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04/09/2012

L'école

L'école


L’école était au bord du monde
L’école était au bord du temps.
Au dedans c’était plein de rondes 
Au dehors plein de pigeons blancs. 


On y racontait des histoires
Si merveilleuses qu’aujourd’hui 
Dès que je commence à y croire
Je ne sais plus bien où j’en suis.


Des fleurs y grimpaient aux fenêtres 
Comme on n’en trouve nulle part, 
Et dans la cour gonflée de hêtres 
Il pleuvait de l’or en miroirs 


Sur les tableaux d’un noir profond,
voguaient de grandes majuscules 
Oui, de l’aube au soir nous glissions
vers de nouvelles péninsules. 


L’école était au bord du monde,
L’école était au bord des temps. 
Ah ! Que ne suis-je encor dedans 
Pour voir, au dehors les colombes ! 

Maurice Carême

03/09/2012

C'est la rentrée

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Odeurs des pluies de mon enfance

Odeur des pluies de mon enfance
Derniers soleils de la saison ! 
A sept ans comme il faisait bon, 
Après d'ennuyeuses vacances,
Se retrouver dans sa maison ! 


La vieille classe de mon père,
Pleine de guêpes écrasées, 
Sentait l'encre, le bois, la craie
Et ces merveilleuses poussières 
Amassées par tout un été. 


O temps charmant des brumes douces, 
Des gibiers, des longs vols d'oiseaux,
Le vent souffle sous le préau,
Mais je tiens entre paume et pouce 
Une rouge pomme à couteau.

René-Guy Cadou

02/09/2012

La mer

 

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La mer s’est retirée,
Qui la ramènera ?
La mer s’est démontée,
Qui l’a remontera ?
La mer s’est emportée,
Qui la rapportera ?
La mer est déchaînée,
Qui la rattachera ?
Un enfant qui joue sur la plage
Avec un collier de coquillages.

J. Charpentreau

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22/08/2012

Sensation

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Sensation

Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers
Picoté par les blés, fouler l'herbe menue:
Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.

Je ne parlerai pas, je ne penserai à rien:
Mais l'amour infini me montera dans l'âme,
Et j'irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la nature, - heureux comme avec une femme

Arthur Rimbaud

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13/07/2012

14 juillet

Célébration du 14 juillet dans la forêt

Qu'il est joyeux aujourd'hui 
Le chêne aux rameaux sans nombre, 
Mystérieux point d'appui 
De toute la forêt sombre !

Comme quand nous triomphons, 
Il frémit, l'arbre civique ; 
Il répand à plis profonds 
Sa grande ombre magnifique.

D'où lui vient cette gaieté ? 
D'où vient qu'il vibre et se dresse, 
Et semble faire à l'été 
Une plus fière caresse ?

C'est le quatorze juillet. 
À pareil jour, sur la terre 
La liberté s'éveillait 
Et riait dans le tonnerre.

Peuple, à pareil jour râlait 
Le passé, ce noir pirate ; 
Paris prenait au collet 
La Bastille scélérate.

À pareil jour, un décret 
Chassait la nuit de la France, 
Et l'infini s'éclairait 
Du côté de l'espérance.

Tous les ans, à pareil jour, 
Le chêne au Dieu qui nous crée 
Envoie un frisson d'amour, 
Et rit à l'aube sacrée.

Il se souvient, tout joyeux, 
Comme on lui prenait ses branches ! 
L'âme humaine dans les cieux, 
Fière, ouvrait ses ailes blanches.

Car le vieux chêne est gaulois : 
Il hait la nuit et le cloître ; 
Il ne sait pas d'autres lois 
Que d'être grand et de croître.

Il est grec, il est romain ; 
Sa cime monte, âpre et noire, 
Au-dessus du genre humain 
Dans une lueur de gloire.

Sa feuille, chère aux soldats, 
Va, sans peur et sans reproche, 
Du front d'Epaminondas 
À l'uniforme de Hoche.

Il est le vieillard des bois ; 
Il a, richesse de l'âge, 
Dans sa racine Autrefois, 
Et Demain dans son feuillage.

Les rayons, les vents, les eaux, 
Tremblent dans toutes ses fibres ; 
Comme il a besoin d'oiseaux, 
Il aime les peuples libres.

C'est son jour. Il est content. 
C'est l'immense anniversaire. 
Paris était haletant. 
La lumière était sincère.

Au loin roulait le tambour...? 
Jour béni ! jour populaire, 
Où l'on vit un chant d'amour 
Sortir d'un cri de colère !

Il tressaille, aux vents bercé, 
Colosse où dans l'ombre austère 
L'avenir et le passé 
Mêlent leur double mystère.

Les éclipses, s'il en est, 
Ce vieux naïf les ignore. 
Il sait que tout ce qui naît, 
L'oeuf muet, le vent sonore,

Le nid rempli de bonheur, 
La fleur sortant des décombres, 
Est la parole d'honneur 
Que Dieu donne aux vivants sombres.

Il sait, calme et souriant, 
Sérénité formidable ! 
Qu'un peuple est un orient, 
Et que l'astre est imperdable.

Il me salue en passant, 
L'arbre auguste et centenaire ; 
Et dans le bois innocent 
Qui chante et que je vénère,

Étalant mille couleurs, 
Autour du chêne superbe 
Toutes les petites fleurs 
Font leur toilette dans l'herbe.

L'aurore aux pavots dormants 
Verse sa coupe enchantée ; 
Le lys met ses diamants ; 
La rose est décolletée.

Aux chenilles de velours 
Le jasmin tend ses aiguières ; 
L'arum conte ses amours, 
Et la garance ses guerres.

Le moineau-franc, gai, taquin, 
Dans le houx qui se pavoise, 
D'un refrain républicain 
Orne sa chanson grivoise.

L'ajonc rit près du chemin ; 
Tous les buissons des ravines 
Ont leur bouquet à la main ; 
L'air est plein de voix divines.

Et ce doux monde charmant, 
Heureux sous le ciel prospère, 
Épanoui, dit gaiement : 
C'est la fête du grand-père.
 


Victor Hugo.

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29/06/2012

L'amour est nomade

Aimer c’est toujours aller plus loin…


plus loin que les apparences, plus loin que les déceptions,


plus loin que les lassitudes,
 plus loin que les solitudes.

 

L’amour est nomade.

 

Il parcourt le désert à la recherche d’un puits.

Il peuple le désert, le peuple de désir,

le peuple d’espérance.

 

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C’est en étant nomade que l’amour est fidèle,

fidèle à la quête inlassable de l’autre,

à l’attente infatigable de l’autre et des autres…

(…)

Il sait faire halte aussi dans l’innocence du jour :

les oasis, comme une visitation de l’ombre et de l’eau.

 

Mais une urgence secrète lui enseigne à repartir

et la marche reprend à la rencontre de l’inconnu,

comme autant de surprises.

 

Paul Baudiquey

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