un péché ?

" Ah ! dit-il, prenons garde.
Quel témoin curieux
Regarde
Avec ces deux grands yeux ? "

Et c'est, dans la nuit brune,
Sur son clocher jauni,
La lune
Comme un point sur un i.

  • Alfred de MUSSET   (1810-1857)
  • 200ème anniversaire de sa naissance aujourd'hui.

 

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10/12/2010

Il arrive...

"Terre d'envol" mon nouveau recueil de poèmes... aujourd'hui!

Voici un extrait de la préface:

Inséparables du cœur, d’un cœur qui se tient « à l’écoute / de l’éternité », caché dans le Verbe, – « je n’ai d’autre demeure / que ton cœur transpercé » –, les mots vibrent avec ardeur au souffle fragmentaire de la beauté. « Signe avec / la braise de ton encre ». Et l’auteur de Terre d’envol de rêver de pureté, de liberté.

Ouvrant la « Bible de blé / d’orge et de lumière », le poète cherche à se tenir debout dans le mystère. Le vent tourne les pages de la vie qui attend. Un oiseau s’élève au-dessus de la terre. « Au secret de nous-mêmes / l’Insaisissable nous saisit ».

Bernard GRASSET

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07/12/2010

La paix par mon bien-aimé

 

chant-tamic3a9.jpg


Par une nuit profonde,

Etant pleine d'angoisse et enflammée d'amour,

Oh ! l'heureux sort !

Je suis sortie sans être vue

Tandis que ma demeure était déjà en paix.

J'étais dans les ténèbres
et en sûreté,

Quand je sortis déguisée par l'escalier secret,

Oh ! l'heureux sort !

J'était dans les ténèbres et en cachette,

Tandis que ma demeure était en paix.

Dans cette heureuse nuit

Je me tenais dans le secret ; nul ne me voyait.

Et je n'apercevais rien

Pour me guider que la lumière

Qui brûlait dans mon coeur.

Elle me guidait plus sûrement

Que la lumière du midi

Au but où m'attendait

Celui que j'aimais

Là où nul autre ne le voyait.

O nuit qui m'avait guidée !

O nuit plus aimable que l'aurore !

O nuit qui avez uni

L'Aimé avec sa Bien-Aimée

Qui a été transformée en Lui !

Sur mon sein orné de fleurs

Que je gardais tout entier pour lui seul,

Il resta endormi

Et moi je le caressais,

D'un éventail de cèdre je le rafraîchissais.

Quand le souffle provenant du fort

Soulevait déjà sa chevelure

De sa douce main

Posée sur mon cou il me blessait

Et tous mes sens furent suspendus.

Je restai là et m'oubliai

Le visage penché sur le Bien-Aimé.

Tout cessa pour moi, et je m'abandonnai à lui

Je lui confiai tous mes soucis

Et m'oubliai au milieu des lis.


Saint Jean de la Croix

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06/12/2010

Si l'on chante un dieu

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Si l'on chante un dieu,
ce dieu vous rend son silence.
Nul de nous ne s'avance
que vers un dieu silencieux.

Cet imperceptible échange
qui nous fait frémir,
devient l'héritage d'un ange
sans nous appartenir.

Rainer Maria Rilke

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23/11/2010

Voix célestes

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Soirée lecture et chant

à la Tour des Arts

Les Herbiers

Mercredi 24 novembre 20h30

 

Au programme :

-        Les plus beaux chants célestes par les élèves de la classe de chant d'Olivia-Maria Garreau de l'école municipale de musique.

-        Lectures par Thierry Piet et Gabriel Arnaud : poèmes (XVIIème, XXème et contemporains), textes de Christian Bobin, Pierre Autin-Grenier, Xavier Grall, Charles Péguy, Gilles Baudry, Gérard Pfister et Thierry Piet.

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