21/11/2011
La vie antérieure
J'ai longtemps habité sous de vastes portiques
Que les soleils marins teignaient de mille feux,
Et que leurs grands piliers, droits et majestueux,
Rendaient pareils, le soir, aux grottes basaltiques.
Les houles, en roulant les images des cieux,
Mêlaient d'une façon solennelle et mystique
Les tout-puissants accords de leur riche musique
Au couleurs du couchant reflété par mes yeux.
C'est là que j'ai vécu dans les voluptés calmes,
Au milieu de l'azur, des vagues, des splendeurs,
Et des esclaves nus, tout imprégnés d'odeurs,
Qui me rafraîchissaient le front avec des palmes,
Et donc l'unique soin était d'approfondir
Le secret douloureux qui me faisait languir
Charles Baudelaire
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18/11/2011
Les fenêtres qui disent le ciel
Je plonge à longueur d’enfance
dans une mémoire à courbure de pommes
hirsute de chardons picorée d’odeurs
Un soleil vif y déniche les ombres
un visage sourit Une caresse naît
de bien plus loin que la main
Mon enfance comme un rêve sous mes paupières
avec des arbres derrière des fenêtres
qui disent le ciel
Un chemin de traverse aux ornières bien vivantes
Des morts qui surgissent et parlent à distance
Sans jamais dévoiler
ce que je ne sais pas encore
Georges Bonnet
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11/11/2011
Paix
Si tu crois qu'un sourire est plus fort qu'une arme,
Si tu crois à la puissance d'une main offerte,
Si tu crois que ce qui rassemble les hommes est plus important
que ce qui les divise,
Si tu crois qu'être différents est une richesse et non pas un danger,
Si tu sais regarder l'autre avec un brin d'amour,
Si tu sais préférer l'espérance au soupçon...
ALORS LA PAIX VIENDRA
Si tu estimes que c'est à toi de faire le premier pas plutôt qu'à l'autre,
Si le regard d'un enfant parvient encore à désarmer ton coeur,
Si tu peux te réjouir de la joie de ton voisin,
Si l'injustice qui frappe les autres te révolte autant que celle que tu subis,
Si pour toi l'étranger est un frère qui t'est proposé,
Si tu sais donner gratuitement un peu de ton temps par amour,
Si tu sais accepter qu'un autre te rende service,
Si tu partages ton pain et que tu saches y joindre un morceau de ton coeur,
Si tu crois qu'un pardon va plus loin qu'une vengeance...
Si tu sais chanter le bonheur des autres et danser leur allégresse,
Si tu peux écouter le malheureux qui te fait perdre ton temps
et lui garder ton sourire,
Si tu sais accepter la critique et en faire ton profit
sans la renvoyer et te défendre,
Si tu sais accueillir et adopter un avis différent du tien...
Si tu refuses de battre ta coulpe sur la poitrine des autres,
Si pour toi l'autre est d'abord un frère,
Si la colère est pour toi une faiblesse, non une preuve de force,
Si tu préfères être lésé que de faire tort à quelqu'un,
Si tu refuses qu'après toi ce soit le déluge,
Si tu te ranges du côté du pauvre et de l'opprimé
sans te prendre pour un héros,
Si tu crois que l'amour est la seule force de discussion,
Si tu crois que la paix est possible
...ALORS LA PAIX VIENDRA
Pierre Guilbert
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09/11/2011
Vivant poème
Va ce monde je te le donne
Va jamais n'abandonne
C'est vrai qu'il n'est pas à l'image
De rêves d'un enfant de ton âge
Je sais
Le monde a des accents
Souvent il nous montre les dents
Mais je l'aime comme je t'aime
Je voudrai tant
Tu en es le vivant poème
Pars, le monde est un espoir
L'espoir jamais ne l'abandonne
Oui le monde est notre histoire
De matins clairs et de nuits noires
Je sais
Je sais que le monde a des armes
Le monde parfois nous désarme
Mais il t'aimera comme tu l'aimes
Il t'aimera
La vie est un poème
Que tu vas écrire toi-même
Pars, ce monde va le voir
Jamais ne perds l'espoir
Va, dans ce monde va te voir
Traverse les miroirs
Je sais
Je sais que tout le monde a des dents
Comme nous, le monde se défend
Mais il t'aimera comme tu l'aimes
La vie est un long je t'aime
Un long je t'aime
Pars, ce monde va le voir
Traverse les miroirs
Et jamais n'abandonne
Va va
La vie est un long je t'aime
Que tu vas écrire toi-même
Va et jamais jamais n'abandonne
Va va
Va traverse les miroirs
Où se reflète ton regard
Tu es un vivant poème
La vie est un long je t'aime
Dont tu es le vivant poème
Le vivant poème
Le vivant poème
Mon vivant poème
JL Aubert - Barbara
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08/11/2011
Automne malade
Automne malade et adoré
Tu mourras quand l’ouragan soufflera dans les roseraies
Quand il aura neigé
Dans les vergers
Pauvre automne
Meurs en blancheur et en richesse
De neige et de fruits mûrs
Au fond du ciel
Des éperviers planent
Sur les nixes nicettes aux cheveux verts et naines
Qui n’ont jamais aimé
Aux lisières lointaines
Les cerfs ont bramé
Et que j’aime ô saison que j’aime tes rumeurs
Les fruits tombant sans qu’on les cueille
Le vent et la forêt qui pleurent
Toutes leurs larmes en automne feuille à feuille
Les feuilles
Qu’on foule
Un train
Qui roule
La vie
S’écoule
Guillaume Apollinaire, Alcools, 1913
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07/11/2011
Sur la nuit qui passe
D’une main composée pour moi
Et qu’elle soit faible qu’importe
Cette main double la mienne
Pour tout lier tout délivrer
Pour m’endormir pour m’éveiller
D’un baiser la nuit des grands rapports humains
Un corps auprès d’un autre corps
La nuit des grands rapports terrestres
la nuit native de ta bouche
La nuit où rien ne se sépare
Que ma parole pèse sur la nuit qui passe
Et que s’ouvre toujours la porte par laquelle
Tu es entrée dans ce poème
Porte de ton sourire et porte de ton corps
Par toi je vais de la lumière à la lumière
De la chaleur à la chaleur
C’est par toi que je parle et tu restes au centre
De tout comme un soleil consentant au bonheur
Paul Eluard dans "Poésie ininterrompue"
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