13/10/2011
Lumières d'Hommes
Somnambule en plein midi
même la viande sur la fourchette
même la fourchette à la main
toujours très près des camarades
mais si loin tout de même si loin
et donner la pâtée au chien
mais je voyais la pâtée s’enfuir
le chien courir le long du mur
et j’entendais ses soupirs
et le chien voyait ma lumière
mon astre
et laissait la pâtée courir
j’avais cette lumière là sur moi
comme ça
mais ce n’était pas
ma lumière
elle était là comme ça
j’aurais voulu
j’ai tout essayé
j’aurais voulu m’en débarrasser… partager
mais elle brûlait tout le monde
personne n’en voulait
mais
si je la mettais en veilleuse
tout le monde applaudissait
lumière couleur de lanterne sourde
petite lampe sans danger
elle plaisait
mais la grande lueur de l’indifférence avouée
le vrai lampadaire
le bec de gaz saignant
contre lequel l’amour saignant se cogne
se blesse
se tue
sans vraiment mourir
la comète
le grand rat de cave que chacun porte dans sa poitrine
l’inquiétante et magnifique lueur
cette braise
personne presque personne n’en veut
petits mensonges lumineux couleur de vérité lumineuse
vérités verroteries
lumière béate de l’homme franc qui vous regarde bien en face
salamandre installée dans le front du penseur
bois et charbons
petits briquets de l’amitié
feux de paille
feux de poutres
feux de joies
de Bengale et de tous bois
allumettes
brindilles
boulets bernots
comme vous plaisez !
ne croyez pas que je pousse le cri du ver luisant qui s’excuse de briller
ou la plainte déchirante du cul-de-jatte qui voudrait patiner
non…
je hurle à la lumière avec de l’encre et du papier
le soir tard
et je crie
tout de même
il y a la lumière
chacun a sa lumière
et le monde crève de froid
le monde a peur de se brûler les doigts
évidemment
c’est la lumière qui brille qui brûle qui fait cuire
et qui glace le sang
c’est la grande omelette surprise
le soleil avec des caillots de sang
lueur du coeur
lueur de l’amour
lueur
oh il faut la poursuivre cette lueur aveuglante
elle existe
elle crève les yeux
mais s’ils faut que les yeux crèvent pour tout voir
crevez les yeux
c’est la lumière vivante que chacun porte en soi
et que tout le monde étouffe pour faire comme tout le monde
lumière défendue
tu grilles ceux qui t’approchent
ceux qui veulent te prendre
mais tu les aimes
lumière vivante
la vie c’est toi
la vie vivante qui marche en avant
en revenant sur ses pas
qui marche tout droit qui fait des détours et qui n’en fait pas
soleil de nuit
lune de jour
étoiles de l’après-midi
battements de coeur avant l’amour
pendant l’amour
après l’amour
grande lumière dans l’oeil du porc qui fait l’amour
lumière telle que sans abat-jour
lumière brute lumière rouge
lumière crépusculaire
indifférente avide passionnée
lumière de printemps si douce
lumière d’enfant
toujours la même lumière cruelle et lucide
mais parfois si belle
visages qui vous approchez
yeux fermés
bouches ouvertes
tout tourne et tout flambe
vos deux têtes
tête de garçon
tête de fille
vos deux têtes tournent et oublient…
c’est un astre
un instant
une victoire
une prise
éclair obscur du mauvais temps
feux follets de la morale
croix de feu
pétards mouillés
ciboires bien astiqués
malheureux petits soleils de cuivre
ostensoirs
comme ils sont ridicules et blêmes vos rayons
lorsque la lumière de celle qui aime l’amour
rencontre la lumière de celui qui aime l’amour
drôle d’incendie
peu importe sa durée
toujours hier demain bonjour bonsoir autrefois jamais toujours et vous-mêmes
qu’est-ce que ça fout pourvu que ça flambe.
Jacques Prévert - "Soleil de nuit"
00:00 Publié dans Poèmes | Lien permanent | Commentaires (0)
04/10/2011
Cantique des créatures
Seigneur, toi qui es Bon, Très-Haut et Tout-Puissant, à toi la louange, la gloire, l'honneur et toute bénédiction. A toi seul ils reviennent, ô Très-Haut, et personne ne peut dire tout ton mystère !
Loué sois-tu, Seigneur, pour toutes tes créatures, spécialement pour le Soleil, notre grand frère. Il fait le jour et par lui, tu nous illumines. Il est si beau et si rayonnant. De toi, Très-Haut, il est un magnifique reflet !
Loué sois-tu, Seigneur, pour notre sœur la Lune et pour les Etoiles. Dans le ciel tu les as façonnées, si claires, si précieuses et si belles !
Loué sois-tu, Seigneur, pour notre frère le Vent, et pour l'air et pour les nuages, pour le ciel paisible et pour tous les temps: par eux, tu réconfortes tes créatures !
Loué sois-tu, Seigneur, pour notre sœur l'Eau, qui est si utile et si modeste, si précieuse et si pure !
Loué sois-tu, Seigneur, pour notre frère le Feu, par lui, tu éclaires la nuit. Il est si beau et si joyeux, si indomptable et si fort !
Loué sois-tu, Seigneur, pour notre mère la Terre qui nous porte et nous nourrit. Elle produit la diversité des fruits et les herbes et les fleurs de toutes les couleurs !
Loué sois-tu, Seigneur, pour ceux qui pardonnent par amour pour toi et qui supportent les épreuves et les maladies: heureux s'ils demeurent dans la paix, car par toi, Très-Haut, ils seront récompensés !
Loué sois-tu, Seigneur, pour notre sœur la Mort que personne ne peut éviter. Quel malheur pour ceux qui meurent avec un cœur mauvais ! Mais quel bonheur pour ceux qu'elle surprendra avec un cœur bon car le paradis les attend auprès de Toi !
Louez et bénissez avec moi le Seigneur, rendez-lui grâce et servez-le avec beaucoup d'humilité !
Auteur:Saint François d'Assise
Né à Assise (en Italie) en 1181 ou 1182, d'où l'appellation "François d'Assise".
Mort à Saint Damien le 3 octobre 1226. Il avait 45 ans. Fête: le 4 octobre.
NOTE: Au terme de sa vie, Saint François rédige ce qu'on appelle le "Cantique du frère Soleil" qui est l'aboutissement de ses enseignements sur le respect et l'amour que tous les humains doivent porter envers toutes les créatures de Dieu. Il rejoint ainsi les préoccupations de ceux et celles qui se soucient de la défense de la nature, des animaux et de l'environnement. C'est d'ailleurs pourquoi, en 1979, il est proclamé "patron des écologistes".
Les enfants sont très sensibles à la beauté duCantique du frère Soleil
, où les éléments de la nature sont appelés nos frères et nos soeurs. Ce cantique est une école de prière en lui-même. Les couples et familles sont invités à le reprendre ensemble dans la nature, en vacances, en auto, partout et en toute occasion.
00:00 Publié dans Poèmes, Prières | Lien permanent | Commentaires (0)
03/10/2011
La mer ressemble à ton amour
La mer ressemble à ton amour (chanson d'Yves Duteil)
Couplet 1
La mer ressemble à ton amour, sa couleur change au gré des jours
Mais dans son âme elle est la même, elle est fidèle à ceux qui l'aiment
Elle a le temps pour paysage, elle est le but et le voyage
Elle se nourrit de liberté, de l'espace et d'éternité
Couplet 2
Entre ses digues, entre ses rives, elle n'est jamais vraiment captive
Elle veut sentir qu'on la désire, elle s'avance, et puis se retire
Elle est sauvage, elle est rebelle, mais elle est toujours la plus belle
Il faut la conquérir toujours... La mer ressemble à ton amour
Couplet 3
Elle a des vagues de tendresse qui m'épousent et qui me caressent
Elle s'abandonne autour de moi pour rejaillir entre mes doigts
Elle me berce et elle me chavire, elle m'emporte comme un navire
Elle me pousse à prendre le vent vers le large et les océans
Couplet 4
Je ne sais plus où elle s'achève, elle est plus vaste que mon rêve
Son horizon et ses frontières font déjà le tour de la Terre
Elle est profonde et transparente, aussi pure aussi apaisante
Que ton regard à mon cœur lourd... La mer ressemble à ton amour
Couplet 5
Elle vit des drames et des naufrages en rapportant jusqu'au rivage
Les souvenirs qu'elle a sauvés des profondeurs de son passé
Elle a parfois dans ses reflets tant de regards et de regrets
Qu'elle va noyer son amertume derrière un grand rideau de brume
Couplet 6
Elle vient se perdre entre les dunes, habillée de rayons de lune
Ouvrir son âme à son chagrin, verser des larmes entre mes mains
Au soleil après la tempête, elle se rassemble et elle s'apprête
Elle avance encore et toujours... La mer ressemble à ton amour
Couplet 7
Lorsque la nuit déploie ses ailes, je suis encore amoureux d'elle
Peut-être un jour, si je m'y noie, me prendra-t-elle entre ses bras
Mais si je plonge en solitaire dans l'océan de tes yeux verts
Quand je m'y baigne jusqu'au jour... La mer ressemble à ton amour
Ai-je assez d'une vie pour en faire le tour ?
Yves Duteil
00:00 Publié dans Chansons, Poèmes | Lien permanent | Commentaires (2)
02/10/2011
Le Chant de la vigne
Lecture du livre d'Isaïe, (V 1-7)
Je chanterai pour mon ami le chant du bien-aimé à sa vigne. Mon ami avait une vigne sur un coteau plantureux. Il en retourna la terre et en retira les pierres, pour y mettre un plant de qualité. Au milieu il bâtit une tour et creusa aussi un pressoir. Il en attendait de beaux raisins, mais elle en donna de mauvais.Et maintenant, habitants de Jérusalem, hommes de Juda, soyez donc juges entre moi et ma vigne ! Pouvais-je faire pour ma vigne plus que je n'ai fait ? J'attendais de beaux raisins, pourquoi en a-t-elle donné de mauvais ? Eh bien, je vais vous apprendre ce que je vais faire de ma vigne : enlever sa clôture pour qu'elle soit dévorée, ouvrir une brèche dans son mur pour qu'elle soit piétinée. J'en ferai une pente désolée ; elle ne sera ni taillée ni sarclée, il y poussera des épines et des ronces ; j'interdirai aux nuages d'y faire tomber la pluie. La vigne du Seigneur de l'univers, c'est la maison d'Israël. Le plant qu'il chérissait, ce sont les hommes de Juda. Il en attendait le droit, et voici l'iniquité ; il en attendait la justice, et voici les cris de détresse.
00:00 Publié dans Poèmes, Réflexions spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0)
01/10/2011
Rayons d'octobre
Octobre glorieux sourit à la nature.
On dirait que l'été ranime les buissons.
Un vent frais, que l'odeur des bois fanés sature,
Sur l'herbe et sur les eaux fait courir ses frissons.
Le nuage a semé les horizons moroses,
De ses flocons d'argent. Sur la marge des prés,
Les derniers fruits d'automne, aux reflets verts et roses,
Reluisent à travers les rameaux diaprés.
Forêt verte qui passe aux tons chauds de l'orange ;
Ruisseaux où tremble un ciel pareil au ciel vernal ;
Monts aux gradins baignés d'une lumière étrange.
Quel tableau ! quel brillant paysage automnal !
À mi-côte, là-bas, la ferme ensoleillée,
Avec son toit pointu festonné de houblons,
Paraît toute rieuse et comme émerveillée
De ses éteules roux et de ses chaumes blonds.
Aux rayons dont sa vue oblique est éblouie,
L'aïeul sur le perron familier vient s'asseoir :
D'un regain de chaleur sa chair est réjouie,
Dans l'hiver du vieillard, il fait moins froid, moins noir.
Calme et doux, soupirant vers un lointain automne,
Il boit la vie avec l'air des champs et des bois,
Et cet étincelant renouveau qui l'étonne
Lui souffle au coeur l'amour des tendres autrefois.
De ses pieds délicats pressant l'escarpolette,
Un jeune enfant s'enivre au bercement rythmé,
Semblable en gentillesse à la fleur violette
Que l'arbuste balance au tiède vent de mai.
Près d'un vieux pont de bois écroulé sur la berge,
Une troupe enfantine au rire pur et clair,
Guette, sur les galets qu'un flot dormant submerge,
La sarcelle stridente et preste qui fend l'air.
Vers les puits dont la mousse a verdi la margelle,
Les lavandières vont avec les moissonneurs ;
Sous ce firmament pâle éclate de plus belle
Le charme printanier des couples ricaneurs.
Et tandis que bruit leur babillage tendre,
On les voit déroulant la chaîne de métal
Des treuils mouillés, descendre et monter et descendre
La seille d'où ruisselle une onde de cristal.
Nérée BEAUCHEMIN (1850-1931)
Recueil : Les Floraisons matutinales
00:00 Publié dans Poèmes | Lien permanent | Commentaires (0)
30/09/2011
Je t'ai aimée bien tard
Je t'ai aimée bien tard,
Beauté ancienne et toujours nouvelle,
Je t'ai aimée bien tard !
Tu étais au-dedans de moi-même,
Et moi j'étais au-dehors de moi-même,
C'était en ce dehors que je te cherchais,
Et me ruant sur ces beautés, pourtant créées par toi,
J'y perdais ma propre beauté.
Tu étais avec moi, mais je n'étais pas avec toi…
Tu m'as appelé, tu as crié
Et tu as triomphé de ma surdité.
Tu as brillé, tu as fait resplendir tes rayons
Et tu as chassé les ténèbres de mon aveuglement.
Tu as répandu l'odeur de tes parfums :
J'ai commencé à les respirer et j'ai soupiré après toi.
J'ai goûté la douceur de ta grâce
Et j'ai eu faim et soif de toi.
Tu m'as touché et mon cœur est tout brûlant d'ardeur
Pour la jouissance de ton éternelle paix.
St Augustin - Les Confessions
Calligraphie: "Dieu est beau" de Abdelatif Habib
00:00 Publié dans Poèmes | Lien permanent | Commentaires (0)