06/03/2012
Un peu de poésie
Jean-Pierre Siméon
A l'impossible on est tenu
Oui je sais que
la réalité a des dents
pour mordre
que s'il gèle il fait froid
et que un et un font deux
je sais je sais
qu'une main levée
n'arrête pas le vent
et qu'on ne désarme pas
d'un sourire
l'homme de guerre
mais je continuerai à croire
à tout ce que j'ai aimé
à chérir l'impossible
buvant à la coupe du poème
une lumière sans preuves
car il faut être très jeune
avoir choisi un songe
et s'y tenir
comme à sa fleur tient la tige
contre toute raison
Poème extrait de Ici, Cheyne, 2009
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05/03/2012
Mars
Mars.
Il tombe encore des grêlons,
Mais on sait bien que c'est pour rire.
Quand les nuages se déchirent,
Le ciel écume de rayons.
Le vent caresse les bourgeons
Si longuement qu'il les fait luire.
Il tombe encore des grêlons,
Mais on s'est bien que c'est pour rire.
Les fauvettes et les pinsons
Ont tant de choses à se dire
Que dans les jardins en délire
On oublie les premiers bourdons.
Il tombe encore des grêlons…
Maurice Carême (1899-1978)
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27/02/2012
Les eaux de la source vivante
Remplissez-vous
des eaux de la source vivante du Seigneur,
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21/02/2012
Carnaval
Venise pour le bal s'habille.
De paillettes tout étoilé,
Scintille, fourmille et babille
Le carnaval bariolé.
Arlequin, nègre par son masque,
Serpent par ses mille couleurs,
Rosse d'une note fantasque
Cassandre son souffre-douleurs.
Battant de l'aile avec sa manche
Comme un pingouin sur un écueil,
Le blanc Pierrot, par une blanche,
Passe la tête et cligne l'oeil.
Le Docteur bolonais rabâche
Avec la basse aux sons traînés;
Polichinelle, qui se fâche,
Se trouve une croche pour nez.
Heurtant Trivelin qui se mouche
Avec un trille extravagant,
À Colombine Scaramouche
Rend son éventail ou son gant.
Sur une cadence se glisse
Un domino ne laissant voir
Qu'un malin regard en coulisse
Aux paupières de satin noir.
Ah ! fine barbe de dentelle,
Que fait voler un souffle pur,
Cet arpège m'a dit : C'est elle !
Malgré tes réseaux, j'en suis sûr,
Et j'ai reconnu, rose et fraîche,
Sous l'affreux profil de carton,
Sa lèvre au fin duvet de pêche,
Et la mouche de son menton.
Théophile GAUTIER (Émaux et Camées)
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17/02/2012
Enivrez-vous
Enivrez-vous !
Il faut être toujours ivre.
Tout est là : c’est l’unique question.
Pour ne pas sentir l’horrible fardeau du Temps qui brise vos épaules
et vous penche vers la terre,
il faut vous enivrer sans trêve.
Mais de quoi ?
De vin, de poésie, ou de vertu, à votre guise.
Mais enivrez-vous.
Et si quelquefois,
sur les marches d’un palais,
sur l’herbe verte d’un fossé,
dans la solitude morne de votre chambre,
vous vous réveillez,
l’ivresse déjà diminuée ou disparue,
demandez au vent, à la vague, à l’étoile, à l’oiseau, à l’horloge,
à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit,
à tout ce qui roule,
à tout ce qui chante, à tout ce qui parle,
demandez quelle heure il est ;
et le vent, la vague, l’étoile, l’oiseau, l’horloge, vous répondront :
Il est l’heure de s’enivrer !
Pour n’être pas les esclaves martyrisés du temps,
enivrez-vous ; enivrez-vous sans cesse !
De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise.
(Charles Baudelaire, les petits poèmes en prose)
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14/02/2012
St Valentin
Jean Ferrat - Louis Aragon: Aimer à perdre la raison (1980)
Il n’y a qu’une sorte d’amour,
mais il y en a mille différentes copies.
La Rochefoucauld
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