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28/06/2011

L'orage

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Parmi les pommes d’or que frôle un vent léger
Tu m’apparais là-haut, glissant de branche en branche,
Lorsque soudain l’orage accourt en avalanche
Et lacère le front ramu du vieux verger.

Tu fuis craintive et preste et descends de l’échelle
Et t’abrites sous l’appentis dont le mur clair
Devient livide et blanc aux lueurs de l’éclair
Et dont sonne le toit sous la pluie et la grêle.

Mais voici tout le ciel redevenu vermeil.
Alors, dans l’herbe en fleur qui de nouveau t’accueille,
Tu t’avances et tends, pour qu’il rie au soleil,
Le fruit mouillé que tu cueillis, parmi les feuilles.

Emile Verhaeren

08:00 Publié dans Poèmes | Lien permanent | Commentaires (0)

26/06/2011

Fête Dieu

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Pourquoi tant d'importance à cette Pâque Juive
Que tu prends si grand soin à faire préparer,
Sinon pour désigner l'épreuve décisive
De ton Heure prochaine, et nous la partager ?...

Nous pouvons apprécier avec quelle maîtrise
Tu marches vers ta mort quand, menacé, proscrit,
A deux disciples sûrs les signes tu précises
Pour en ville trouver l'endroit que tu choisis...

Ruse d'homme traqué, ou regard de prophète
Qui nous décrit le lieu d'un tout nouveau festin
Puisque tu viens offrir le menu de la fête :
Notre Pâque, c'est toi quand sonne ton destin ?...

Seuls comptent désormais ces trois ou quatre gestes
Dont tu changes le sens : prendre et bénir le pain,
Le rompre et partager, quand ta Parole atteste
Qu'il s'agit de ton corps remis entre nos mains...

Ainsi nous donnes-tu ton existence même
Dans toute son ampleur, jusqu'au dernier moment
Où, plongé dans la nuit, tu reçois ton baptême,
Menant le plan de Dieu à son achèvement...

Si nous voulons entrer dans cette plénitude,
La coupe de ton sang qu'ensemble nous buvons,
Nous apprend dans l'amour à vivre l'attitude
Qui révèle de Dieu le suprême abandon...
P. Hamain

00:04 Publié dans Poèmes | Lien permanent | Commentaires (0)

24/06/2011

Feux de la St Jean

 

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Les Feux de la Saint-Jean
(Albert Bausil, publié en 1929)


Les grands feux allumés dansent dans la nuit gaie,
chaque rue a son feu dansant,
son cœur de flammes jaillissant ;
l’ombre crépite d’étincelles étoilées,
on sent s’épanouir le cri de l’été bleu
et les gamins, avec les blouses envolées,
sautent les feux.

Saute les feux de la Saint-Jean, ô toi qui joues,
saute les feux de la Saint-Jean !
la flamme a des reflets d’argent
sur le ruisseau et sur tes joues.

Saute les feux de la Saint-Jean autant qu’ils durent,
petite fille aux yeux changeant comme l’amour
qui t’en iras avant le jour
cueillir le bouquet vert de la bonne aventure.

Sautez les feux de la Saint-Jean,
ô jeunes gens
qui riez du danger des baisers et des flammes !
sautez, sautez, petites âmes,
petites flammes de douze ans !

Sautez les feux, vous qui vous êtes souvenu,
et toi que je croyais parti,
mon cœur de quand j’étais petit,
mes souvenirs, mes souvenirs aux jambes nues !

Sautez les feux de la Saint-Jean
et dites-moi s’il est possible qu’elle meure,
la clarté qui danse et qui pleure
au fond de mes étés d’enfant…

Les flammes dans le vent plaquent des chevelures,
la fumée à l’odeur du genièvre et du thym.

Que la ville paraît obscure,
quand le dernier feu s’est éteint !

21/06/2011

Le bateau ivre


Léo Ferré - Arthur Rimbaud: Le bateau ivre

16/06/2011

La nuit

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C'est ma frangine en noir
Celle que j'appelle bonsoir
C'est un gars qu'a son bien
Dans le bistrot du coin
La nuit
C'est le bourgeois qui se profile
Sous l'oeil des filles de ville
Qui croit que c'est arrivé
Et qui paie pour monter
La nuit
C'est cette dame qui s'en va
Donner sa langue au chat
Et mêle à ses dentelles
La tendresse des gamelles
La nuit
C'est un amour qui meurt
Aussitôt qu'il se fait
C'est mille ans de bonheur
Dans un baiser vite fait
C'est cette môme que a perdu
La seule fleur qu'elle avait
Des fois qu'on la retrouverait
La nuit... la nuit...

C'est le soleil du soir
Qui enfile son peignoir
Dans son arrière boutique
Sous des becs électriques
La nuit
C'est le voleur qui va faire
Des heures supplémentaires
Et qu'est pas tatillon
Sur les allocations
La nuit
C'est cet homme qui s'en va
Sa Rolls au bout des bras
Et mêle à ses ficelles
Le trésor des poubelles
La nuit
C'est des chevaux qu'on amène
Au derby des côtelettes
Des moutons qui se promènent
Du côté de la Vilette
C'est un soldat traqué
A sa dernière ronde
Et qui compte les années
Comme on compte les secondes
La nuit... la nuit...

C'est une copine qui vend
Ce que d'habitude on prend
Et qui pour cent sous de plus
Se met sens dessous dessus
La nuit
C'est un chouette courant d'air
Pour les amours pas chères
Un petit hôtel furtif
Pour les minitarifs
La nuit
C'est le mec qui transite
Tout sauf de l'eau bénite
Et mêle à ses hoquets
Le parfum du beaujolais
La nuit
C'est cet homme qui se promène
La nuit en plein midi
Et sa canne qui l'entraîne
Dans les autos de paris
C'est cet homme qu'a pas vu
La pitié qui passait
Et qu'attend dans la rue
Des fois qu'on lui inventerait
Le jour... le jour

 

Léo Ferré

13/06/2011

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