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05/11/2011

Sur le sentier des poètes

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04/11/2011

Choisir la vie

Presence.jpg


Si tu espères en moi, même quand je doute. 
Si, pour m'accompagner, tu modifies ta route. 
Si tu me tends la main quand je suis dans la nuit. 
Si tu comprends, sans un mot, mes peurs et mes soucis. 
Si tu as le geste qui convient et aussi la tendresse. 
Si avec moi, silencieusement tu pries. 
Et si jusqu'au bout ton visage me sourit. 
Le soleil de ta présence réchauffera mon corps endolori. 
Comme le grain de blé tombé en terre 
Devient herbe nouvelle au sortir de l'hiver. 
Je comprendrai alors qu'avec moi, tu choisis la vie.


P; Hubert Renard

03/11/2011

L'horloge


Horloge-parlante.jpgL'autre jour j'écoutais le temps
qui passait sous l'horloge.
Chaînes, battants et rouages
il faisait plus de bruit que cent
au clocher du village
et mon âme en était contente. 

J'aime mieux le temps s'il se montre
que s'il passe en nous sans bruit
comme un voleur dans la nuit... 

Jean Tardieu. 


 

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02/11/2011

Festin sur la montagne

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Le Seigneur, Dieu de l'univers, préparera pour tous les peuples, sur sa montagne,un festin de viandes grasses et de vins capiteux,un festin de viandes succulentes et de vins décantés.
Il enlèvera le voile de deuil qui enveloppait tous les peuples et le linceul qui couvrait toutes les nations.
Il détruira la mort pour toujours.Le Seigneur essuiera les larmes sur tous les visages,et par toute la terre il effacera l'humiliation de son peuple ;c'est lui qui l'a promis.
Et ce jour-là, on dira :« Voici notre Dieu, en lui nous espérions, et il nous a sauvés ;c'est lui le Seigneur,en lui nous espérions ;exultons, réjouissons-nous :il nous a sauvés ! »
Isaïe

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31/10/2011

Le départ

Le départ

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Traînant leurs pas après leurs pas
Le front pesant et le cœur las,
S’en vont, le soir, par la grand’ route,
Les gens d’ici, buveurs de pluie,
Lécheurs de vent, fumeurs de brume.

Les gens d’ici n’ont rien de rien,
Rien devant eux
Que l’infini de la grand’ route.

Chacun porte au bout d’une gaule,
Dans un mouchoir à carreaux bleus,
Chacun porte dans un mouchoir,
Changeant de main, changeant d’épaule,
Chacun porte
Le linge usé de son espoir.

Les gens s’en vont, les gens d’ici,
Par la grand’ route à l’infini.

L’auberge est là, près du bois nu,
L’auberge est là de l’inconnu ;
Sur ses dalles, les rats trimbalent
Et les souris.

L’auberge, au coin des bois moisis,
Grelotte, avec ses murs mangés,
Avec son toit comme une teigne,
Avec le bras de son enseigne
Qui tend au vent un os rongé.

Les gens d’ici sont gens de peur :
Ils font des croix sur leur malheur
Et tremblent ;
Les gens d’ici ont dans leur âme
Deux tisons noirs, mais point de flamme,
Deux tisons noirs en croix.

Les gens d’ici sont gens de peur ;
Et leurs autels n’ont plus de cierges
Et leur encens n’a plus d’odeur :
Seules, en des niches désertes,
Quelques roses tombent inertes
Autour d’un Christ en plâtre peint.

Les gens d’ici ont peur de l’ombre sur leurs champs,
De la lune sur leurs étangs,
D’un oiseau mort contre une porte ;
Les gens d’ici ont peur des gens.

Les gens d’ici sont malhabiles,
La tête lente et les cerveaux débiles
Quoique tannés d’entêtement ;
Ils sont ladres, ils sont minimes
Et s’ils comptent c’est par centimes,
Péniblement, leur dénuement.

Avec leur chat, avec leur chien,
Avec l’oiseau dans une cage,
Avec, pour vivre, un seul moyen :
Boire son mal, taire sa rage ;
Les pieds usés, le cœur moisi,
Les gens d’ici,
Quittant leur gîte et leur pays,
S’en vont, ce soir, vers l’infini.

Les mères traînent à leurs jupes
Leur trousseau long d’enfants bêlants,
Trinqueballés, trinqueballants ;
Les yeux clignants des vieux s’occupent
À refixer, une dernière fois,
Leur coin de terre morne et grise,
Où mord l’averse, où mord la bise,

Où mord le froid.
Suivent les gars des bordes,
Les bras maigres comme des cordes,
Sans plus d’orgueil, sans même plus
Le moindre élan vers les temps révolus
Et le bonheur des autrefois,
Sans plus la force en leurs dix doigts
De se serrer en poings contre le sort
Et la colère de la mort.

Les gens des champs, les gens d’ici
Ont du malheur à l’infini.

Leurs brouettes et leurs charrettes
Trinqueballent aussi,
Cassant, depuis le jour levé,
Les os pointus du vieux pavé :
Quelques-unes, plus grêles que squelettes,
Entrechoquent des amulettes
À leurs brancards,
D’autres grincent, les airs criards,
Comme les seaux dans les citernes ;
D’autres portent de vieillottes lanternes.

Les chevaux las
Secouent, à chaque pas,
Le vieux lattis de leur caresse ;
Le conducteur s’agite et se tracasse,
Comme quelqu’un qui serait fou,
Lançant parfois vers n’importe où,
Dans les espaces,
Une pierre lasse
Aux corbeaux noirs du sort qui passe.

Les gens d’ici
Ont du malheur - et sont soumis.

Et les troupeaux rêches et maigres,
Par les chemins râpés et par les sablons aigres,
Également sont les chassés,
Aux coups de fouet inépuisés.

Des famines qui exterminent :
Moutons dont la fatigue à tout caillou ricoche,
Bœufs qui meuglent vers la mort proche,
Vaches lentes et lourdes
Aux pis vides comme des gourdes.

Ainsi s’en vont bêtes et gens d’ici,
Par le chemin de ronde
Qui fait dans la détresse et dans la nuit,
Immensément, le tour du monde,
Venant, dites, de quels lointains,
Par à travers les vieux destins,
Passant les bourgs et les bruyères,
Avec, pour seul repos, l’herbe des cimetières,
Allant, roulant, faisant des nœuds
De chemins noirs et tortueux,
Hiver, automne, été, printemps,
Toujours lassés, toujours partant
De l’infini pour l’infini.

Tandis qu’au loin, là-bas,
Sous les cieux lourds, fuligineux et gras,
Avec son front comme un Thabor ;
Avec ses suçoirs noirs et ses rouges haleines
Hallucinant et attirant les gens des plaines,
C’est la ville que la nuit formidable éclaire,
La ville en plâtre, en stuc, en bois, en fer, en or,
- Tentaculaire.

Émile Verhaeren, Les Campagnes hallucinées

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28/10/2011

Offrande du matin

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Offrande du matin


Je vous offre, mon Dieu, cette aube qui se lève

Avec toute sa grâce et toutes ses clartés.

Je vous offre la brume opaque qui s’élève

Et dégage là-bas les sommets argentés.


Je vous offre le chant des oiseaux et la brise

Qui prend tous les parfums des fleurs à leur réveil.

La romance du flot qui vient du large et brise

Sa frange aux dents du roc que chauffe le soleil.


Je vous offre, mon Dieu, toute la lassitude

Et toute la douleur des yeux qui vont s’ouvrir.

Je vous offre le cœur de cette multitude

Qui recommencera tout à l’heure à souffrir.


Je vous offre mon âme et toutes les pensées

Qui s’agitent en vain au fond de mon esprit,

Mes rêves, mes désirs, pauvres ailes brisées

Qui portèrent trop loin mon cœur endolori...


Mon Dieu, recevez tout, mes ennuis et mes peines,

Pour ce jour qui commence et qu’un autre suivra.

Je veux m’abandonner confiante et sereine,

Ô Père, entre vos bras !

Millicent, Campanules, 1923.
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