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16/01/2012

La course du temps

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Boom !
Lundi part en premier
Mardi va le rattraper
Mercredi tombe en panne d'essence
Jeudi part dans tous les sens
Vendredi fait des tonneaux
Samedi l'emmène chez le mécano
Et dimanche a toutes ses chances
De gagner d'un mètre d'avance
Lundi et mardi.

Vincent, un enfant

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11/01/2012

Le matin des étrennes

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Le matin des étrennes

Ah ! Quel beau matin, que ce matin des étrennes !
Chacun, pendant la nuit, avait rêvé des siennes
Dans quel songe étrange où l'on voyait joujoux,
Bonbons habillés d’or, étincelants bijoux,
Tourbillonner, danser une danse sonore,
Puis fuir sous les rideaux, puis reparaître encore !
On s'éveillait matin, on se levait joyeux,
La lèvre affriandée, en se frottant les yeux ...
On allait, les cheveux emmêlés sur la tête,
Les yeux tout rayonnants, comme aux grands jours de fête,
Et les petits pieds nus effleurant le plancher,
Aux portes des parents tout doucement toucher ...
On entrait ! ...puis alors les souhaits ... en chemise,
Les baisers répétés, et la gaieté permise !

Arthur Rimbaud (1854-1891)

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09/01/2012

Comment dire?

07/01/2012

Où que je cherche

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Je t’aime d’un amour

plus profond que moi-même

il est un chemin qui me mène

plus profond que les lois

 

ne me cherchez pas en moi-même

je ne vis plus en moi

il y a en moi un autre moi

plus profond que moi-même

 

où que je cherche où que j’aille

tu es la totale plénitude

où que je sois où que je bataille

plus profond que moi-même

 

le bien-aimé est là

mais il n’y a pas de vision

la vision n’est-elle pas

plus profonde que la vision

 

ne me questionnez-pas

je ne vis plus en moi

mon corps s’avance là

plus profond que mes pas

 

ton amour sans arrêt

me défait de moi-même

et c’est une blessure

plus profonde qu’un remède

 

les dogmes les écoles

c’est vrai sont des chemins

mais la vision du vrai est

plus profonde qu’un chemin

 

salomon dit-on

comprenait les oiseaux

mais il est un sage plus beau

plus sage que salomon

 

j’ai oublié la religion

il ne me reste que la dévotion

quel est donc ce connaître

plus secret que moi-même

 

laisser la religion

c’est ne plus croire en toi

quelle est cette incroyance

plus croyante que la foi

 

le regard de jonas

a rencontré le regard de l’aimé

il demeure à sa porte

plus léger qu’un baiser

 

(Yunus Emre, moine soufi, 13° siècle, Anatolie)

 

06/01/2012

Epiphanie

Epiphanie 1937

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La mer en fleurs et les montagnes au décroît de la lune ;

La grande pierre près des figuiers de Barbarie et des asphodèles ;

La cruche qui ne voulait pas tarir à la fin du jour ;

Et le lit clos près des cyprès et tes cheveux

D'or : les étoiles du Cygne et cette étoile, Aldebaran.

J'ai maintenu ma vie, j'ai maintenu ma vie en voyageant

Parmi les arbres jaunes, selon les pentes de la pluie

Sur des versants silencieux, surchargés de feuilles de hêtre.

Pas un seul feu sur les sommets. Le soir tombe.

J'ai maintenu ma vie. Dans ta main gauche, une ligne ;

Une rayure sur ton genou ; peut-être subsistent-elles encore

Sur le sable de l'été passé, peut-être subsistent-elles encore

Là où souffle le vent du Nord tandis qu'autour du lac gelé

J'écoute la voix étrangère.

Les visages que j'aperçois ne me questionnent pas ni la femme

Qui marche, penchée, allaitant son enfant.

Je gravis les montagnes. Vallées enténébrées. La plaine

Enneigée, jusqu'à l'horizon la plaine enneigée. Ils ne questionnent pas

Le temps prisonnier dans les chapelles silencieuses

Ni les mains qui se tendent pour réclamer, ni les chemins.

J'ai maintenu ma vie, en chuchotant dans l'infini silence.

Je ne sais plus parler ni penser. Murmures

Comme le souffle du cyprès, cette nuit-là

Comme la voix humaine de la mer, la nuit, sur les galets,

Comme le souvenir de ta voix disant : « Bonheur ».

Je ferme les yeux, cherchant le lieu secret où les eaux

Se croisent sous la glace, le sourire de la mer et les puits condamnés

À tâtons dans mes propres veines, ces veines qui m'échappent

Là où s'achèvent les nénuphars et cet homme

Qui marche en aveugle sur la neige du silence.

J'ai maintenu ma vie, avec lui, cherchant l'eau qui te frôle,

Lourdes gouttes sur les feuilles vertes, sur ton visage

Dans le jardin désert, gouttes dans le bassin

Stagnant, frappant un cygne mort à l'aile immaculée

Arbres vivants et ton regard arrêté.

Cette route ne finit pas, elle n'a pas de relais, alors que tu cherches

Le souvenir de tes années d'enfance, de ceux qui sont partis,

De ceux qui ont sombré dans le sommeil, dans les tombeaux marins,

Alors que tu veux voir les corps de ceux que tu aimas

S'incliner sous les branches sèches des platanes, là même

Où s'arrêta un rayon de soleil, à vif,

Où un chien sursauta et où ton cœur frémit,

Cette route n'a pas de relais. J'ai maintenu ma vie. La neige

Et l'eau gelée dans les empreintes des chevaux.


Georges Séféris, poète grec

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04/01/2012

Calendrier

 

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    Janvier, pour dire à l'année "bonjour"
    Février pour dire à la neige "il faut fondre"
    Mars pour dire à l'oiseau migrateur "reviens"
    Avril pour dire à la fleur "ouvre-toi"
    Mai pour dire "ouvriers nos amis"
    Juin pour dire à la mer "emporte nous très loin"
    Juillet pour dire au soleil "c'est ta saison"
    Août pour dire "l'homme est heureux d'être homme"
    Septembre pour dire au blé "change toi en or"
    Octobre pour dire "camarades, la liberté"
    Novembre pour dire aux arbres "déshabillez vous"
    Décembre pour dire à l'année "adieu, bonne chance"
    Et douze mois de plus par an,
    Mon fils
    Pour te dire que je t'aime.

                                       Alain Bosquet

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