16/06/2011
La nuit
C'est ma frangine en noir
Celle que j'appelle bonsoir
C'est un gars qu'a son bien
Dans le bistrot du coin
La nuit
C'est le bourgeois qui se profile
Sous l'oeil des filles de ville
Qui croit que c'est arrivé
Et qui paie pour monter
La nuit
C'est cette dame qui s'en va
Donner sa langue au chat
Et mêle à ses dentelles
La tendresse des gamelles
La nuit
C'est un amour qui meurt
Aussitôt qu'il se fait
C'est mille ans de bonheur
Dans un baiser vite fait
C'est cette môme que a perdu
La seule fleur qu'elle avait
Des fois qu'on la retrouverait
La nuit... la nuit...
C'est le soleil du soir
Qui enfile son peignoir
Dans son arrière boutique
Sous des becs électriques
La nuit
C'est le voleur qui va faire
Des heures supplémentaires
Et qu'est pas tatillon
Sur les allocations
La nuit
C'est cet homme qui s'en va
Sa Rolls au bout des bras
Et mêle à ses ficelles
Le trésor des poubelles
La nuit
C'est des chevaux qu'on amène
Au derby des côtelettes
Des moutons qui se promènent
Du côté de la Vilette
C'est un soldat traqué
A sa dernière ronde
Et qui compte les années
Comme on compte les secondes
La nuit... la nuit...
C'est une copine qui vend
Ce que d'habitude on prend
Et qui pour cent sous de plus
Se met sens dessous dessus
La nuit
C'est un chouette courant d'air
Pour les amours pas chères
Un petit hôtel furtif
Pour les minitarifs
La nuit
C'est le mec qui transite
Tout sauf de l'eau bénite
Et mêle à ses hoquets
Le parfum du beaujolais
La nuit
C'est cet homme qui se promène
La nuit en plein midi
Et sa canne qui l'entraîne
Dans les autos de paris
C'est cet homme qu'a pas vu
La pitié qui passait
Et qu'attend dans la rue
Des fois qu'on lui inventerait
Le jour... le jour
Léo Ferré
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13/06/2011
Un peu de poésie
Bientôt les vacances pour vous?
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07/06/2011
La nuit
La nuit n’est jamais complète,
Il y a toujours, puisque je le dis,
Puisque je l’affirme,
Au bout du chagrin une fenêtre ouverte,
Une fenêtre éclairée.
Il y a toujours un rêve qui veille,
Désir à combler, faim à satisfaire,
Un cœur généreux,
Une main tendue, une main ouverte,
Des yeux attentifs,
Une vie : La vie à se partager.
Paul Eluard
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04/06/2011
Roman
On n'est pas sérieux quand on a dix-sept ans.
- Un beau soir, foin des bocks et de la limonade,
Des cafés tapageurs aux lustres éclatants!
On va sous les tilleuls verts de la promenade.
Les tilleuls sentent bon dans les bons soirs de juin!
L'air est parfois si doux, qu'on ferme la paupière.
Le vent chargé de bruits - la ville n'est pas loin -
A des parfums de vigne et des parfums de bière...
- Voilà qu'on aperçoit un tout petit chiffon
D'azur sombre encadré d'une petite branche,
Piqué d'une mauvaise étoile, qui se fond
Avec de doux frissons, petite et toute blanche ...
Nuit de juin! Dix-sept ans! - On se laisse griser.
La sève est du champagne et vous monte à la tête...
On divague ; on se sent aux lèvres un baiser
Qui palpite, là, comme une petite bête...
Le coeur fou robinsonne à travers les romans,
- Lorsque, dans la clarté d'un pâle réverbère,
Passe une demoiselle aux petits airs charmants,
Sous l'ombre du faux-col effrayant de son père...
Et, comme elle vous trouve immensément naïf,
Tout en faisant trotter ses petites bottines,
Elle se tourne, alerte et d'un mouvement vif...
- Sur vos lèvres alors meurent les cavatines...
Vous êtes amoureux. Loué jusqu'au mois d'août.
Vous êtes amoureux. - Vos sonnets La font rire.
Tous vos amis s'en vont, vous êtes mauvais goût.
- Puis l'adorée, un soir, a daigné vous écrire!...
Ce soir-là..., - vous rentrez aux cafés éclatants,
Vous demandez des bocks ou de la limonade...
- On n'est pas sérieux quand on a dix-sept ans
Et qu'on a des tilleuls verts sur la promenade.
Poème d' Arthur Rimbaud
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01/06/2011
Nuits de juin
Pierre Tosi - 1990
L’été, lorsque le jour a fui, de fleurs couverte
La plaine verse au loin un parfum enivrant ;
Les yeux fermés, l’oreille aux rumeurs entrouverte,
On ne dort qu’à demi d’un sommeil transparent.
Les astres sont plus purs, l’ombre paraît meilleure ;
Un vague demi-jour teint le dôme éternel ;
Et l’aube douce et pâle, en attendant son heure,
Semble toute la nuit errer au bas du ciel.
Victor Hugo, Les rayons et les ombres
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30/05/2011
Cache-cache
Le petit-fils de Rabbi Baroukh, Yéhiel, se précipita un jour en larmes dans sa chambre.
- Yéhiel, Yéhiel, pourquoi ces larmes ?
- mon Ami triche, ce n’est pas juste grand-père, ce n’est pas juste pour un Ami de tricher !
- Mais qu’a-t-il donc fait ton Ami ?
- Nous jouions à cache-cache. Je me suis si bien caché qu’il n’a pas pu me trouver. Alors, il s’est arrêté de jouer et ne m’a plus cherché. Tu comprends, grand-père ? Moi, je me suis caché pour jouer avec lui, parce que c’est mon Ami, parce que je l’Aime comme un Ami et lui, il s’est découragé et a arrêté de me chercher, comme s’il n’avait rien à faire de moi, alors que je l’Aime, moi… Ce n’est pas juste !
Rabbi Baroukh, bouleversé jusqu’au larmes se mit alors à caresser la tête de son petit-fils pour le consoler en lui murmurant :
- Dieu aussi, Yéhiel, Dieu aussi est malheureux. Il se cache et l’Homme ne Le cherche pas. Tu comprends, mon petit Yéhiel : Dieu se cache car il désire ardemment être l’Ami de chacun des Hommes, parce qu’Il nous Aime profondément et l’Homme, lui, ne se donne même pas la peine de Le chercher…..
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